Quoi mettre sous le sapin ce Noël ? Et si on donnait à nos proches un cadeau qui fera du chemin et leur procurera une certaine flexibilité financière dans quelques années?
Une carte-cadeau, un billet de banque dans une carte de souhaits ou le virement d’un certain montant, ces présents peuvent assurément diminuer le stress financier de plusieurs. Mais on peut aussi offrir à nos enfants ou petits-enfants un produit financier qui va fructifier avec le temps. Des exemples? Quelques experts nous livrent leurs suggestions.
Une contribution au CELIAPP
Le cadeau de choix cette année, c’est le nouveau compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP), selon Francis Sabourin, gestionnaire de portefeuille et conseiller en placement pour Patrimoine Richardson. «Une contribution en argent à un proche de 18 ans ou plus qui n’a jamais été propriétaire afin qu’il ouvre un CELIAPP, voilà un bon appui financier», dit-il. Son conseil: accompagner le jeune adulte auprès de son institution financière pour cette démarche et lui fournir le premier dépôt.
Le CELIAPP combine les avantages du régime enregistré d’épargne-retraite (REER) et du compte d’épargne libre d’impôt (CELI). Les cotisations, qui sont déductibles d’impôt, se limitent à 8000$ par année et à une somme totale de 40 000$. Le retrait pour l’acquisition d’une première demeure est non imposable. Et les sommes retirées n’ont pas à être remboursées. Les rendements des investissements sont libres d’impôt. Pas étonnant que ce régime lancé en 2023 profite déjà d’une belle popularité!
«Il est difficile pour les premiers acheteurs d’amasser la mise de fonds nécessaire, de dénicher une résidence à un coût raisonnable et, en raison de la hausse des taux d’intérêt, d’obtenir l’ensemble du financement hypothécaire requis. Le CELIAPP est un outil de plus pour y parvenir», résume Francis Sabourin.
Et si le destinataire de ce cadeau n’accède finalement pas à la propriété, il aura le loisir d’utiliser les fonds accumulés dans ce régime pour financer sa retraite. Un transfert pourra alors être effectué vers son REER ou son fonds enregistré de revenu de retraite (FERR), sans incidence sur les plafonds de cotisation de ces comptes.
Une AMG avec remboursement des primes
Une idée originale de Frédéric Désilets, conseiller en sécurité financière à la Sun Life: déposer un contrat d’assurance maladies graves (AMG) dans le bas de Noël de notre enfant ou de notre petit-enfant. «Il est coutume d’offrir dès la naissance un produit d’assurance-vie, même si le destinataire n’en réalisera pas la valeur avant bien longtemps», relève le conseiller.
Il suggère donc de sortir des sentiers battus. «En ajoutant un avenant de remboursement des primes à un contrat d’AMG, le propriétaire de la police pourra peut-être s’enrichir dès la mi-vingtaine», illustre-t-il. Selon les modalités prévues au contrat, l’assuré pourrait recevoir un montant représentant un certain pourcentage – jusqu’à 75% – des primes payées depuis l’émission de la police, tout en gardant la protection d’assurance. «Quelques milliers de dollars qui tombent du ciel à cet âge, c’est toujours agréable! Et comme le chèque est généralement émis à la date anniversaire du contrat, si celle-ci est en décembre, le remboursement de primes arrivera juste à temps pour Noël, cette année-là.»
De façon générale, l’AMG verse une somme à l’assuré lorsque celui-ci reçoit un diagnostic d’une maladie couverte par le contrat. Les primes sont habituellement fixées en fonction de l’âge. L’offrir à un jeune en santé pourrait donc se faire à bon prix. On s’informe auprès de son conseiller en sécurité financière pour évaluer différents scénarios.
Un don d’argent pour ouvrir un REEE
Le cadeau financier idéal, d’après Marie-Ève Mc Lean, planificatrice financière indépendante et représentante en épargne collective rattachée à Mérici Services Financiers, est le régime enregistré d’épargne-études (REEE). «Peu importe l’utilisation qui en sera faite, le REEE est un véritable coup de pouce pour de futurs étudiants.»
Bien qu’une preuve de fréquentation scolaire soit requise au moment du retrait, l’utilisation des sommes demeure discrétionnaire. «Le bénéficiaire peut utiliser l’argent pour financer les études de son choix, mais également pour acheter une voiture, payer son appartement, remplir son CELIAPP ou diminuer ses heures de travail», note-t-elle.
Qu’est-ce qui rend cet outil si intéressant? «L’argent investi sera bonifié par des subventions gouvernementales d’au moins 30%, et ce, peu importe le revenu familial. Le rendement réalisé demeure aussi à l’abri de l’impôt.»
Les gens à revenu modeste ont tout intérêt à ouvrir un tel régime d’ici la fin de l’année, même s’ils n’ont pas les moyens d’y cotiser. «Grâce au Bon d’études canadien, les familles admissibles reçoivent un montant de 500$ à l’ouverture du compte, plus 100$ par année d’admissibilité jusqu’à ce que l’enfant soit âgé de 15 ans. Jusqu’à 2000$ peuvent donc être versés au REEE sans même qu’un montant minimal ne soit payé par le souscripteur», précise Marie-Ève Mc Lean.
Il est possible d’ouvrir un REEE auprès de son institution bancaire, d’organismes privés ou d’un conseiller indépendant. Mais attention ! Si on agit à titre de grand-parent, mieux vaut peut-être confier les sommes prévues aux parents du destinataire pour qu’ils déposent eux-mêmes l’argent. «Si l’enfant ne fait pas d’études, les cotisations sont remises à terme au souscripteur. Des impôts sont alors exigibles sur le montant d’intérêts gagnés, à moins de transférer la somme dans un REER. Mais encore faut-il avoir des droits de cotisation inutilisés et être âgé de moins de 71 ans pour le faire.»
Voilà qui démontre combien le REEE est complexe, de son ouverture jusqu’à son décaissement. Ce produit peut être individuel, familial ou collectif, et les règles de fonctionnement diffèrent selon le régime. « Assurons-nous de poser toutes nos questions avant d’aller de l’avant!», souligne la spécialiste.
Des fonds distincts pour prévoir l’inévitable
Les fonds distincts ressemblent à des fonds communs de placement, mais ils comportent des garanties additionnelles. Seuls les assureurs peuvent proposer cette solution de rechange aux épargnants. Parmi leurs avantages, Frédéric Désilets mentionne la transmission optimale des actifs au moment du décès, ainsi que la protection de ces actifs contre les créanciers.
«Un grand-parent pourrait investir une partie de ses actifs dans des fonds distincts et désigner ses petits-enfants comme bénéficiaires du contrat. Au décès, ces derniers recevront quelques jours plus tard leur part respective de cet héritage, et ce, bien avant que la succession ne soit réglée», explique-t-il.
Une rencontre avec un spécialiste
Les bonnes habitudes financières peuvent s’acquérir dès le jeune âge. «Alors, pourquoi ne pas voir avec notre conseiller s’il est possible d’organiser une rencontre informative destinée à nos enfants ou petits-enfants, suggère Frédéric Désilets? Un professionnel pourrait par exemple leur faire découvrir la magie de l’intérêt composé et leur présenter les risques liés à l’endettement.» Ils pourront tirer parti d’un tel enseignement pendant des années.
Commentaires: