La radiothérapie est une forme ciblée de traitement utilisée pour près de la moitié des patients atteints d’un cancer. En général, elles sont effectuées à l’aide de rayons X focalisés. Comme ces rayons traversent les tissus, les organes et tissus sains peuvent se trouver exposés aux radiations.
La protonthérapie est plus précise, car elle permet de mieux concentrer le rayonnement sur la tumeur, réduisant ainsi les effets secondaires. Elle n’est toutefois pas offerte au Canada. À l’heure actuelle, l’accès à ce traitement clé contre le cancer est difficile pour la population canadienne.
Les avantages de la protonthérapie sont particulièrement importants pour les enfants, les adolescents et les jeunes adultes, car ils peuvent vivre longtemps une fois leur cancer guéri. Le médulloblastome, par exemple, est un cancer du cerveau agressif dont peuvent souffrir les jeunes. On le traite généralement par radiothérapie du cerveau et de la colonne vertébrale, ce qui peut engendrer des troubles cognitifs.
Pour ces malades, la protonthérapie réduit l’exposition aux rayonnements d’autres organes, dont le cerveau, ainsi que la thyroïde, le thorax, l’abdomen et le bassin. Cela permet une meilleure fonction cognitive et moins d’effets secondaires à long terme pour les personnes qui reçoivent la protonthérapie par rapport à celles avec un traitement aux rayons X (photons).
Bien que la protonthérapie soit plus coûteuse que la radiothérapie par photons, des études ont démontré sa rentabilité à long terme pour le médulloblastome. Dans une étude portant sur plus de 1 000 adultes atteints d’autres types de cancer localement avancé, la protonthérapie a entraîné moins d’hospitalisations non planifiées.
Les lignes directrices canadiennes indiquent que des personnes qui souffrent de nombreux cancers pourraient bénéficier de la protonthérapie, notamment pour divers types de tumeurs du cerveau, de la tête et du cou ainsi que des tissus mous. En outre, des études en cours évaluent la protonthérapie pour d’autres parties du corps, comme la prostate et le sein.
Actuellement, le Canada est le seul pays du G7 où l’on ne trouve pas de clinique de protonthérapie médicale. Aux États-Unis, de nombreux établissements la proposent.
Au Royaume-Uni, la protonthérapie est offerte depuis 2018. L’Australie est en train de construire un centre qui devrait ouvrir ses portes en 2025. Parmi les autres pays ayant accès à la protonthérapie, on compte 13 pays d’Europe, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, l’Inde, l’Arabie saoudite, Singapour et la Thaïlande.
Les Canadiens peuvent recevoir un traitement à l’étranger
En tant qu’oncologues, nous recommandons la protonthérapie à un grand nombre de nos jeunes patients souffrant de cancers curables. Des chercheurs britanniques estiment que jusqu’à 15 % des patients atteints de cancers curables pourraient bénéficier de la protonthérapie. Étant donné l’impossibilité de la recevoir ici, les Canadiens qui en ont besoin doivent se rendre à l’étranger pour obtenir ce traitement nécessaire contre leur cancer.
Bien que plusieurs provinces prennent en charge les coûts du traitement sur présentation d’une requête, le fait de devoir se rendre à l’étranger engendre de nombreux obstacles aux soins, tels que :
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délais liés à l’évaluation et à l’approbation par l’assurance provinciale ;
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manque de financement pour les déplacements, les hôtels ou les repas dans certaines provinces ;
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absence de passeport canadien ou de visa ;
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condition après une opération du cancer empêchant de quitter le pays ; et
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impossibilité de s’absenter du travail en raison de difficultés financières.
Les patients qui sont en mesure de voyager à l’étranger mentionnent avoir ressenti un niveau de stress élevé et un sentiment d’isolement. L’existence d’un centre de protonthérapie au Canada atténuerait ce stress.
Progrès au Canada
En 2016, le Québec a annoncé un partenariat avec une entreprise de soins de santé privée pour la construction d’une clinique de protonthérapie indépendante à Montréal.
Toutefois, certains ont soulevé des préoccupations quant aux coûts d’un partenariat privé-public et à la capacité d’un tel établissement à prendre en charge des patients complexes, tels que des enfants malades. L’incidence positive sur le plan financier d’un centre de traitement par protons dans le système public a été évaluée par le Centre universitaire de santé McGill, et le ministère de la Santé du Québec a manifesté un regain d’intérêt pour un tel projet.
Il est admis que le coût par personne de la protonthérapie serait moins élevé si on pouvait l’obtenir au Canada. En 2022, le gouvernement de l’Ontario a annoncé un financement public pour la planification et la conception d’une installation de protonthérapie à Toronto ; les travaux de planification sont en cours.
Cancer Care Alberta a récemment publié des recommandations concernant les personnes susceptibles de bénéficier d’une protonthérapie. Parallèlement, un groupe caritatif s’est montré intéressé par une collecte de fonds en vue de la création d’un centre à Edmonton.
Les médecins et les malades canadiens attendent avec impatience le jour où l’on pourra recevoir ce traitement de pointe sans avoir à se déplacer à l’étranger.
L’accès à la protonthérapie donnerait également aux chercheurs canadiens la possibilité de collaborer à des études scientifiques à l’échelle mondiale. Cela éviterait au Canada de prendre du retard dans les traitements de pointe et nous permettrait de faire partie des nations qui peuvent offrir ce traitement clé contre le cancer.
Cet article a été coécrit par le Dr Carol Oliveira, radio-oncologue au Centre de cancérologie des Cèdres et au Centre universitaire de santé McGill, à Montréal (Québec).
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.
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