Gilles Lemoine est un fan fini du légendaire groupe Pink Floyd. «Je les ai vus une demi- douzaine de fois», dit ce postier dans la soixantaine. Quand il a appris que l’ex-Pink Floyd Roger Waters viendrait au Centre Bell pour y réinterpréter The Wall, M. Lemoine s’est précipité à son ordi, carte de crédit à la main. Pas question de laisser passer cette occasion. La transaction s’est conclue en 15 minutes. «J’ai pu obtenir quatre billets. J’achète d’ailleurs plein de choses en ligne: livres, équipement photo, pièces d’autos, etc. Avec Internet, c’est pas mal plus simple qu’avant», lance-t-il.
Une tendance lourde
Comme des milliers de Québécois aînés, M. Lemoine est un adepte des achats en ligne. En 2010, les «séniornautes» de 55 ans ou plus ont dépensé pas moins de 780 millions de dollars pour se procurer, au Québec, de la marchandise par Internet, estime l’organisme CEFRIO. Or, ce type de magasinage n’est pas un engouement, c’est une tendance lourde. Les aînés représentent aujourd’hui le groupe d’âge ayant la plus forte croissance sur le Web», note le CEFRIO.
Malheureusement, un trop grand nombre de consommateurs se font voler leur identité, copier leurs cartes de crédit et pirater leurs données informatiques lorsqu’ils font des achats en ligne. En effet, ils tombent dans les filets que tendent les petits truands de l’Internet.
Quels sont ces pièges? Comment les éviter ? Voici ce qu’il ne faut pas faire lorsqu’on magasine sur Internet.
Achats en ligne: la sécurité avant tout
1. Omettre de sécuriser son ordinateur
Effectuer des transactions commerciales et bancaires sur la grande toile sans un antivirus et un pare-feu mis à jour régulièrement, c’est courir après les ennuis. Par conséquent, munissez votre ordinateur de l’un de ces logiciels de protection vendus dans tous les magasins de matériel électronique. Bernard Dumas, président de Solutrek, à Varennes, recommande aussi l’installation d’un logiciel anti-espion dont le rôle est de détecter les programmes malveillants qui cherchent à s’infiltrer à votre insu dans votre machine, ou qui y sont déjà parvenus.
«Vous trouvez que votre ordinateur est anormalement lent? Il est peut-être infecté. Si c’est le cas, ne faites aucune transaction en ligne avant d’avoir corrigé le problème», conseille M. Dumas. Vous avez un ordinateur portable? Assurez-vous que la connexion Internet sans fil est elle aussi sécurisée. Les routeurs de la nouvelle génération peuvent être configurés sans trop de difficulté.
2. Ne pas vérifier si la communication est sûre
Les serveurs sécurisés sont identifiables par l’adresse https:// (non pas http://). Habituellement, les fureteurs Internet affichent, au bas de l’écran, un petit cadenas dans la barre d’état de la page web. Mais l’emploi de ce symbole n’est pas universel. Avec Firefox, par exemple, il n’y a pas de cadenas. Cependant, la barre d’adresse dans le haut de l’écran change de couleur lorsque vous accédez à une page sécurisée. «Si vous cliquez sur la zone colorée, vous pourrez consulter le certificat de sécurité que le commerçant utilise», explique M. Dumas. Les certificats VeriSign ou Entrust sont les plus courants. Ils assurent la fiabilité de la communication.
Attention! Une adresse «https» ne signifie pas nécessairement que le marchand est honnête. Elle indique simplement que la transmission des données est codée et indéchiffrable.
Achats en ligne: fournisseurs et carte de crédit
3. Acheter auprès de fournisseurs douteux
Lorsque vous faites affaire une première fois avec un magasin en ligne, vérifiez d’abord s’il a véritablement pignon sur rue (la fonctionnalité Google Maps pourrait être d’une grande utilité). À partir du numéro de téléphone affiché sur le site, appelez et posez des questions sur la politique de retour des articles, les moyens de les échanger, etc. Enfin, demandez à la personne au bout du fil de vous envoyer un courriel pour confirmer ce qu’elle vous a dit. Pas de réponse satisfaisante? Pas de courriel de confirmation? Attention au piège!
