Couleurs et saveurs d’ailleurs
Quelque 2,5 millions d’habitants vivent à Toronto et plus de 5 millions de personnes habitent le Grand Toronto, dont la moitié proviennent de l’extérieur… «Peu importe l’endroit d’où proviennent les visiteurs, nous n’entendons jamais de commentaire raciste, affirme Jean Guillaumot, un Parisien qui dirige le très british King Edward Hotel, au cœur du centre financier de la ville. Toronto est la ville la plus multiculturelle qui soit.»
Ville anglo-saxonne à l’origine, Toronto s’est peu à peu transformée avec l’immigration des Européens après la guerre et l’arrivée massive des Asiatiques durant les années 1970 et 1980. Les nombreuses communautés culturelles se sont regroupées dans des quartiers en préservant leur identité et leurs traditions. Aujourd’hui, Toronto est essentiellement une ville de quartiers. Et c’est bien là que se trouve l’âme de la métropole.
Bien entendu, ces diverses communautés culturelles sont synonymes de festivals, musiques, couleurs, saveurs et découvertes culinaires, au grand bonheur des amateurs de cuisines internationales! Chaque quartier a son marché, qu’il s’agisse de la petite Italie, la petite Pologne, la petite Inde, le Village du Portugal, le quartier grec, la communauté caribéenne… Mais le marché le plus important est le St. Lawrence, installé dans l’ancien hôtel de ville de Toronto, à l’intersection de Front Street et de Jarvis Street.
Le vieux Chinatown, l’un des quartiers les plus populaires, est situé autour de l’avenue Spadina. Regroupant près de 600000 Chinois, il abrite la deuxième communauté chinoise au Canada, après Vancouver. On y trouve des magasins, des marchés de produits frais et des restaurants asiatiques parmi les meilleurs au Canada, à ce que l’on dit. Le dimanche matin, les familles chinoises envahissent le quartier pour le fameux dim sum (brunch chinois). Tout près, le Kensington Market offre un véritable tour du monde, avec ses produits provenant d’Asie, d’Amérique latine et du Moyen-Orient.
Le centre-ville de Toronto: verre et acier
Le centre-ville de Toronto: verre et acier
Au cœur de la ville, le quartier des affaires et du spectacle est peuplé d’une forêt d’édifices de verre et d’acier; il est animé et grouillant le jour, mais il se vide à la fermeture des bureaux. La bourdonnante Bay Street, où s’alignent toutes les banques du monde, redevient silencieuse à la tombée du jour. Tout comme la ville souterraine qui compte 27 km de passages reliant les édifices, avec plus de 1200 magasins, hôtels et restaurants. Toutefois, commencent à apparaître dans le quartier des unités d’habitation où vivent les travailleurs du centre-ville. Après le boulot, ces derniers fréquentent bars et restaurants, redonnant un peu de vie à l’endroit.
S’il est agréable de s’y balader à pied, le quartier des affaires et du spectacle est plutôt froid avec son architecture austère. Toutefois, le nouvel hôtel de ville, constitué de 2 bâtiments de 19 étages en demi-cercle, joue un peu d’audace dans ce décor rigoureux. Ainsi que Brookfield Place, qui marie harmonieusement l’ancien et le moderne. Et, bien sûr, la tour du CN, avec ses 1800 pi (553 m), qui est l’icône de la ville! On peut monter là-haut et contempler le spectacle de son plancher de verre ou de son restaurant tournant. Allez-y de préférence au coucher du soleil: d’un côté, vous verrez la ville et ses gratteciel et, de l’autre, le lac Ontario avec ses petites îles verdoyantes et ses petites marinas.
Toronto conserve toujours une fidélité à ses racines anglo-saxonnes. L’hôtel King Edward, sur King Street, que l’on nomme King Eddy, est bien sûr fréquenté par une clientèle de gens d’affaires, mais il maintient sa tradition de l’afternoon tea tous les jours de semaine. Des dames portant de jolis chapeaux prennent le thé en dégustant des petits sandwichs aux concombres et des scones avec de la confiture.
Designers, écrivains et distilleurs…
Designers, écrivains et distilleurs…
Yorkville, avec ses bâtiments victoriens, était le quartier des musiciens et des hippies durant les années 1960; il est devenu un quartier ultra-chic, avec ses galeries d’art, ses boutiques de mode et de designers, ses hôtels cinq étoiles et ses restos de fine cuisine.
Forest Hill, au nord de St. Clair Avenue, est également un quartier vert où l’on peut voir les résidences parmi les plus prestigieuses de la ville, ainsi que le réputé Upper Canada College. Près de l’Université, l’Annex, avec ses maisons à pignons, à tourelles et à corniches, est le quartier des professeurs, journalistes et écrivains, dont Margaret Atwood. On peut y voir et visiter la Casa Loma, un immense château écossais de 98 pièces construit en 1914 pour le colonel Henry Mill Pellatt, un original qui avait fait sa fortune dans les compagnies d’électricité et de transport.
On ne manquera pas de circuler dans le quartier Cabbagetown (la ville aux choux) qui gravite autour de Parliament Street. Le quartier doit son nom aux Irlandais qui s’y installèrent vers 1840, après avoir fui la famine de leur pays. Ces Irlandais, qui étaient parmi les plus pauvres de la ville, plantaient des choux devant leurs maisons en guise de pelouses.
Aujourd’hui, Cabbagetown, avec ses maisons victoriennes rénovées bordées de jolis jardins et de clôtures de fer, est un quartier branché. Tout comme le Distillery District, un quartier piétonnier dans le vieux Toronto, où se trouvait la distillerie Gooderham & Worts Distillery. Les vieux édifices de briques rouges abritent maintenant boutiques, restos, galeries d’art et condos. C’est dans ce quartier que la Torontoise Johanne Thompson tient, avec son conjoint Sylvain Landry, chef d’orchestre québécois, la boutique A Taste of Quebec, qui met en valeur les produits gourmands du Québec. Le couple dirige également la Thompson Landry Gallery, où sont représentés plus de 35 artistes québécois en arts visuels.
Toronto: du côté des musées
Du côté des musées
Près du Chinatown, du côté sud de Dundas Street, l’Art Gallery of Ontario a fait peau neuve en 2008. Une nouvelle façade de verre et de bois a rajeuni l’image de ce musée des beaux-arts qui conserve une collection de plus de 4000 œuvres: œuvres contemporaines, sculptures inuites, œuvres du Groupe des Sept, ainsi que la plus importante collection publique des œuvres de Henry Moore dans le monde, léguée par l’artiste lui-même.
Le Royal Ontario Museum, sur Queens Park Avenue, figure parmi les musées d’histoire naturelle les plus importants du monde, avec une collection de plus de six millions d’objets. On peut y voir plusieurs expositions, allant de la chauve-souris aux dinosaures! Le musée a fière allure avec son nouveau bâtiment, le Crystal, une imposante structure de verre et d’aluminium qui domine Bloor Street. Ce musée serait habité par le fantôme de Charles Trick Currelly, premier directeur de l’établissement…
C’est dans le quartier de l’Annex que se trouve le Bata Shoe Museum, un musée unique en son genre. Il abrite l’œuvre de Thomas J. Bata, fils d’un important fabricant de chaussures tchèque émigré au Canada au début de la Deuxième Guerre et de sa femme Sonja, qui ont voué une véritable passion à la collection de chaussures à travers le monde. Le musée contient une collection de 12500 paires de chaussures offrant une perspective unique sur les différentes cultures de la planète, à travers 4500 ans d’histoire: souliers de soie chinois, souliers en fourrure d’ours, sandales funéraires… sans oublier les souliers de nos célébrités!
Pour prendre congé de l’animation de la ville, rendez-vous dans les îles. Toronto en possède 17, qu’il est possible de rejoindre par traversier. On y va pour pique-niquer, relaxer sur la plage, marcher dans les sentiers, faire du vélo et admirer la ville, car c’est de là que l’on a l’un des plus beaux panoramas sur Toronto.
Toronto: les in et out
La vieille ville
Malgré son nom, Yorkville n’est pas le lieu de fondation de la ville de York, aujourd’hui Toronto: c’est plutôt Old Town Toronto, à l’est du quartier des affaires et du spectacle. Un premier must: le populaire St. Lawrence Market, au 91, rue Front, agrandi en 1978, avec son abondance gourmande de produits et sa clientèle colorée, microcosme de la ville multiculturelle. À l’étage, la Market Gallery propose d’intéressantes expositions sur la ville. En s’y rendant, on traverse le très beau St. James Park, à l’angle des rues Jarvis et King, pour aller visiter la St. James Cathedral avec son superbe choeur en marbre et son clocher, le plus haut du Canada.
En français dans Yorkville
Yorkville est un tantinet snob, mais si chaleureuse avec ses jolis parcs et ses petits restaurants invitants à prix abordables, comme la Boulangerie de Montréal sur la rue Cumberland (la serveuse est si heureuse de parler français!).
Ce quartier est aussi celui des galeries, dont la Hollander York Gallery. Un bronze sensuel de la sculptrice Rose-Aimée Bélanger trône devant la porte; à l’intérieur plusieurs toiles de peintres québécois sont exposées. Tout s’explique quand la sympathique copropriétaire, Diane Rosenthal, nous accueille en français. L’ex-Montréalaise et son amie, Claire E. Scrivens, deux dames «d’un âge certain» rigolent-elles, voient à faire connaître les artistes d’ici, «y compris ceux du bel âge». L’endroit vaut un arrêt et une jasette, au 110, Yorkville Avenue.
Rives enchanteresses
Toronto a su mettre en valeur de façon ingénieuse les rives du lac Ontario. Il faut aller flâner sur les quais du Waterfront, immense espace aménagé dans le port de Toronto et d’où des bateaux partent régulièrement pour des excursions aux Îles de Toronto. Sur Queen’s Quay, bordé de condos de millionnaires, il faut absolument visiter le Power Plant Contemporary Art Galery et ses étonnantes expositions.
On peut aussi se balader dans les boutiques, ou simplement jouer les capitaines Haddock en sirotant un scotch au pub irlandais, à quelques mètres de l’eau. Des spectacles de tous genres et gratuits se succèdent dans le parc voisin: nous y avons applaudi des danseurs polynésiens plutôt olé olé et des acrobates inuits dignes du Cirque du Soleil! Partout, des artisans de plusieurs cultures offrent leurs créations, souvent inédites et peu chères.
Les in et out
Quelques endroits très à la mode il y a 20 ans ont périclité: le Kensington Market, ancien rendez-vous des gourmands du monde entier, n’est plus qu’un quartier délabré. Par contre, le secteur Queen Street West, que les Torontois aiment comparer au Soho de New York avec ses galeries branchées, se développe, mais il est encore trop embryonnaire pour justifier une visite. Même chose pour Little Italy où s’excite une faune jeune et bruyante. Nous y avons toutefois découvert le fabuleux resto Olivia’s, au 53, rue Clinton: une vinerie artisanale où l’on offre des mets originaux et savoureux accompagnés de vins élaborés sur place, à partir de raisins importés d’un peu partout dans le monde.
Infos
Tourisme Toronto, au 416 203-2600 et 1 800 499-2514.
À apporter avec soi: Toronto, Guide Ulysse.
Commentaires: