Faire de l’exercice après une chirurgie cardiaque ou un problème au cœur fait parfois peur. L’activité physique peut pourtant beaucoup aider. Comment s’entraîner en toute sécurité?
C’est démontré: l’activité physique régulière est bénéfique pour les personnes cardiaques. Elle renforce le cœur et le système cardiovasculaire, contribue au rétablissement du muscle cardiaque, améliore la forme physique, augmente le niveau d’énergie, améliore la qualité de vie et réduit le risque de récidive et de mortalité. Elle permet aussi de prévenir de nombreuses pathologies associées aux maladies cardiovasculaires. Donc plus on bouge, mieux c’est pour notre cœur.
Gilles Rioux peut en témoigner. Ce statisticien de 58 ans a subi deux infarctus en moins de deux ans. «À ma sortie de l’hôpital, je prenais une dizaine de médicaments quotidiennement, notamment pour contrôler mon diabète et mon taux de cholestérol. J’ai demandé à mon médecin s’il pouvait réduire le nombre de pilules. Il m’a répondu que la seule façon d’y arriver, c’était d’être plus actif. J’étais inscrit à un centre de prévention des maladies cardiaques, mais comme je n’avais jamais fait d’activité physique auparavant, je n’étais pas motivé. Toutes les excuses étaient bonnes pour sauter une séance. Un jour, j’ai reçu une montre électronique. Ce cadeau a changé ma vie. Les chiffres, ça me parle. C’est du concret. À partir de là, j’ai commencé à m’entraîner assidûment… et je n’ai jamais arrêté. Ça m’a pris un an avant de réussir à courir un kilomètre. Mais aujourd’hui, je cours de 10 à 12 km presque tous les jours. Et toutes les occasions sont bonnes pour marcher. J’ai perdu du poids, j’ai plus d’énergie, je dors mieux, je suis plus alerte. Je n’ai jamais été aussi en forme.»
Vaincre ses craintes
Il n’est pas toujours facile de se remettre à bouger après un diagnostic de maladie du cœur, une crise ou une chirurgie cardiaque. Gaétane se rappelle ses premières séances d’aérobie après son infarctus. «Quand mon rythme cardiaque augmentait durant l’exercice, j’arrêtais, de peur d’en faire un autre. J’angoissais.» Gaétane n’est pas un cas unique. Selon la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, plusieurs ressentent de l’inquiétude à l’idée de reprendre l’activité physique après un événement cardiaque. D’où l’importance d’être bien entouré et informé.
À partir de quand doit-on commencer à faire de l’activité physique? «En général, dès qu’un patient est stable et qu’il va bien, on l’encourage à reprendre graduellement ses activités, ce qui varie évidemment d’une personne à une autre, précise le Dr George Honos, cardiologue au CHUM. Habituellement, les personnes actives avant la maladie cardiaque le redeviennent dès qu’elles ont le feu vert. Elles ont surtout besoin d’être rassurées et renseignées sur la marche à suivre. En revanche, les patients qui étaient sédentaires sont souvent plus nerveux et angoissés face à la reprise des activités. On leur conseille fortement de s’inscrire à un programme de réadaptation cardiaque où ils auront accès à un programme d’entraînement personnalisé, encadré et supervisé par des professionnels. Ainsi, ils augmenteront leur niveau d’activité physique de manière progressive et sécuritaire. Le fait de s’entraîner avec des gens partageant le même diagnostic et de réaliser qu’ils vont bien est aussi aidant.»
Bien planifier son entraînement Par où commencer? Quel type d’activité physique est sécuritaire? Jusqu’où peut-on aller sans danger? Être bien renseigné avant de faire le saut permet d’entreprendre sa remise en forme avec confiance. Tout d’abord, on consulte notre médecin ou notre cardiologue avant d’entamer un programme d’activité physique à la maison, au gym ou ailleurs, afin d’évaluer notre état de santé et d’être bien conseillé. Ensuite, on part du principe F.I.T.T. (fréquence, intensité, temps, type) pour établir une routine d’entraînement.
