Impro: les aînés s’amusent à la PDA!

Impro: les aînés s’amusent à la PDA!

Par Marie-Josée Lacroix

Crédit photo: iStockphoto.com

L’impro à la PDA? Il s’agit bien sûr de la Place des Aînés, à Laval, où l’improvisation fait partie des nombreuses activités offertes. «Nous sommes la seule troupe d’aînés au Québec, avec une moyenne d’âge de 69,5 ans», précise fièrement la responsable, Denise Roussel. Cette belle aventure a commencé en 1999, Année internationale des aînés, grâce à la collaboration de deux étudiants du cégep Montmorency qui ont animé les premiers ateliers de la nouvelle troupe mise sur pied, alors composée d’une douzaine d’aînés. L’engouement fut tel que cette activité a continué de figurer dans la programmation de la PDA. La troupe a pris du gallon et dispute aujourd’hui des matches un peu partout en province.

Jouer pour le plaisir

Plaisir. Ce mot revient continuellement dans les propos de Mme Roussel: «Les jeunes, avec toute l’impétuosité de leur âge, ont un esprit de compétition que nous n’avons plus. Bien sûr, tout le monde aime gagner, mais nous, les aînés, recherchons surtout le plaisir de créer, de jouer avec les mots, d’inventer sur-le-champ une petite histoire. Notre vécu nous apporte énormément, nous avons toute une vie dernière nous!»

Ce plaisir, les participants le cultivent d’abord dans les ateliers hebdomadaires que dirige Mme Roussel. «On y travaille tous les aspects de l’impro, explique-t-elle. On y apprend les nombreux trucs, les façons de décortiquer une impro, les règles, etc.» Et on ne s’ennuie pas avec celle qui a joué dans une ligue pendant deux ans et a suivi des formations avec des entraîneurs de la LNI! «Le nombre de participants aux ateliers est limité à 25; je favorise la répartition en petites équipes pour permettre à chacun de s’entraîner. Je travaille très fort à rendre les ateliers vivants, à apporter des variantes. Les ateliers sont interactifs. Par exemple, à l’atelier qui suit le match, on analyse les points forts, les points faibles, ce qui n’a pas fonctionné, et on cherche des solutions.»

Ces ateliers sont ouverts à tous. On ne demande ni préalable ni talent particulier. «Chacun a ses raisons de vouloir essayer, précise l’animatrice. Que ce soit par amour du jeu, pour se dépasser, sortir de soi, s’ouvrir, retrouver la confiance, chaque raison est valable. On peut aussi se contenter de participer aux ateliers sans jouer les matches devant public. Mais puisque nous formons une équipe, ceux qui font ce choix endosseront d’autres responsabilités – accueil, communications, etc. – selon leurs capacités et leurs envies, en accord avec la philosophie de la PDA basée sur l’épanouissement personnel.»

Ça ne change pas le monde, sauf que…

Ça ne change pas le monde, sauf que…

Les bienfaits de cette activité sont énormes, à commencer par les qualités que les joueurs doivent développer pour satisfaire aux exigences de l’art. Ainsi, l’une des règles de base de l’impro est l’écoute. «C’est le point le plus difficile, commente Denise Roussel.

Il faut dire oui à tout ce qui passe, continuer sur la ligne lancée même si ce n’est pas logique ou que ça bouleverse complètement notre idée de départ. Il faut aussi de la générosité, c’est-à-dire ne pas avoir peur de donner pour recevoir. C’est un jeu d’échange. C’est un peu comme un jeu de ballon: on l’envoie, il va nous être retourné. Le participant inexpérimenté cherchera plutôt à garder le ballon de peur qu’il ne lui revienne pas. Or, il faut lâcher prise et se laisser porter par l’impro, devenir éponge, absorber tout ce qui se dit, et s’en servir.»

«L’impro donne aussi une énorme confiance en soi, poursuit madame Roussel, intarissable sur ce sujet. On travaille sans filet, on part de rien, et en 10 secondes, on est lancé, sans savoir où l’autre va aller. On doit développer la prise de décision rapide, ce que les aînés à la retraite ont tendance à oublier: on vit plus lentement, on prend son temps, on devient donc un peu moins alerte. L’impro garde les neurones actifs et stimule l’imagination, avive la créativité. Et surtout, il y a le plaisir! C’est un plaisir de la vie de pouvoir créer, de laisser place à l’inventivité. La folle du logis est libre! Les participants me disent: « On ne manquerait ces ateliers pour rien au monde. C’est une vraie thérapie, on oublie nos problèmes, on s’amuse, on rit. » Ah! le plaisir de rire! Il est important de rire dans une journée. Le rire est un massage de tout l’intérieur, ça libère le psychisme. C’est peut-être ça, la fontaine de Jouvence», s’esclaffe-t-elle.

On s’inscrit?

Des grands-parents un peu fous

La troupe d’impro de la PDA joue la plupart du temps contre de jeunes adultes de 20 à 40 ans. Mais fidèles à leurs débuts intergénérationnels, les aînés n’oublient pas les jeunes et vont les rencontrer dans les écoles et les maisons de jeunes. «Nous aimons beaucoup ce volet. C’est agréable pour nous de côtoyer les jeunes, c’est énergisant et ça permet d’établir un lien. Ils voient des aînés hot, comme ils disent, pas des pépères qui radotent. Ils se disent « je peux avoir du plaisir avec un vieux ». Je trouve que c’est une belle mission sociale. On en est à une période de notre vie où l’on doit rendre ce qu’on a reçu, et ces rencontres d’impro sont une excellente façon de le faire.»

On s’inscrit?

Ça vous dirait d’essayer? Les conditions sont tout ce qu’il y a de plus simple. On doit être âgé de 50 ans ou plus, être en mesure d’assister aux ateliers les lundis après-midi, acheter sa carte de membre de la Place des Aînés – à un coût légèrement plus élevé pour ceux qui ne résident pas à Laval – et débourser le coût minime des ateliers.
Pour avoir une idée de ce qu’il en retourne, on peut assister gratuitement aux matches! Pour connaître les dates, on consulte le site Internet www.impropda.com.

Mise à jour: novembre 2013

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