Précisons d’abord que la Loi sur la protection du consommateur, qui vous protège toujours quand vous faites affaires avec un commerçant, ne s’applique pas quand vous transigez avec un particulier.
Mise de côté
Tel article vous tente mais le marchand doit le commander et il vous demande un acompte. Négociez d’abord pour donner l’acompte le plus bas possible. Règle générale, ne dépassez pas 10% de la valeur du produit. Faites inscrire sur la facture que, si vous changez d’idée ou si le produit n’est pas arrivé à telle date, ou encore si le produit n’est pas exactement celui que vous aviez commandé, le marchand vous remboursera votre acompte et annulera la transaction.
Si vous ne le faites pas inscrire, le marchand a le droit de garder votre acompte et de vous obliger à acheter le produit. Une entente verbale se perd dans le vent tandis qu’un écrit sert de preuve. «Idéalement, ne laissez jamais d’acompte puisqu’un acompte constitue une promesse d’achat», précise Marie-Hélène Beaulieu, avocate chez Option consommateurs.
Pouvez-vous changer d’idée?
Échanger ou se faire rembourser un produit ne sont pas automatiques, surtout si c’est parce que vous avez changé d’idée… frivolement ! Chaque marchand établit sa politique en la matière. Avant d’acheter, informez-vous de sa politique et faites-la inscrire sur la facture. Attention: certains marchands demandent l’emballage original pour rembourser un produit… mais omettent d’en parler à l’achat. Renseignez-vous sur toutes les conditions.
Essayez de ne pas acheter à la hâte. Comparez d’abord les prix et examinez bien la marchandise. Plusieurs marchands vous pressent d’acheter en prétextant qu’il ne reste qu’un exemplaire du produit en magasin, qu’il faut faire vite. Méfiez-vous; c’est une technique de vente.
La garantie et le prix
Une garantie légale
Tout produit comporte une garantie méconnue: la garantie légale, inscrite dans la Loi sur la protection du consommateur. Tout ce que l’on achète ou loue doit être en bon état et fonctionner durant une période raisonnable variant selon le produit et le prix payé. Par exemple, une montre payée 325$ qui ne fonctionne plus à partir du 15e mois alors qu’elle était garantie 12 mois, ce n’est pas normal, donc couvert par la garantie légale. Le même scénario ne pourrait s’appliquer à une montre de 10$. Tout est affaire de bon sens.
Dans le même ordre d’idées, un cinéma maison payé 5 000$ doit fonctionner après 5 ans même si le fabricant ne le garantit que 1 an. Exigez que l’on respecte cette garantie légale. «N’achetez jamais de garantie prolongée, recommande Marie-Hélène Beaulieu, puisque la garantie légale s’applique, le cas échéant, dès que la garantie du fabricant prend fin, et ce, tant et aussi longtemps que l’on reste dans les limites du raisonnable.» Les garanties prolongées servent souvent à verser de copieuses commissions aux vendeurs et s’avèrent une dépense inutile étant donné l’existence de la garantie légale.
Le bon prix
À l’épicerie, le carton placé dans la rangée indique que le savon à lessive coûte 5,75$. À la caisse, le lecteur optique affiche 5,95$. Erreur! Le marchand peut bien s’excuser, ça ne suffit pas. Il a l’obligation de respecter la politique d’exactitude des prix, fixée par la loi. Si l’article coûte moins de 10$, il doit vous le donner, sans frais ni question. Si l’article coûte plus de 10$, le marchand doit corriger le prix et vous accorder un rabais de 10$ sur l’article. Si vous avez acheté plusieurs fois le même article, le remboursement de l’article ou du 10$ ne s’applique que sur un seul article, mais la correction du prix sur tous les autres.
Le prix de tout article doit être affiché, ou bien sur une étiquette collée sur le produit ou encore à l’aide d’un carton indiquant le prix unitaire de tous les produits identiques sur la tablette. C’est dans ce dernier scénario que s’applique la politique d’exactitude des prix. Bien entendu, le prix à la caisse doit correspondre à celui de l’étiquette collée sur le produit, quand il y en a une.
Protéger son identité
Restez anonyme!
Plus ça va, plus on vous demande de vous identifier quand vous magasinez. Numéro de téléphone, adresse, code postal, etc. Rien ne vous oblige à divulguer ces renseignements personnels, surtout si vous payez comptant. Dites non, tout simplement, d’autant plus que les marchands vendent généralement vos informations, qui tombent dès lors entre des mains inconnues. Voici quelques règles de conduite en la matière.
- Ne révélez votre numéro d’assurance sociale qu’aux employeurs, ministères et organismes gouvernementaux, dont Hydro Québec. À personne d’autre.
- Gardez votre carte d’assurance sociale en lieu sûr – pas dans votre porte-monnaie – et, idéalement, mémorisez le numéro.
- Ne donnez votre numéro d’assurance maladie qu’aux professionnels de la santé: infirmières, médecins, pharmaciens, personnel autorisé des hôpitaux.
- Votre permis de conduire sert à vous identifier uniquement auprès des policiers et du personnel de la SAAQ.
- Vous pouvez toujours montrer votre carte d’assurance maladie ou votre permis de conduire à un marchand dans le but qu’il vous reconnaisse sur la photo, mais ne le laissez pas noter les numéros.
- Si un marchand refuse de vous vendre sous prétexte que vous ne lui montrez pas l’une de ces trois cartes, portez plainte au Commissaire à la vie privée, au 1-800-282-1376 ou à la Commission d’accès à l’information, au 1-888-528-7741.
Pourquoi toutes ces précautions? Pour éviter le vol d’identité, que Marie-Hélène Beaulieu qualifie de «crime de l’heure». En effet, il fait de plus en plus de victimes (des millions d’individus et de compagnies par année en Amérique). Quand quelqu’un possède vos nom, adresse, date de naissance, numéro d’assurance sociale et nom de jeune fille de votre mère, c’est comme s’il possédait la clé de votre fortune. Le criminel peut dès lors acheter en votre nom, obtenir des cartes de crédit, emprunter de l’argent à la banque, encaisser une deuxième hypothèque sur votre maison… Ce crime rime avec factures salées et démarches interminables pour rétablir votre crédibilité.
Soyez donc prudent. Diverses enquêtes montrent que la majorité des gens ne protègent pas suffisamment leurs renseignements personnels. Probablement par timidité ou par crainte d’offusquer, ils les fournissent au premier venu, sans se méfier. Or, à l’ère d’Internet, du commerce électronique, du courriel et des ordinateurs qui recoupent des renseignements en un rien de temps, et à cause de fraudeurs très bien organisés, il faut redoubler de prudence. «Ne me laissez que votre numéro d’assurance sociale et dans les 12 heures je peux acheter un téléphone cellulaire et des milliers de dollars de meubles à votre nom», illustre Marie-Hélène Beaulieu, qui met toujours les gens en garde contre la cueillette d’information en faisant ses emplettes…
Commentaires: