Les véhicules d’aujourd’hui roulent plus longtemps que ceux construits il y a deux décennies. Jugez par vous-même.
- En 2000, moins du tiers (28%) des voitures achetées neuves 15 ans auparavant roulaient encore, dit DesRosiers Automotive Consultants.
- Aujourd’hui, près de la moitié (44%) des voitures achetées neuves il y a 15 ans fréquentent encore nos routes.
- Même qu’aujourd’hui, une voiture sur dix âgée de 20 ans a encore des chances de circuler.
Il n’y a pas si longtemps, faire l’acquisition d’une voiture vieille de huit ou neuf ans, c’était faire l’acquisition d’une moribonde. La donne est aujourd’hui tout autre: les véhicules dont l’odomètre affiche plus ou moins 150 000 km ne sont qu’en milieu de vie et ont encore de bonnes et longues années à offrir. Voilà pourquoi, avant d’acheter neuf, il est intéressant de voir ce que l’usagé a à vous proposer. Car pour un budget donné, vous pourrez rouler dans plus grand, plus luxueux, avec toit ouvrant et sièges chauffants. Ou encore vous pourrez rouler dans sensiblement le même type de voiture qu’envisagé dans le neuf, mais pour pas mal moins de sous. Encore faut-il éviter les nombreux pièges.
Dépréciation et longévité des voitures usagées
Profiter de la dépréciation
Ce n’est pas un mythe.
- Les véhicules neufs quittent le concessionnaire… et perdent 20% de leur valeur.
- Au bout de trois ans – quatre ou cinq ans pour les modèles luxueux ou à la fiabilité légendaire –, ils auront perdu la moitié de leur valeur.
Bref, même si vous ne recevrez jamais de facture «dépréciation», c’est cette dernière qui, loin devant le prix d’achat, de l’essence et des réparations, représente le coût le plus important d’une voiture neuve. C’est dire qu’en achetant un véhicule d’occasion, vous laissez à d’autres le soin d’assumer cette coûteuse dépréciation.
Attention, cependant: «Pour qu’une voiture usagée soit vraiment économique, dit Éric Brassard, auteur du livre Finance au volant, il vous faut éviter les années de forte dépréciation – les quatre à cinq premières années pour les voitures de grande qualité, les trois premières années pour les marques moins recherchées.»
La «longévité» des voitures usagées
La « longévité » des véhicules varie selon qu’il s’agit d’un véhicule américain ou importé (voitures et camions confondus). Ainsi, les GM, Ford et Chrysler de ce monde affichent aujourd’hui un taux de survivance de 46% après 15 ans, une nette avancée par rapport aux 35% enregistrés au début des années 2000. L’écart générationnel est encore plus marqué dans le cas des marques importées (asiatiques et européennes); le nombre de leurs véhicules qui, après 15 ans, circulent encore sur nos routes est de 56% – soit plus d’un véhicule sur deux.
Auto usagée: les points à surveiller
Vous êtes du genre à magasiner pendant des heures votre nouveau frigo, mais à acheter un véhicule usagé sur un coup de tête? Et pour vous, toutes les raisons sont bonnes? Genre: vous êtes tombé amoureux du modèle rare et à bon prix annoncé dans Internet, il vous faut donc faire vite. Ou encore votre vieux tacot a rendu l’âme, ça vous prend rapidement un moyen de transport; et hop, vous voilà en train de signer un contrat chez le vendeur d’occasion du coin. Erreur… Erreur, erreur, erreur. Car si le marché de l’usagé a ses bonnes occasions, il a aussi ses mauvaises – qu’il faut savoir reconnaître. Comment? En y mettant du temps et de l’énergie. C’est comme dans tout: mieux vaut prévenir que guérir. Voici donc tout ce qui pourrait mal tourner lors d’une transaction dans l’usagé, et comment y parer.
Attention au kilométrage
La voiture que vous reluquez affiche un bas kilométrage? Son compteur risque d’avoir été illégalement «reculé». Sachez que les Québécois parcourent en moyenne 20 000 kilomètres par an. L’odomètre d’une voiture âgée de cinq ans devrait donc, logiquement, indiquer plus ou moins 100 000 kilomètres. Il en affiche moins? Vérifiez deux fois plutôt qu’une en exigeant de voir les factures d’entretien. Vous pouvez également, avec le numéro de série en poche et pour une quarantaine de dollars, obtenir l’historique complet du véhicule sur www.carfax.com.
Aussi et surtout, faites inspecter la voiture. L’opération coûte un peu plus d’une centaine de dollars, mais elle vaut son pesant d’or, ne serait-ce que parce qu’elle vous dévoilera la plupart des vices cachés.
Vérifier le lien financier du propriétaire précédent
Il arrive qu’un véhicule usagé souffre d’un lien financier avec son ancien propriétaire. Si vous en faites l’achat, vous vous retrouverez, bien malgré vous, avec la dette automobile du propriétaire précédent. Évitez le piège en effectuant une vérification auprès du Registre des droits personnels et réels mobiliers (RDPRM, www.rdprm.gouv.qc.ca ou 1 800 465-4949). Vous saurez ainsi rapidement si un quelconque paiement, mensuel ou autre, handicape la transaction.
Vérifiez le contrat d’achat
Certains marchands trafiquent non seulement les compteurs kilométriques des voitures usagées qu’ils vendent, ils en trafiquent aussi les contrats d’achat. Prenez le temps de lire le document qu’on vous demande de signer. N’hésitez pas à vérifier, page après page, que les inscriptions sur la copie du vendeur sont bel et bien celles qui se retrouvent sur la vôtre.
Un marchand sérieux ou un marchand véreux?
À l’Office de la protection du consommateur (OPC), la vente de véhicules usagés occupe, année après année, le deuxième rang dans toutes les demandes de renseignements, juste derrière les télécommunications. Déclarations mensongères, transactions douteuses, garanties non respectées… Les plaintes et les infractions pour lesquelles un marchand est reconnu coupable sont réunies dans un Profil du commerçant, qui peut être consulté par le grand public sur www.opc.gouv.qc.ca. Certes, un marchand sans plainte n’est pas nécessairement un modèle de bonnes pratiques commerciales. À l’opposé, un marchand qui transige beaucoup de véhicules usagés et qui a fait l’objet de plusieurs plaintes n’est pas nécessairement un commerçant à problèmes, surtout si la plupart des plaintes ont été réglées à la satisfaction du client. Reste que vous ne voudrez sans doute pas faire affaire avec un vendeur d’occasion qui cumule une bonne douzaine de plaintes non réglées. Mieux vaut alors vous tourner vers un marchand au profil plus reluisant.
Acheter une voiture importée?
Le véhicule usagé qui vous fait envie a franchi nos frontières? Méfiance: une bonne partie des «occases» qui entrent au Québec sont tout juste bonnes… pour la casse. En effet, des voitures accidentées sont importées au pays sous le prétexte qu’on utilisera leurs pièces, mais elles peuvent se retrouver sur nos routes, retapées tant bien que mal. N’achetez pas ces épaves sur quatre roues.
Cyberarnaque automobile
Une Mercedes de moins de deux ans proposée dans Internet pour le tiers de sa valeur? C’est tentant, mais ça sent surtout l’arnaque. Ne tombez pas dans le panneau de ces fraudeurs qui dénichent leurs victimes dans le cyberespace automobile.
Leur modus operandi est toujours le même: un prix nettement inférieur à la réalité du marché, une illustration de la voiture si léchée qu’on pense avoir affaire à une neuve, le tout annoncé pour un très court laps de temps (généralement moins de 48 heures). Pas de coordonnées téléphoniques – ou s’il y en a, elles sont bidon. Ceux qui sont tentés par de telles propositions et qui entrent en contact avec le «vendeur» reçoivent rapidement un courriel… pour se faire dire que ledit vendeur est en déplacement à l’étranger, mais qu’un intermédiaire peut faciliter la transaction. Et de se faire inviter à verser un acompte par le biais d’un site de paiement sécurisé.
Vous vous en doutez: le dépôt disparaît sans demander son reste… et ceux qui ont mordu découvrent que le «vendeur» n’a jamais eu de super Mercedes à vendre. Le conseil: ne transférez jamais d’argent en guise de promesse d’achat. Au contraire, demandez à voir le véhicule, à en faire l’essai et à le faire inspecter. S’il s’agit d’une fraude, votre cyberinterlocuteur n’ira pas plus loin et, heureusement pour vous, le processus s’arrêtera là.
Faux particulier: évitez le piège
Le faux particulier est un vendeur de véhicules d’occasion sans permis et sans caution, qui travaille «sous la couverte» pour ne pas avoir à vous offrir les garanties prévues à la Loi sur la protection du consommateur. Son manège: il vous fait croire qu’il se défait de sa propre voiture et vous donne rendez-vous dans un stationnement tout ce qu’il y a de plus anonyme – il ne veut pas que vous sachiez où il habite. Le moteur lâche après deux jours? Il n’y aura plus de service à son numéro de téléphone, il se sera évanoui dans la nature et vous n’aurez aucun moyen de le retracer pour faire valoir le règlement relatif à la qualité contre les vices cachés (qui s’applique aux transactions entre particuliers).
Évitez le piège: lors du premier contact téléphonique, ne mentionnez pas la marque ou le modèle du véhicule annoncé. Si, à votre «Bonjour, j’appelle pour l’auto à vendre», on vous répond: «Quelle auto?», c’est sans doute que vous avez affaire à quelqu’un qui a plus d’un véhicule à vendre et qui tente discrètement de savoir lequel vous intéresse.
N’hésitez pas à le questionner. Depuis combien de temps possède-t-il le véhicule? Détient-il les preuves d’entretien? Un faux particulier se fait vague quant au premier sujet et peut rarement répondre par l’affirmative à la seconde question. Lors du rendez-vous où il vous permettra d’examiner la voiture, demandez à voir son permis de conduire, notez l’adresse qui y figure et vérifiez qu’elle est bien la même que sur le certificat d’immatriculation. Il vous propose d’ «enregistrer» le véhicule à votre place? Refusez tout net. Surtout, méfiez-vous des gens qui disent vendre le véhicule d’un proche. Un faux particulier voudra vous faire croire qu’il vend la voiture de sa mère, mais si ça se trouve, il en est peut-être à la trentième voiture «de sa mère» vendue depuis le début de l’année…
Prix et contrat d’achat
Prix
Dans le marché de l’occasion, il est difficile d’en arriver à un prix juste. Combien pour ce véhicule sans trop de rouille, qui semble en bonne condition mécanique, muni de la climatisation et de quelques autres dispositifs? S’il n’existe aucune boule de cristal capable de déterminer avec précision la valeur d’un véhicule usagé, plusieurs outils aident à établir des repères. Le plus complet est sans conteste le site Internet du Canadian Black Book (www.canadianblackbook.com) qui recense la moyenne des transactions, par modèles et par régions. Il y a aussi les petites annonces des journaux quotidiens et régionaux, les publications automobiles, les services-conseils d’associations d’automobilistes, de même que, tout à fait gratuits et facilement accessibles, les sites Internet de vente comme Kijiji.
Vente entre particuliers
- Un contrat n’est pas obligatoire lors d’une transaction entre particuliers, mais un document écrit reste un bon moyen de confirmer la transaction et d’éviter les malentendus. On y consigne l’identification des deux parties, la description du véhicule, y compris les problèmes connus et les réparations imminentes, de même que les modalités d’achat.