Normalement, le processus d’achat en ligne compte plusieurs étapes. Il faut vous identifier, préciser les articles qui vous intéressent, déterminer le mode de paiement, etc. En tout temps, vous devez être en mesure d’annuler votre commande. Les frais de manutention et d’expédition, la TPS, la TVQ et le coût total de la transaction doivent être détaillés. «Si vous achetez des biens aux États-Unis, vous devrez probablement payer les frais de douane au moment de la livraison», signale M. Dumas.
4. Prêter son ordinateur à tout un chacun
Tout sécurisé qu’il soit, votre ordinateur sera hautement vulnérable si d’autres personnes l’utilisent pour se rendre sur des sites peu recommandables. Vous ouvrez ainsi toutes grandes les portes pour télécharger virus, chevaux de Troie et autres bibittes informatiques.
5. Utiliser votre carte de crédit principale
Si un malfaiteur réussit à pirater votre carte de crédit et à la «remplir», l’institution financière qui l’a émise flairera la fraude et pourrait la bloquer. Elle sera inutilisable pendant un certain temps. Pas pratique! Afin d’éviter ce désagrément, ce serait une bonne idée d’utiliser une carte de crédit prévue exclusivement pour le magasinage en ligne. En cas de pépin, vous disposeriez de vos autres cartes pour faire vos achats habituels. Idéalement, la marge de cette carte réservée devrait être restreinte (500$, par exemple), afin qu’elle soit bloquée rapidement en cas de fraude.
Achats en ligne: ne mordez pas à l’hameçon
6. Mordre à l’hameçon
L’hameçonnage est une opération frauduleuse par laquelle un escroc déguisé en commerçant envoie des courriels non sollicités où il demande, sous différents prétextes, de cliquer sur un lien menant vers un faux site Internet. Tout comme le courriel «hameçonneur», le site semble authentique, car il est une copie conforme de l’original. Le filou y récupère les renseignements que vous lui fournissez, bien malgré vous: numéro d’assurance sociale, date de naissance, mot de passe, code d’utilisateur, etc. Ces informations en main, il les utilise pour détourner vos fonds.
Si vous recevez des courriels imprévus d’un magasin ou d’une institution financière vous pressant de mettre à jour vos données personnelles parce qu’il les a perdues (ou pour toute autre raison), ne répondez pas. Ne cliquez pas sur les liens affichés. N’ouvrez jamais les pièces jointes, au risque d’infecter votre ordi. Détruisez ces courriels et, mieux, prévenez le véritable marchand que des pirates informatiques utilisent son nom et son image pour arnaquer les consommateurs.
À propos de courriels, M. Dumas presse les internautes de ne jamais inscrire de renseignements sensibles (numéros de cartes de crédit et d’assurance sociale, date de naissance, NIP, etc.) dans les courriers électroniques, même s’ils sont envoyés à des personnes de confiance. «Vos courriels transitent par plusieurs serveurs avant de se rendre à destination. Ils laissent des traces partout. Certes, avec la quantité astronomique de messages électroniques qui sont envoyés chaque jour, les chances sont minces qu’on intercepte vos informations, mais rien ne sert de courir des risques inutiles», indique l’expert.
Muni de ces conseils, vous voilà prêt à faire vos achats en ligne en toute sécurité. Bon magasinage!
Achat par carte de crédit: la loi vous protège
Quand vous achetez un produit par Internet au Québec, la Loi sur la protection du consommateur (LPC) s’applique, peu importe le pays où se trouve le commerçant. Si celui-ci ne vous livre pas la marchandise que vous avez achetée et s’il refuse de vous rembourser, communiquez avec l’émetteur de votre carte de crédit pour demander une «rétrofacturation» (un crédit porté à votre compte). Vous avez 60 jours pour faire une telle demande.
Attention! Il y a une procédure à suivre. Pour plus d’information, rendez-vous sur le site de l’Office de la protection du consommateur et tapez «achats Internet» dans l’engin de recherche de la page d’accueil. Enfin, notez que la LPC régit uniquement les contrats entre commerçants et consommateurs. Si vous faites affaire avec un particulier sur les sites Internet LesPacs ou Kijiji, par exemple, la LPC ne vous sera d’aucune utilité.
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