Comment payer en voyage

Comment payer en voyage

Par Sophie Stival

Crédit photo: iStockphoto.com

Catherine Gignac a visité plusieurs régions d’Amérique, d’Europe, d’Asie et d’Afrique. «Lorsque je voyage dans un nouveau pays, j’aime avoir assez d’argent comptant afin de me débrouiller un jour ou deux, si nécessaire. Je peux régler le taxi, me rendre à l’hôtel, payer quelques repas», précise-t-elle. 

Mme Gignac n’a pas utilisé de chèques de voyage depuis une vingtaine d’années. La présence de guichets automatiques jusque dans les coins les plus reculés de la planète y est, bien sûr, pour quelque chose. 

Il faut dire que payer avec du plastique comporte plusieurs avantages. Grâce à une carte de crédit, on peut faire une réservation en ligne ou dépenser dans certains commerces ou restaurants. En avoir une deuxième nous offre plus de flexibilité si on compte, par exemple, louer une voiture et que l’entreprise de location exige un dépôt important pour les assurances.

Quant à la carte de débit, elle nous permet de retirer des sous en monnaie locale afin de payer de petites dépenses, des repas ou même certaines excursions. 

NIP et guichet automatique

Mais la situation se complique parfois, comme l’a constaté l’an dernier Mme Gignac en utilisant sa carte de débit au Costa-Rica. «Ma carte Desjardins ne fonctionnait pas et j’ai dû demander une avance de fonds avec ma carte de crédit Visa Desjardins. Pour éviter de payer des frais d’intérêt, j’ai entièrement remboursé ma carte en plus de faire un dépôt supplémentaire», explique-t-elle. 

Sur le site Web de Desjardins, on précise que certaines institutions financières à l’étranger n’acceptent que les numéros d’identification personnelle (NIP) à quatre chiffres, alors que celui de Desjardins en compte cinq. On ajoute qu’il faut rechercher le réseau PLUS, qui est l’équivalent du réseau Interac au Canada. 

La plupart des banques majeures canadiennes permettent l’utilisation de NIP à quatre chiffres. Mais pour éviter les problèmes, il est suggéré de trouver un guichet du réseau PLUS ou Cirrus. En plus des frais de service habituels, des frais d’accès au réseau de 3$ à 5$ s’ajouteront à chaque retrait. L’exploitant propriétaire du guichet pourrait également imposer une surcharge de quelques dollars. 

Notons que certains claviers de guichets bancaires ne permettent pas d’entrer le NIP en lettres. Mieux vaut retenir son NIP en chiffres afin de ne pas se faire prendre de court. Par ailleurs, si vous optez pour une avance de fonds en devises, les frais d’intérêt vont courir dès le premier jour de la transaction au guichet. À ce taux d’intérêt qui oscille autour de 20%, il faudra ajouter des coûts de transaction avoisinant 4$ (gratuit chez Desjardins). 

Il peut donc être utile d’accéder à l’étranger à votre compte bancaire en ligne pour effectuer des virements, régler vos factures à distance et même rembourser votre demande d’avance de fonds le même jour où vous l’avez effectuée. Il vous suffit d’avoir un téléphone intelligent ou encore d’avoir Internet où vous logez. 

Cartes de crédit: frais de conversion

Dès que vous payez en devises avec votre carte de crédit, vous devez payer aussi des frais de conversion d’environ 2,5% par transaction. Avant l’automne 2014, ces coûts étaient souvent cachés aux consommateurs à même le taux de change. Un jugement de la Cour suprême du Canada oblige maintenant les entreprises de carte de crédit à détailler clairement à leurs clients ces frais. 

Comme le rappelle l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC), la méthode de conversion varie selon l’émetteur de la carte de crédit et la devise étrangère échangée. Il faut donc lire sa convention de carte de crédit ou interroger l’émetteur. Certains convertissent directement en dollars canadiens, d’autres vont d’abord convertir les devises en dollars américains puis en dollars canadiens. Ces frais de 2,5% s’appliqueront sur le montant après la conversion. Quant au taux de change utilisé, c‘est celui qui sera en vigueur le jour de l’opération. 

Pour mettre un peu de baume sur tous ces frais, il existe au Canada quatre cartes de crédit qui ne facturent rien sur les transactions en devises étrangères. Elles sont émises par la banque JP Morgan Chase et elles offrent des primes de toutes sortes. 

Ces cartes* que l’on peut se procurer en ligne ou par téléphone sont: 

  • Visa Récompenses Amazon.ca (aucuns frais annuels, points et remises en argent); 
  • Visa Marriott Rewards (aucuns frais la première année, 120$ par la suite, nuitées gratuites); 
  • MasterCard Services financiers Sears (aucuns frais annuels, points Club Sears); 
  • MasterCard Voyage Services financiers Sears (frais annuels de 39$, points Club Sears et Voyage Sears). 

* Le taux d’intérêt annuel applicable est de 19,99%.

Changer des devises

Le taux de change que vous propose la banque ou le bureau de change n’est évidemment pas le même si vous achetez ou si vous vendez des devises. Cet écart sera plus ou moins grand selon la devise du pays et selon l’institution financière. 

Si vous souhaitez acheter des devises avant de partir en voyage, sachez qu’il sera moins coûteux de changer vos dollars canadiens en devises américaines qu’en pesos mexicains, par exemple. Des bureaux de change, comme Universal ou Globex 2000, ont souvent des frais de conversion inférieurs aux grandes banques. Il faut donc magasiner quelques jours avant de partir. À ces frais, certains ajouteront des coûts de transaction de quelques dollars. 

Quand il s’agit de l’euro, de la livre anglaise ou du dollar américain, on peut directement se les procurer avant de partir. Dans certains pays plus exotiques comme la Russie ou même en Amérique du Sud, le dollar américain demeure la devise la plus simple à changer une fois sur place. 

Vu l’absence de concurrence dans les bureaux de change et les succursales bancaires des aéroports et des aérogares, les taux de change y sont beaucoup moins compétitifs. Il vaut donc mieux s’éloigner de quelques rues ou encore changer de quartier pour convertir ou acheter des devises. 

Mais la meilleure façon d’éviter des frais élevés, c’est de limiter le nombre de transactions, autrement dit de retirer peu souvent de grosses sommes. On s’assure ensuite de conserver ses billets de banque dans une ceinture portefeuille à l’abri des regards. On peut aussi garder les surplus dans le coffre-fort de l’hôtel. 

Conversion dynamique de devises

Depuis quelques années, certains guichets automatiques à l’étranger de même que plusieurs commerces et restaurants proposent aux touristes de convertir le montant de leur achat en dollars canadiens, dans le cas de voyageurs québécois. Le terminal de paiement reconnaît ainsi le pays d’origine de la carte. 

Bien que ce service appelé «conversion dynamique de devises» permette au visiteur de connaître le montant en dollars canadiens de son achat, il n’offre pas des conditions avantageuses. Les taux de conversion et les frais de change sont souvent beaucoup plus élevés. Il vaut donc mieux payer en monnaie locale. 

En voyage, il est somme toute utile d’avoir à sa disposition plusieurs sources de paiement afin d’éviter les mauvaises surprises. En cas de pépin, on s’assure également d’avoir sous la main les numéros de téléphone pour joindre en tout temps l’émetteur de ses cartes ainsi que son banquier.

Les cartes de crédit prépayées

Les cartes prépayées sont devenues populaires ces dernières années. En plus de les offrir en cadeaux, on peut également les utiliser en voyage. Elles sont vendues comme des cartes de crédit puisqu’elles offrent des protections équivalentes en cas d’utilisation non autorisée. La Visa ou MasterCard prépayée avec votre propre argent serait donc plus sécuritaire que du comptant. On transfère d’abord des fonds en chargeant sa carte prépayée. On peut ensuite effectuer des paiements ou des retraits partout où Visa ou MasterCard est acceptée, de même que dans tous les guichets automatiques Visa ou Réseau PLUS et, dans le cas d’une MasterCard, dans les guichets Maestro ou Cirrus. Il n’y a évidemment pas de frais d’intérêt, mais des frais annuels qui sont variables. Ces frais seront déduits à la date d’anniversaire de l’achat de la carte. Par exemple, la Visa prépayée de la Banque Scotia facture 10$, alors que la MasterCard BMO pour voyage et la carte prépayée Visa Desjardins coûtent 6,95$. Les fonds ne sont pas assurés par la Société d’assurance-dépôts du Canada puisqu’ils ne sont pas considérés comme des dépôts. Ces cartes sont presque toutes offertes en dollars canadiens. Quand on les utilise à l’étranger, on paie des frais de conversion de 2,5% par transaction. 

L’entreprise Cash Passport offre également des cartes de voyage prépayées MasterCard. Elles permettent de faire des paiements à l’étranger, sont munies d’une puce et protégées par un NIP. Ces cartes sont offertes en plusieurs devises: euros, dollars américains et canadiens et livres anglaises. On peut s’en procurer une et ultérieurement la renflouer en se présentant dans un point de vente: bureau de change, banque et agent de voyages participant. 

Les frais de transactions varient selon la devise. On peut vous faire payer pour des retraits au guichet, de même que si votre carte demeure inactive durant 1 an. Si vous dépensez dans une autre devise que celle facturée sur la carte, vous paierez des frais de conversion de 5%; aussi, mieux vaut l’utiliser dans la devise du pays visité… Vous pouvez encaisser votre carte en tout temps, mais vous payerez des frais d’annulation. 

L’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) invite les consommateurs à se renseigner quant aux différents types de frais et aux conditions d’utilisation de ces cartes. La facture pourrait être salée si vous ne faites pas attention. Par exemple, les institutions financières sous réglementation fédérale qui émettent ces cartes prépayées ne peuvent fixer une date d’expiration sur les fonds qui sont versés sur la carte. Les exceptions: les cartes promotionnelles, programmes de fidélisation ou de récompense.

Quelques conseils de Rick Steves avant de partir

Avant votre départ, appelez votre banque et l’émetteur de votre carte de crédit afin de les aviser du lieu et de la durée de votre séjour. Profitez-en pour leur demander: 

  • Mes cartes fonctionneront-elles dans les pays que je compte visiter? 
  • Quels frais me facturez-vous sur mes retraits ou mes achats? S’agit-il de frais fixes, d’un pourcentage ou des deux? 
  • En plus du taux de change, quels sont les autres frais de conversion? 
  • Si je perds ma carte de crédit ou de débit, quelle est ma part de responsabilité? 
  • En cas de problèmes, quel numéro de téléphone dois-je composer pour avoir de l’aide? 
  • Carte de débit: quelle est ma limite quotidienne de retrait (changez-la si nécessaire)? 
  • Carte de débit: lesquels de vos partenaires me permettront de limiter mes frais au guichet automatique? 

Si vous n’avez pas de NIP sur votre carte de crédit, demandez-en un puisque plusieurs pays le requièrent. 

Source: Rick Steves, auteur de guides de voyage en Europe, animateur de télé et de radio. www.ricksteves.com

Vous voulez en savoir plus?

Convertisseur de devises de la Banque du Canada 

Pour comparer les frais des cartes de crédit avec l’outil de sélection de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada

Pour localiser un guichet automatique MasterCard, Maestro ou Cirrus

Pour localiser un guichet automatique Visa, Réseau PLUS (en anglais seulement)

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