- Une transaction automobile entre particuliers entraîne le paiement d’une seule taxe, soit la TVQ – qui sera appliquée au bureau de la SAAQ. Pour les véhicules de moins de dix ans, cette taxe est calculée selon le plus élevé de deux montants: le prix réel d’achat ou le prix indiqué dans Guide Hebdo, moins de 500$. Pour les véhicules de dix ans et plus non inscrits dans cette publication, la TVQ est calculée sur le montant de la transaction.
- Dans une transaction entre particuliers, le vendeur n’a pas à vous fournir de garantie. Reste qu’en vertu du Code civil du Québec, l’acheteur est protégé par une garantie dite «de qualité» qui s’applique contre les vices cachés. Il peut donc recourir aux tribunaux si le véhicule est affecté d’une défectuosité «qui [le] rend impropre à l’usage auquel il est destiné ou qui diminue tellement son utilité qu’il ne l’aurait pas acheté ou n’aurait pas donné si haut prix s’il l’avait connue».
Essai routier et inspection mécanique
Essai routier: une étape essentielle
Gêné, ou trop pressé pour un essai routier? Cette étape est pourtant primordiale dans le processus d’achat d’un véhicule, tant neuf qu’usagé. Passer outre cet essai revient à se marier… sans avoir au préalable rencontré son/sa partenaire de vie! Un bon essai routier s’effectue sur un parcours varié: route, autoroute et artères en ville. Idéalement, vous roulerez dans un environnement familier afin de vous concentrer sur le comportement de la voiture – et non sur la signalisation routière. Soyez attentif aux bruits et aux odeurs de la voiture, histoire de déceler ce qui pourrait clocher. Aussi, la tenue de route vous paraît-elle stable? Les accessoires fonctionnent- ils correctement? Les rapports de transmission se passent-ils sans anicroche?
L’inspection mécanique: ne partez pas sans elle!
On ne vous le dira jamais assez: dans le processus d’achat d’un véhicule d’occasion, la meilleure précaution qui soit, c’est l’inspection mécanique. Malheureusement, trop d’acheteurs passent outre à cette étape. Dommage, car elle peut révéler des bobos cachés, des odomètres reculés, des réparations plus importantes (et plus imminentes!) que prévu, voire le fait que le véhicule a été accidenté et reconstruit. Une bonne inspection mécanique devrait passer par une vérification de la carrosserie et un essai routier, mais aussi par une évaluation des systèmes électriques, le démontage des roues et l’examen des freins. Des ordinateurs de pointe devraient être utilisés afin d’analyser, entre autres, la performance du moteur.
Un garagiste de confiance peut faire la lumière sur le bilan de santé de la voiture usagée que l’on reluque. Les centres de vérification technique de CAA-Québec (1 877 626-0310) offrent pour leur part une inspection complète en 180 points et, parce qu’ils n’effectuent aucune réparation, ils ont l’avantage de poser des diagnostics objectifs – on n’essaie pas de vous y vendre un nouveau radiateur…
Armé d’un rapport complet d’inspection, vous êtes mieux armé pour prédire ce qui pourrait bientôt tomber en panne sur l’occase que vous envisagez acheter. Si le diagnostic est décidément peu reluisant, vous pourrez demander qu’on ajuste à la baisse le prix mentionné. Ou, carrément, vous pourrez décider d’aller voir ailleurs.
Voiture usagée: adresses utiles
Registre des droits personnels et réels mobiliers: www.rdprm.gouv.qc.ca ou 1 800 465-4949.
Des problèmes? L’Office de la protection du consommateur (www.opc.gouv.qc.ca), CAA-Québec (www.caaquebec.com) et l’APA (l’Association pour la protection des automobilistes, www.apa.ca).
Pour l’historique complet du véhicule: www.Carfax.com.
Communiquez avec le constructeur du véhicule usagé que vous venez d’acheter afin de vérifier s’il existe encore une garantie valide – ou si des rappels ont été lancés au cours des dernières années. Canadianblackbook.com: la référence pour les valeurs de revente et les moyennes de prix de transaction dans l’usagé.
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