Yolande Michaud à commencé à observer les oiseaux il y a 15 ans. «Après une excursion à l’Île-de-la-Visitation, organisée par le Club d’ornithologie d’Ahuntsic, je me suis dit qu’il fallait que j’y retourne, outils en main.» Elle s’équipe de jumelles et d’un livre d’identification, puis s’inscrit au club. «On devient assez facilement mordu, dit-elle. C’est une activité très méditative, zen. On parle à voix basse, on marche, on arrête 100 fois, on écoute. J’ai tout appris avec le club. Dans le groupe, certains connaissent aussi très bien la flore, ce qui amène des échanges intéressants. L’été, on pique-nique à l’orée des bois ou aux étapes. Il y a une belle énergie.»
Chaque mois apporte sa découverte. «Selon un dicton, “les oiseaux se fiancent à la Saint-Valentin pour se marier à la Saint-Joseph”, rappelle Yolande. C’est joli, et c’est assez exact par rapport aux saisons. Les premiers carouges à épaulettes apparaissent en mars; en mai, c’est le retour des oiseaux migrateurs, très colorés. Puisqu’il n’y a pas encore beaucoup de feuilles, ils sont faciles à repérer. Le club organise alors beaucoup de sorties, c’est la folie douce. Puis, en juin, les oisillons emplissent les nids. Enfin, quand l’hiver revient, on observe, par exemple, le harfang des neiges.»
Observer les oiseaux demande de la patience, du temps et, bien sûr, le sens de l’observation. «Le soir est un beau moment pour les observer, alors qu’ils se nourrissent avant de se coucher, poursuit Yolande. Et en mai, on entend l’engoulevent au crépuscule. Le jour, entre 11 h et 14 h, je regarde toujours le ciel: c’est l’heure des courants chauds, l’heure où les rapaces planent. Il m’arrive souvent de les repérer, mais je ne sais pas toujours les identifier car il y a de nombreuses espèces. Ça nécessite beaucoup d’expérience pour distinguer les détails de chacun. Certains membres du groupe, plus auditifs, réussissent à les distinguer à partir des chants; moi, je suis plutôt visuelle. Mon oiseau préféré est la sterne, pour sa vivacité et son élégance. C’est un oiseau tellement délicat! Et pour leur chant, j’aime bien les parulines, au printemps. De vrais petits rossignols!»
Ce qu’il faut pour se lancer dans l’observation d’oiseaux
Surprise!
Cette activité réserve beaucoup de surprises. «Peu importe où l’on va, on n’est jamais déçu et on ne sait jamais ce qui peut arriver, insiste notre ornithologue. Je pense à cette fois où nous avions repéré un grand duc dans un arbre, en plein jour! (NDLR: le grand duc est un oiseau nocturne.) Ou à notre émotion devant ce pic à tête rouge, un oiseau rare. Et il est toujours surprenant de découvrir des oiseaux différents dans les divers milieux, comme les rapaces dans les forêts de conifères ou les pics à dos noir dans les brûlis en Abitibi. Ils nichent dans les troncs calcinés et trouvent leur nourriture sous l’écorce.»
Selon Yolande Michaud, l’observation des oiseaux influence aussi la façon de vivre. «Ça nous ouvre sur l’environnement, ça nous entraîne vers la défense des habitats, la protection des parcs, des marais, des tourbières, etc. Et ça nous porte à lever le regard, à être curieux des nuages. On devient plus conscient des changements de saisons que les oiseaux annoncent. Ça devient global.»
On se lance?
Où observer les oiseaux? Ce loisir se pratique autant en pleine nature qu’en milieu urbain. On pense, par exemple, au Jardin botanique de Montréal. Les clubs d’ornithologie organisent régulièrement des excursions. Le site www.oiseauxqc.org répertorie les sites d’observation d’oiseaux du Québec.
Clubs
Il existe des clubs d’ornithologie dans presque toutes les régions. Consulter Regroupement Québec Oiseaux, au 514 282-3190. www.quebecoiseaux.org
Matériel
Il faut évidemment s’équiper de jumelles. On en trouve à la boutique Nature Expert du Centre de conservation de la faune ailée, au 5120, rue de Bellechasse, Montréal, 514 351-5496, et à la Maison de l’astronomie, au 8074, rue Saint-Hubert, Montréal, 514 279-0063. On se munira de chaussures de randonnée et de bottes. Compte tenu des variations fréquentes de température, on enfilera des vêtements à la fois légers et chauds, de couleur neutre. On apportera son carnet d’observation et un guide d’identification des oiseaux.
À lire
Initiation à l’observation des oiseaux, de Michel Sokolyk (Les Éditions de l’Homme), détaille ce loisir: apprentissage, identification des oiseaux, etc. Les guides sont nombreux et répondent aux divers intérêts.
Yolande Michaud recommande la «bible», Les oiseaux de l’est de l’Amérique du Nord par R.T. Peterson (Broquet), et les ouvrages de la Québécoise Suzanne Brûlotte (Broquet).
Le magazine Québec Oiseaux devient vite indispensable aux ornithologues amateurs.
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