Depuis plus de cinq ans, Mathieu magasine par Internet. «J’achète des livres, des composantes électroniques, des logiciels, de l’équipement photographique et même des outils de jardinage. Au Canada et aux États-Unis», dit ce quinquagénaire de Montréal. Pratique? «Très. La marchandise est livrée directement chez moi. C’est rapide et souvent bien moins cher qu’en magasin.»
Au début, Mathieu se faisait du mauvais sang à l’idée de donner son numéro de carte de crédit en ligne. Comme il n’a jamais vécu de mauvaises expériences, il s’est habitué. «J’ai toujours reçu les articles que j’ai commandés. Ma carte n’a jamais été piratée. Ce n’est pas pire que de payer par carte de crédit au dépanneur du coin», précise notre consommateur.
Se préparer adéquatement
Mathieu fait-il partie des exceptions ou bien le commerce électronique s’est-il discipliné avec le temps? Cette dernière hypothèse semble valable. Au cours des 8 premiers mois de 2008, les Québécois ont dépensé plus de 2 milliards de dollars en achats en ligne, rapporte le CEFRIO. Durant cette période, l’Office de la protection du consommateur n’a envoyé que 26 formulaires de plaintes à des citoyens qui se sont estimés lésés. Faut-il conclure que tout baigne dans l’huile en matière de commerce électronique? Non, mais force est de constater que l’on n’assiste pas à une déferlante de récriminations.
Quoi qu’il en soit, la prudence reste de mise. Au pays, les fraudes par cartes de crédit s’élèvent tout de même à 150 millions de dollars par année. Il convient donc de se préparer adéquatement avant de divulguer des renseignements sensibles sur Internet. Voici cinq recommandations à suivre.
1. Utilisez une carte de crédit spécifique pour les achats en ligne. Certes, la Loi sur la protection du consommateur limite votre responsabilité à 50$ si un malfaiteur s’empare de votre carte de crédit et la «remplit». «Toutefois, ce serait une bonne idée d’en utiliser une dédiée exclusivement au magasinage en ligne», suggère Me Isabelle Durand, avocate au groupe Option Consommateurs. En cas de pépin, vous disposeriez de vos autres cartes pour faire vos achats habituels. Idéalement, la marge de crédit de cette carte réservée devrait être restreinte (500$, par exemple), afin qu’elle soit bloquée rapidement en cas de fraude. «Ce peut être effectivement une bonne idée, pourvu que vous soyez à l’aise avec la gestion de plusieurs cartes de crédit», souligne Sylviane Desparois, agente de communications à l’Agence de la consommation en matière financière du Canada.
2. Sécurisez votre ordinateur. On le sait, s’aventurer sur la grande toile sans un antivirus et un pare-feu mis à jour régulièrement relève du suicide informatique. Par conséquent, ne lésinez pas sur ces logiciels que vous trouvez dans tous les magasins de matériel électronique ou sur Internet. En outre, un routeur aide énormément à sécuriser la connexion Internet. «C’est une protection supplémentaire. En cas d’attaque informatique, cet appareil se chargera de repousser les intrus», dit Jacques Viau, directeur de l’Institut de la sécurité de l’information du Québec.
Si vous travaillez avec un ordinateur portable, assurez-vous que la connexion Internet sans fil soit elle aussi sécurisée. Il n’est pas toujours simple de configurer l’ordinateur et le routeur afin de rendre le signal inviolable. Peut-être devrez-vous retenir les services d’un technicien qualifié.
Par ailleurs, Isabelle Durand décourage de faire des transactions sur des bornes Internet (comme celles que l’on trouve dans les aéroports) ou dans un café Internet. «Difficile de savoir si les appareils sont sécurisés ou non», dit l’avocate.
Conseils avant d’acheter (suite)
3. À chaque utilisateur son ordinateur. Vous aurez beau être muni de l’attirail de protection dernier cri, si d’autres utilisateurs ont accès à votre ordinateur et qu’ils fréquentent des sites peu recommandables, «vous ouvrez toutes grandes les fenêtres pour télécharger des problèmes, comme des virus et chevaux de Troie», illustre Jacques Viau. Autrement dit, si vous faites des transactions en ligne, organisez-vous pour que personne d’autre que vous n’utilise votre ordinateur.
4. Faites affaire avec des fournisseurs reconnus. «Je ne m’approvisionne qu’auprès de marchands reconnus qui ont pignon sur rue», dit Mathieu. Lorsqu’il fait affaire une première fois avec un commerçant en ligne, il vérifie d’abord si ce fournisseur a une adresse en bonne et due forme (pas de casier postal). Il la contrevérifie dans un annuaire téléphonique. «Ensuite, je compose le numéro de téléphone affiché sur le site et pose des questions sur la politique de retour des articles, les moyens de les échanger, etc. Puis je demande au préposé de m’envoyer un courriel pour confirmer ce qu’il m’a dit», explique Mathieu. Pas de réponse satisfaisante? Pas de courriel de confirmation? Exit ce fournisseur.
Habituellement, le processus d’achat en ligne requiert plusieurs étapes. Il faut vous identifier, décrire votre commande, préciser le mode de paiement, etc. «En tout temps, vous devez être en mesure d’annuler votre commande», note Sylviane Desparois. De plus, doivent être détaillés les frais de manutention et d’expédition, la TPS et la TVQ (si applicables) et le coût total de la transaction.
À l’occasion, Mathieu se rend sur le portail eBay pour se procurer du matériel électronique. Ici, il redouble de vigilance. «Je n’achète que chez des fournisseurs dont la réputation, cotée par les utilisateurs, est de 98% et plus. Et je règle la facture par le système PayPal.» Il s’agit d’un intermédiaire de paiement entre vous et le commerçant participant (il doit accepter ce mode de paiement). Vous ouvrez un compte PayPal que vous provisionnez par carte de crédit, puis vous effectuez vos achats en ligne en divulguant seulement votre numéro de compte PayPal. Vous n’avez à fournir au marchand ni votre numéro de carte de crédit ni d’autres informations personnelles. Pour en savoir plus sur PayPal, tapez www.paypal.com
5. Vérifiez si la communication est sûre. «Les serveurs sécurisés sont identifiables par l’adresse https:// (avec un s, oui!) et l’illustration d’un cadenas qui figure dans la barre d’état de la page Web, en haut de votre écran», explique Jacques Viau. Attention! Une adresse «https» ne signifie pas nécessairement que le commerçant est fiable et honnête. Elle indique simplement que la transmission des données sera encryptée et pratiquement indéchiffrable par d’éventuels pirates. Si vous avez des doutes sur la crédibilité du commerçant, donnez-lui un coup de fil et questionnez-le sur la qualité de ses services.
Vous êtes protégé!
Vous êtes protégé! Le saviez-vous?
Les achats par Internet sont régis par la Loi sur la protection du consommateur. De ce fait, vous disposez de plusieurs droits. Vous pouvez notamment annuler un achat lorsque le commerçant omet de vous livrer la marchandise dans les 30 jours suivant la date de la transaction. Même chose s’il ne livre pas à temps les billets d’un spectacle ou les confirmations de vos réservations dans une auberge ou un restaurant.
Si le commerçant fautif refuse de vous rembourser un achat payé avec une carte de crédit, la loi vous autorise à demander une «rétrofacturation» à l’émetteur de la carte de crédit. Cela veut dire que ce dernier doit créditer votre compte du montant dû par le commerçant, dans les 60 jours suivant le refus du commerçant de vous rembourser. Pour plus d’information, rendez-vous sur le site de l’Office de la protection du consommateur (www.opc.gouv.qc.ca) et tapez «achats Internet» dans l’engin de recherche de la page d’accueil.
Scrutez le passé du marchand
L’Office de la protection du consommateur (OPC) offre, sur son site Internet, le remarquable outil de recherche «Renseignez-vous sur un commerçant». Vous tapez simplement le nom du marchand, vous cliquez à l’endroit désigné et, en quelques secondes, vous saurez si l’entreprise a fait l’objet de plaintes au cours des deux dernières années. L’OPC vous dira combien de plaintes ont été déposées, la nature de celles-ci et si elles ont été réglées à la satisfaction des consommateurs. «L’existence de plaintes dans le profil du commerçant ne signifie pas que l’on soit en présence d’un commerçant à problèmes. Il y a lieu de considérer l’importance de l’entreprise, le nombre de ses places d’affaires, le nombre des transactions qui y sont effectuées. Une pondération est alors nécessaire. L’absence de plaintes dans le Profil du commerçant ne doit pas non plus être interprétée comme une appréciation de l’OPC quant à son honnêteté ou à sa compétence», précise l’organisme gouvernemental.
Mise à jour: mai 2009
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