Istanbul aux mille visages

Istanbul aux mille visages

Par Lise Giguère

Crédit photo: Anna via Unsplash

À la croisée de l’Occident et de l’Orient, Istanbul a toujours occupé une place stratégique sur la péninsule du Bosphore. Cet incroyable musée à ciel ouvert se dévoile lentement, des Byzance et Constantinople du passé, à la ville moderne bouillonnante aux 15 millions d’habitants. 

Toute visite d’Istanbul se doit de commencer par l’incontournable mosquée de Soliman le magnifique (Süleymaniye). Coiffant l’une des sept collines et dominant la Corne d’or, ce monument emblématique qui date de la période ottomane (XVIe siècle) est l’un des seuls à avoir conservé tous les bâtiments qui composaient son ensemble architectural et ses jardins fleuris. Les rues voisines abritent la plus grande concentration de maisons de bois vernaculaire, que la ville tente de préserver. On s’arrête dans l’une d’elles, Vefa Bozacisi, pour goûter le boza, une boisson faite à partir de grains fermentés qu’on y sert depuis 1876, et que les Stambouliotes consomment par temps froid.

Après ce plongeon dans le passé, direction place Taskim pour un lunch typique au Had Abdullah (haciabdullah.com.tr) et une visite de la tour de Galata (qui date de 1348). De son sommet (accessible par ascenseur), on admire le Bosphore en saisissant mieux les différences entre la rive européenne, aux richesses historiques, et la rive asiatique, plus calme, plus verte et moins touristique. La balade se prolonge dans la rue piétonne Istiklal, bordée de boutiques prestigieuses, de cafés, de cinémas et de ruelles couvertes. En soirée, au restaurant Toi (toiistanbul.com.tr), dans le quartier Beşiktaş, on retrouve le Bosphore, nimbé du soleil couchant.  

Magie du passé

Une deuxième journée pourrait être consacrée au quartier Sultanahmet, qui recèle bien des trésors: Hagia Sofia (Sainte-Sophie), la majestueuse basilique byzantine (VIe siècle) parmi les plus beaux monuments du monde; le palais de Topkapi, avec ses cours, ses pavillons, son harem et ses magnifiques jardins, qui fut la résidence des sultans ottomans entre la fin du XVe siècle et la première moitié du XIXe siècle; la Mosquée bleue d’Iznik (1609), qui doit son nom à la couleur de ses faïences (21 000 carreaux); la Citerne-basilique, ce mystérieux réservoir souterrain du VIe siècle, décor très prisé de nombreux films; sans oublier le Grand bazar, ancienne halte des marchands sur la Route de la soie depuis la Chine, la Perse et l’Inde, et le bazar égyptien (ou bazar aux épices), où les Turcs font leurs emplettes. En plus des bouchées offertes par les marchands, on n’hésite pas à se laisser tenter par du maïs grillé ou des simit (couronnes de pain au sésame).

Parenthèse nature

Le troisième jour de notre séjour, on délaisse les visites historiques pour s’offrir un bain de nature dans le magnifique parc de Gülhane, autrefois réservé à la cour royale du palais de Topkapi. Au fil des rues, on se rend à Ortaköy, sur les rives du Bosphore. Ce village de pêcheurs de l’époque byzantine est désormais un lieu grouillant de vie avec sa magnifique mosquée, ses marchés d’artisanat, ses cafés et ses terrasses. En soirée, on pourra s’attabler à l’une d’elles pour déguster des kampir (pommes de terre cuites au four et farcies de crème aigre, de purée d’olives, de fromages, de piments ou de boulgour) face au fleuve ou s’offrir un repas-croisière pour admirer depuis l’eau palais, parcs et maisons d’époque en bois (yali). 

À nous les hammams!

Autre journée qui gagne à être planifiée si on se rend à Istanbul: un tour au hammam après une visite à Miniaturk, l’un des plus grands parcs miniatures au monde. S’y trouvent représentés 120 monuments et édifices célèbres, ainsi que 12 lieux faisant autrefois partie de l’Empire ottoman. Place ensuite à la découverte d’un vrai hammam turc. Pour une expérience unique, on opte pour le Ayasofya Hürrem Sultan Hammam, construit par Soliman le magnifique en 1556, entre Sainte-Sophie et la Mosquée bleue, pour son épouse Hürem (Roxelane) sur les lieux mêmes d’anciens bains romains. On prend d’abord pour un lunch léger dans le restaurant à l’abri d’arbres centenaires avant de s’abandonner à ce rituel ancestral (ayasofyahamami.com). Puis, au coucher du soleil, on réserve une table à la terrasse chez Ali Ocakbasi (aliocakbasi.com) pour la vue inoubliable.

Si Istanbul justifie à elle seule le voyage, la Turquie recèle bien d’autres merveilles accessibles en bus, en train ou en avion. On pourrait prolonger le séjour en Cappadoce, pour ses fabuleux paysages, ses cheminées de fées, ses maisons troglodytes, ses églises rupestres et ses villes souterraines. La station balnéaire Kaş, bâtie sur les ruines (toujours visibles pour certaines) d’une cité antique, mérite aussi le détour, tout comme les impressionnantes gorges de Saklikent et Selçuk, la ville la plus proche du mythique site antique d’Éphèse. 

En pratique

Y aller On peut s’y rendre toute l’année. Cependant mai, septembre et octobre sont à privilégier: le climat est plus doux et il y a moins de touristes que de juin à août. Un visa est obligatoire. On peut l’obtenir en ligne sur le site evisa.gov.tr.

Turkish Airlines offre trois vols directs Montréal-Istanbul par semaine (durée entre 9 et 10 heures). Pour les passagers en attente d’une correspondance à l’aéroport Atatürk d’Istanbul, la compagnie aérienne propose le programme Touristanbul, offrant l’accès à une chambre ou des circuits guidés gratuitement. Deux conditions seulement: voyager avec Turkish Airlines et être en transit pour une période de 6 à 24 heures. Info: turkishairlines.com. 

Sur place La circulation automobile étant chaotique, mieux vaut marcher ou utiliser le réseau de transport en commun (tramway, funiculaire), très efficace. Pour les taxis, assurez-vous qu’ils sont accrédités par la ville, sinon négociez le prix avant de monter à bord. 

Repas La gastronomie turque est une des plus variées au monde et les portions sont généreuses. Souvent, les mezzés (plusieurs plats à partager) sont suffisants. 

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