Après un long temps d’abstinence, on craint souvent l’un ou l’autre pépin physique quand on reprend une vie sexuelle. Mais avec ces conseils pour renouer avec la sexualité sans stress, tout devrait bien se passer sous la couette…
Après un veuvage, une séparation ou un divorce survient souvent une période d’abstinence sexuelle. Lorsqu’un nouvel amour se pointe, il n’est alors pas toujours évident de renouer avec la sexualité. Plusieurs craignent de ne pas être à la hauteur ou de voir leur corps «tomber en panne». Comme Micheline, 62 ans: «Après quatre ans de veuvage, j’ai récemment rencontré un homme qui me rend heureuse. J’appréhende toutefois notre premier moment d’intimité sexuelle. Mon conjoint souffrait de troubles érectiles. Ça fait longtemps que je n’ai pas fait l’amour avec pénétration. Ça m’inquiète.» Malgré les peurs et les failles, il est possible de bien vivre la fin de l’abstinence et de renouer avec le plaisir. À chaque problème, sa solution!
J’ai peur d’avoir mal durant la pénétration.
La douleur à la pénétration est relativement fréquente et peut avoir différentes causes. La sécheresse vaginale en est une. L’utilisation d’un lubrifiant vaginal longue durée (Replens) aidera alors temporairement. L’atrophie vaginale causée par la diminution du taux d’œstrogènes chez environ une femme ménopausée sur trois en est une autre. La prise d’œstrogènes sous forme de comprimé, de crème ou d’anneau vaginal constitue alors un traitement efficace pour soulager l’inconfort.
Mais la douleur est aussi souvent d’origine psychologique. «Après une longue période d’abstinence, le passage à l’acte peut être angoissant, explique Josée Lebœuf, sexologue et psychothérapeute. Cette appréhension peut provoquer chez certaines femmes un vaginisme, c’est-à-dire une contraction réflexe des muscles du plancher pelvien, ce qui cause de la douleur et rend la pénétration quasi impossible. Plus on angoisse, plus on se contracte. On rentre dans un cercle vicieux.» Des solutions simples existent, comme des exercices permettant d’apprendre à détendre les muscles du vagin. Un sexologue ou un gynécologue peut nous guider.
J’ai des problèmes érectiles.
On estime qu’au-delà de la moitié des hommes de 50 ans et plus souffrent de dysfonctions érectiles. Cela se traduit par une absence d’érection, une perte d’érection, une baisse de rigidité lors de la pénétration ou des difficultés à soutenir une érection jusqu’à l’orgasme. Or, les érections sont déjà normalement plus lentes à survenir, moins rigides et moins durables avec l’âge, ce qui augmente encore la crainte après une période d’abstinence.
Cela dit, une panne occasionnelle n’est pas dramatique, même lors d’une première nuit d’amour. L’humour et la communication peuvent désamorcer le malaise. Toutefois, si le problème persiste, il existe des solutions. «Lorsque la dysfonction érectile relève d’un trouble organique, on privilégie différentes approches, précise le Dr Luc Valiquette, chirurgien urologue au CHUM. En première ligne, on prescrit des inhibiteurs de phosphodiestérase-5 (Cialis, Viagra, Levitra), qui augmentent l’afflux sanguin dans le pénis pour permettre l’érection. Viennent ensuite les injections de prostaglandines dans le pénis, les dispositifs à vide et, en dernier recours, les implants péniens.»
Il arrive aussi que l’anxiété anticipatoire amplifie le problème existant, voire en crée même un. La sexothérapie permettra de traiter ce type de troubles érectiles, liés à des facteurs psychologiques.
Je souffre d’éjaculation précoce.
Plusieurs hommes se retrouvent confrontés à ce problème après une longue période d’abstinence, en raison notamment d’une excitation intense. La situation est généralement passagère. Cependant, si elle perdure et nuit à la relation, le médecin peut suggérer un traitement pharmacologique pour retarder l’éjaculation. Une sexothérapie est aussi utile pour apprendre à contrôler son éjaculation, entre autres avec des exercices ciblés.
Après des années sans pénétration, ça m’angoisse.
Selon Josée Lebœuf, il faut cesser de focaliser sur la pénétration. Elle n’est pas une finalité en soi. «La sexualité ne se limite pas à cette pratique. Il faut élargir le concept de « faire l’amour ». Explorer la sexualité d’une autre manière, avec tout son corps. On peut caresser, embrasser, se frotter l’un sur l’autre, se masser, initier des jeux amoureux, privilégier la sensualité… Le but, c’est d’être dans le plaisir, plutôt que dans la peur et la douleur.» Pour se sentir à l’aise, il faut toutefois se parler. Oser se dire l’un à l’autre ses préférences. Rien ne nous empêche non plus de guider notre partenaire, surtout au début, quand on se connaît peu. Pour renouer avec notre sexualité, il faut laisser tous nos sens s’éveiller progressivement au plaisir et savourer l’instant présent, sans brusquer les choses.
Je crains les ITSS.
Même si on a confiance en notre nouveau ou notre nouvelle partenaire, rien ne nous certifie qu’il ou elle n’a pas contracté une infection transmise sexuellement et par le sang (ITSS) lors de ses relations passées. La personne peut être infectée sans le savoir, un risque à ne pas sous-estimer. Pour se protéger contre les MTS, le Dr Valiquette recommande d’utiliser une protection (ex.: condom) pendant les relations sexuelles ou de passer ensemble un test de dépistage avant.
J’hésite à parler de mon abstinence.
En matière de sexualité, la confiance est essentielle. Mieux vaut donc évoquer sa période d’abstinence avec sa nouvelle ou son nouveau partenaire. «C’est important de le dire, de faire part de ses craintes et de ses appréhensions sans dramatiser, afin d’établir un lien de confiance et ne pas créer d’attentes irréalistes», soutient Josée Lebœuf. Le simple fait d’en parler contribue à diminuer l’anxiété. En général, l’autre sera plus attentif, tendre et compréhensif. De notre côté, la détente sera plus grande, et on profitera davantage du moment intime.
J’ai peur de ne pas être à la hauteur.
Le doute va souvent de pair avec une reprise des ébats sexuels. «Vais-je savoir comment m’y prendre?», «Suis-je encore désirable malgré mon corps moins ferme?» «Est-ce que mon érection va flancher?» «Vais-je parvenir à lui donner du plaisir?»… En fait, le principal danger d’une période d’abstinence, c’est de perdre confiance en soi. «Les hommes, mais aussi les femmes, pensent que pour être à la hauteur, ils doivent être super performants au lit, constate Josée Lebœuf. Mais l’amour n’est pas une prestation ni un examen de passage. Le partenaire n’en demande sans doute pas tant, on se crée de la pression pour rien. Le mieux, c’est de clarifier, dès le début, les attentes de chacun.» La première relation sexuelle ne sera peut-être pas parfaite. Et après? La prochaine sera mieux. Et la suivante, encore mieux! On se fait mutuellement confiance.
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