Fréquence «Après avoir obtenu le feu vert du médecin, les gens peuvent s’entraîner quotidiennement s’ils le désirent, à condition d’exécuter les exercices correctement et à la bonne intensité, soutient le Dr Honos. En règle générale, on recommande une séance d’exercice trois ou quatre fois par semaine, en alternant avec des jours de repos. Attention: cela ne veut pas dire de rester assis devant la télé ces jours-là. Bouger tous les jours, en faisant de la marche ou du yoga, par exemple, est important.»
Intensité Quelle que soit l’activité choisie, on commence en douceur, en augmentant graduellement le rythme selon nos capacités, jusqu’à atteindre une intensité modérée. Mais comment savoir si on maintient une intensité modérée? Le test de la parole est un bon indice. Si on est essoufflé en courant ou en marchant mais qu’on réussit à parler, c’est que le rythme est bon. Par ailleurs, le Dr Honos préconise une intensité intermittente plutôt que constante. «L’entraînement intermittent comprend de très courts intervalles d’exercice intense, intercalés dans des périodes plus modérées. Par exemple, après s’être échauffé de trois à quatre minutes, on court ou on marche à 90 % de nos capacités pendant 30 à 60 secondes, puis on ralentit durant une minute ou deux. On répète ces sprints à quelques reprises. On termine avec une période de récupération de trois à quatre minutes. C’est beaucoup plus efficace que de courir ou de marcher à la même vitesse durant 20 ou 30 minutes.»
Temps La durée de l’activité dépend de notre état de santé et de notre forme physique. De façon générale, on devrait viser une séance d’exercice de 30 à 60 minutes. «Évidemment, les gens qui se remettent d’un infarctus ou d’une intervention cardiaque ne feront pas 30 à 60 minutes d’exercice en sortant de l’hôpital, précise le Dr Honos. Au début, ils marcheront peut-être de 10 à 15 minutes à faible intensité chaque jour, puis ils augmenteront progressivement la durée et l’intensité jusqu’à atteindre cet objectif.» Pour s’aider, on peut aussi opter pour des périodes d’exercice plus courtes réparties au cours de la journée, comme trois marches de 10 minutes.
Type d’exercice Tous les exercices ne conviennent pas aux malades coronariens. «Les patients souffrant d’arythmie, entre autres, doivent éviter les sports trop intenses avec un début de jeu rapide, comme le hockey, le soccer, le badminton et le tennis en simple, explique le Dr Honos. En revanche, les exercices aérobiques – ou d’endurance – tels que la marche, le vélo, le jogging et la natation sont particulièrement bénéfiques. Ils renforcent le cœur et les poumons. Pour que l’entraînement soit efficace et complet, il faut y ajouter des exercices isométriques, c’est-à-dire de musculation (haltères, bandes élastiques, etc.). Ils développent la masse musculaire, solidifient les os et contribuent à la santé du système cardiovasculaire.» On commence avec des poids légers et des accessoires à faible résistance. Et on s’assure d’inclure des périodes d’échauffement avant toute activité physique et de récupération après chaque séance. Finalement, on garde à l’esprit que, pour s’entraîner de façon sécuritaire, il faut apprendre à écouter son corps.
Dois-je m’arrêter?
Au cours de l’activité physique, il est normal d’observer un essoufflement ainsi qu’une augmentation du rythme cardiaque. Mais certains symptômes devraient nous alarmer. Pour évaluer notre état, on coche les affirmations qui nous concernent.
• Je me sens étourdi.
• J’éprouve une grande fatigue.
• Je suis plus essoufflé qu’à l’ordinaire.
• Mon cœur bat très rapidement ou de façon irrégulière. Il ne ralentit pas au repos.
• Je ressens une pression ou une douleur dans la poitrine, le cou, la mâchoire ou les épaules qui ne disparaît pas au repos ou après la prise de médicaments.
•J’ai la nausée et envie de vomir.
Si on constate certains de ces symptômes, on cesse illico l’activité. On consulte immédiatement un médecin, ou on compose le 911 si les symptômes perdurent après l’arrêt de l’effort.
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