Avant de prendre la route vers les États-Unis, les automobilistes doivent s’assurer d’être bien protégés. Nos conseils pour voyager l’esprit tranquille.
Chaque hiver, quelque 250 000 Québécois fuient la saison froide pour profiter du soleil de la Floride. Bon nombre vont faire le trajet en auto afin d’avoir leur véhi- cule à leur disposition pendant toutes les vacances. D’autres vont préférer prendre l’avion et louer une fois sur place. Parfois, ces retraités migrateurs sont déjà propriétaires d’une voiture aux États-Unis.
Dès qu’on part plusieurs semaines ou mois en Floride, mieux vaut appeler son assureur pour lui faire part de notre intention de séjourner quelque temps hors du Québec. «On veut s’assurer que les protections dans notre contrat d’assurance auto sont suffisantes, notamment concernant le montant de responsabilité civile», souligne Émilie Dutil-Bruneau, vice-présidente, Ventes, Québec pour belairdirect.
Les assureurs vont généralement accepter d’assurer un voyageur visitant la Floride pendant moins de six mois. La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) rappelle que, si on a une résidence à l’extérieur du Québec, il faut demeurer dans la province au moins 183 jours par année pour bénéficier de la protection offerte par le régime d’assurance automobile du Québec.
Les protections essentielles
Avant de partir, la SAAQ recommande de magasiner les protections suivantes:
Une assurance responsabilité civile pour les dommages causés à autrui. Celle-ci est obligatoire au Québec. Pour les conducteurs aux États-Unis, cette assurance va couvrir à la fois les dommages matériels causés au véhicule d’un tiers et les dommages corporels qu’on pourrait infliger à des non-résidents du Québec, qui ne sont donc pas assurés par la SAAQ.
Une assurance collision pour couvrir le coût des dommages matériels subis par son véhicule, qu’on soit ou non responsable. Cela permet d’éviter de devoir poursuivre soi-même la partie responsable de l’accident devant les tribunaux afin d’être suffisamment compensé. C’est notre assureur privé qui se chargera de nous indemniser.
Une assurance médico-hospitalière afin de couvrir l’excédent des frais d’hospitalisation non remboursés par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). La plupart des compagnies d’assurance, agences de voyage et associations d’automobilistes vont l’offrir. On peut aussi vérifier avec le régime d’assurance collective de son employeur.
Des couvertures supplémentaires, comme l’assistance routière, sont également utiles. Certains programmes procurent du soutien 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. «Nos clients peuvent faire appel à ce service partout au Canada et aux États-Unis dans le cas d’une crevaison, d’une panne d’essence et pour certains problèmes mécaniques ou des services de remorquage», précise Émilie Dutil-Bruneau.
Pour sa part, Desjardins Assurances offre l’assistance routière gratuite au Canada et aux États-Unis pour les personnes de 55 ans et plus qui achètent 31 jours ou plus d’assurance voyage dans l’année. Cette offre prend fin le 31 janvier 2025. Au moment de souscrire votre assurance voyage, informez-vous sur les promotions en cours.
Location ou véhicule d’une tierce personne
Pour ceux qui louent ou conduisent aux États-Unis une voiture dont ils ne sont pas les propriétaires, il faut demander à leur assureur d’inclure l’avenant FAQ-27 afin de pouvoir rouler sans soucis. Cette protection additionnelle couvre habituellement le conducteur et son conjoint. Il faut donc penser à ajouter d’autres personnes qui nous accompagnent, si nécessaire. CAA-Québec rappelle sur son site que l’avenant FAQ-27 «couvre les voitures, les motorisés (VR), les roulottes ou tentes-roulottes, les remorques utilitaires et certains véhicules utilitaires, comme un camion de déménagement. Cette protection ne couvre toutefois pas la location d’une moto ou d’une moto à trois roues (…). Dans ce cas, mieux vaut prendre l’assurance offerte par la compagnie de location.»
Bien que les compagnies de location fournissent cette protection, le coût journalier sera souvent plus élevé. On pense également à demander à son fournisseur de carte de crédit si cet avenant est inclus lors d’une location. Il faudra alors payer avec celle-ci.
Attention aux poursuites civiles!
Il est aussi nécessaire de bien se renseigner sur ses protections en cas d’accident. Même si la SAAQ indemnise les résidents québécois pour des dommages corporels subis n’importe où dans le monde quel qu’en soit le responsable, il en va tout autrement si on blesse quelqu’un d’autre. «Nous pouvons vous verser des indemnités pour les dommages corporels subis, et ce, que vous soyez responsable ou non de l’accident. On ne couvre toutefois pas les blessures que vous avez pu causer aux autres. Il est donc important d’avoir une bonne assurance de responsabilité civile lorsque vous voyagez à l’étranger», rappelle Geneviève Perron, porte-parole de la SAAQ.
Aux États-Unis, les poursuites sont monnaie courante et coûtent parfois une fortune. En certaines occasions, la protection en responsabilité civile liée à l’assurance automobile ne suffirait pas à couvrir les dommages corporels, maté- riels et même moraux causés à autrui. Avant de prendre la route, il est recommandé de l’augmenter à deux millions de dollars, voire plus, si on voyage plusieurs fois par année.
Détenir une voiture aux États-Unis
Qu’en est-il des voyageurs qui prennent l’avion et vont acheter un deuxième véhicule en Floride afin de le laisser là-bas toute l’année? «Ils devront l’immatriculer et l’assurer aux États-Unis », dit Martin Rivard, de Rivard Assurance et président de l’agence AssuredPartners à Boynton Beach dans l’État de la Floride. Environ 60% de sa clientèle est constituée de snowbirds québécois. «Pour faciliter le magasinage de la prime, on voudra d’abord fournir une copie en anglais de son dossier de conduite, obtenu auprès de la SAAQ». Ce dossier va notamment mentionner les points d’inaptitude, les infractions commises, les restrictions médicales, etc. On veut aussi fournir une lettre d’expérience officielle rédigée en anglais et obtenue auprès de notre assureur au Canada qui explique depuis combien d’années on est assuré et quelle est notre limite d’assurance responsabilité civile au Canada. Cette lettre détaillera également l’historique de nos réclamations. «Ces deux documents permettent d’obtenir un prix semblable à un citoyen américain ordinaire», affirme Martin Rivard.
Par ailleurs, un voyageur de retour au Québec après quelques mois en Floride pourrait faire baisser le coût de son assurance auto américaine en réduisant notamment la prime d’assurance responsabilité civile au minimum requis par l’assureur. Une prime de 2000 dollars américains pour six mois pourrait diminuer de moitié pour l’autre six mois, par exemple. Il faut alors appeler son assureur aux États-Unis pour lui préciser les dates d’arrivée et de départ.
Si on laisse un véhicule au Québec durant tout l’hiver et que personne ne le conduira durant notre absence, il est avantageux de le remiser afin de réduire ses primes. Il est possible de le faire en ligne sur le site SAAQclic ou de se présenter à un point de service de la SAAQ. Il sera également préférable de garder son assurance auto active puisque le véhicule remisé sera alors couvert en cas de vol, d’incendie ou de vandalisme.
Plus avantageux de souscrire une assurance auto aux États-Unis?
«Les primes d’assurance automobile sont presque toujours plus concurrentielles au Québec qu’en Floride. Il est donc avantageux, dans la mesure du possible, de s’assurer d’abord au Canada», conseille Martin Rivard, de Rivard Assurance et président de l’agence AssuredPartners à Boynton Beach.
C’est l’assurance responsabilité civile qui est très dispendieuse au pays de l’Oncle Sam. Parfois, il sera pertinent de contracter une assurance responsabilité civile additionnelle qu’on appelle aussi umbrella, ou parapluie. Elle est offerte en complément aux snowbirds qui ont déjà une assurance habitation ou auto et qui voyagent souvent et sont donc à risque de poursuites. Elle couvre des dommages additionnels à la police de base comme des dépenses juridiques. Elle peut s’élever jusqu’à 5 millions de dollars. Il s’agit d’une couverture mondiale.
Et les pneus d’hiver?
Les pneus d’hiver sont obligatoires dès le 1er décembre au Québec. Un snowbird pourrait toutefois obtenir un certificat d’exemption valide pour une période de sept jours. Ce papier délivré gratuitement par la SAAQ autorise un propriétaire ou un locataire à long terme d’un véhicule immatriculé au Québec à partir hors de la province ou à y revenir avec une auto dépourvue de pneus d’hiver. Un maximum de quatre certificats peuvent être émis pour un même véhicule du 1er décembre au 15 mars