Vous n’avez généralement pas de difficulté à vous confier à autrui, mais quand vous vous retrouvez dans le bureau du médecin, l’angoisse et la gêne s’emparent de vous, et vous êtes incapable de communiquer efficacement. Vous avez peur d’ennuyer le médecin avec vos questions, et pourtant, une fois dehors, vous avez le sentiment de ne pas avoir pu parler de ce qui vous préoccupe vraiment.
La qualité des soins médicaux que vous recevez dépend autant de vous que de votre médecin. Les recherches révèlent qu’une relation harmonieuse entre le patient et son médecin, fondée sur une communication claire et complète, réduit le risque que des indices diagnostiques importants passent inaperçus. Elle favorise aussi une meilleure prise en charge de problèmes médicaux comme le diabète et l’hypertension, sans compter que le patient se sent moins angoissé et plus satisfait.
Nous avons demandé à cinq experts de nous suggérer des moyens de tirer le meilleur parti d’une consultation médicale.
Prenez des notes
Même si vous ne prévoyez pas voir votre médecin prochainement, vous pouvez dès maintenant prendre des mesures pour faciliter votre prochain rendez-vous. Comment? «En rédigeant deux documents simples», indique la Dre Catherine MacLean, professeure et chef de service à la Faculté de médecine de l’Université de Calgary.
D’abord, sur une carte que vous pouvez glisser dans votre portefeuille ou dans votre sac, inscrivez chaque médicament que vous prenez régulièrement– médicaments d’ordonnance, vitamines, produits en vente libre, produits naturels, suppléments à base de plantes médicinales et tout autre remède alternatif. (N’oubliez pas d’indiquer la dose et la fréquence associées à chaque produit.) «Il est important d’inclure tous les produits vendus sans ordonnance, explique la Dre MacLean, car ils interagissent avec les médicaments traditionnels». Quelquefois, le médecin sera ainsi amené à analyser autrement les causes possibles d’un problème ou à modifier le traitement du patient en raison d’un risque d’interaction.
Ensuite, il est également utile d’établir une liste chronologique de vos principaux problèmes de santé et des chirurgies que vous avez subies. «Votre médecin de famille est probablement déjà au courant de vos antécédents médicaux, mais si vous vous retrouvez aux urgences ou dans une clinique sans rendez-vous, ou que vous consultez un spécialiste, il sera pratique d’avoir cette information à portée de la main», ajoute la Dre MacLean.
Analysez vos symptômes et classez vos problèmes par priorité
Malgré les tests très perfectionnés qui existent aujourd’hui, bon nombre de diagnostics médicaux reposent encore sur les antécédents du patient, c’est-à-dire ce que vous dites à votre médecin. Songez aux questions qu’il ou elle pourrait vouloir vous poser et préparez vos réponses. Vous pourrez ainsi en arriver plus vite au fait. «Si vous avez de la difficulté à répondre aux questions qu’on vous pose, alors vous perdez votre temps», explique la Dre Sharon Salloum, professeure clinicienne agrégée de médecine familiale à l’Université de la Colombie-Britannique, à Vancouver.
Quelles sont donc les questions à considérer avant de prendre rendez- vous?
Supposons, par exemple, que vous ayez mal au genou.
- Quand la douleur a-t-elle commencé?
- Est-ce la première fois que vous avez cette douleur ou l’avez-vous déjà ressentie?
- La douleur est-elle vive, sourde ou lancinante?
- La douleur disparaît-elle par moments ou est-elle constante?
- Se manifeste-t-elle à un moment précis de la journée, au lever par exemple?
- Augmente-t-elle ou diminue-telle quand vous pratiquez certaines activités?
- L’apparition de la douleur a-telle coïncidé avec autre chose? Peut-être cette randonnée que vous avez faite en vacances?
- Quel impact la douleur a-t-elle sur votre vie? Avez-vous de la difficulté à vous lever le matin parce la douleur perturbe votre sommeil?
- La douleur vous empêche-t-elle de vaquer à vos activités quotidiennes?
«Mon expérience m’a appris que répondre à ces questions demande qu’on s’y arrête un peu; il vaut mieux aussi consigner ses réponses au fil de la journée», explique la Dre Angela Towle, codirectrice de la Division of Health Care Communication de l’Université de la Colombie-Britannique, qui anime des ateliers visant à améliorer la communication patient-médecin.
Classez vos problèmes par ordre de priorité
Vous pouvez aussi réfléchir aux objectifs que vous espérez atteindre durant la consultation. Si vous souhaitez discuter de plusieurs sujets, notez-les par ordre d’urgence ou d’importance, parce que vous ne pourrez peut-être pas aborder toutes ces questions au cours d’une seule visite.
Apportez aussi…
En plus de votre liste de médicaments et des notes que vous avez prises (y compris vos questions), la Dre Elisabeth Gold, médecin de famille et chargée de cours adjointe à l’Université Dalhousie, à Halifax, vous suggère d’apporter un stylo et du papier à votre prochain rendez-vous. «La rencontre donnera ainsi lieu à un échange d’information, car si vous êtes comme moi, vous voudrez prendre des notes pour vous souvenir de ce qui a été dit, souligne-t-elle.
«Si vous avez des questions à la suite de recherches effectuées dans Internet, apportez une copie de la page Web pertinente – votre médecin apprendra peut-être quelque chose de neuf ou pourra vous aider à évaluer la fiabilité de cette source», ajoute la Dre Gold. Mais limitez-vous à une page ou deux, car votre médecin n’aura probablement pas le temps d’en lire plus. Et gardez l’esprit ouvert, même si vous pensez avoir trouvé la source du problème. «Sauter trop vite aux conclusions peut retarder l’établissement d’un bon diagnostic, avise la Dre Catherine MacLean. Les patients, pas plus que les médecins, ne devraient porter un jugement prématuré.»
Jouez cartes sur table
En arrivant à la consultation, lisez votre liste de questions et indiquez à votre médecin quels sujets vous inquiètent le plus ou vous semblent les plus urgents. Vous éviterez ainsi de garder un point potentiellement important pour la fin, quand le médecin n’aura peut-être plus assez de temps pour y accorder l’attention qu’il faudrait. Si vous avez une longue liste de problèmes ou de questions, votre médecin et vous devrez aussi peut-être faire un choix entre les sujets à traiter maintenant et ceux que vous aborderez lors de prochains rendez-vous. En exprimant clairement que vous consentez à fonctionner de cette façon avant de vous lancer dans une longue liste de sujets, vous pourrez éviter d’éventuels malentendus.
Le Dr Robert Woollard, professeur à la Légion royale canadienne et chef de la médecine familiale à l’Université de la Colombie-Britannique, recommande d’adopter le comportement suivant si vous souhaitez discuter de plusieurs problèmes de santé. «En disant: “Ce problème est le plus urgent pour moi aujourd’hui, mais j’aimerais que nous convenions d’un plan pour discuter des autres sujets dans l’avenir”, vous montrez clairement au médecin que vous ne vous attendez pas à ce qu’il ou elle vous consacre tout son après-midi et vous instaurez un climat émotionnel plus harmonieux», explique-t-il.
Gardez cependant à l’esprit que le symptôme ou le problème qui vous semble le plus important n’est pas nécessairement le plus urgent sur le plan médical. «Si le patient et son médecin de famille ont une bonne relation, ils arriveront assez rapidement à établir les priorités», ajoute-t-il.
S’exprimer en toute franchise signifie aussi dévoiler ses peurs. «Même si un sujet vous gêne ou que vous avez peur d’en parler, vous devez vous confier à votre médecin», recommande la Dre MacLean. En effet, des études ont démontré que lorsque le patient n’est pas entièrement sincère à propos de son état, une fois sur deux, lui et le médecin ne sont pas d’accord sur le diagnostic.
L’honnêteté est la meilleure attitude à adopter quand vient le temps de révéler vos symptômes, problèmes et habitudes de vie, même si cette idée vous rend mal à l’aise. Sinon, il manquera peut-être un indice important à votre médecin ou alors vous raterez peut-être l’occasion de traiter un symptôme qui vous rend la vie misérable. Par exemple, dans le cas de la dysfonction érectile, il existe plusieurs traitements qui permettent de rétablir la fonction sexuelle. Aussi, comme les problèmes d’érection sont souvent la manifestation précoce d’un trouble vasculaire situé ailleurs dans le corps, le médecin sera en mesure de traiter un problème latent avant qu’il ait des conséquences plus graves.
Soyez curieux
«Les patients qui posent plus de questions obtiennent plus d’information, indique la Dre Angela Towle. Mieux vous comprendrez votre état et les traitements possibles, mieux vous serez en mesure de prendre des décisions éclairées et de vous conformer à un plan thérapeutique.
Que faut-il donc demander? Si vous recevez un nouveau diagnostic, la Dre Catherine MacLean suggère les trois questions suivantes: quel est mon problème?, que dois-je faire pour le régler?, pourquoi est-il important que je prenne ces mesures? Vous pouvez aussi demander au médecin de vous fournir de la documentation sur votre état ou de vous indiquer où vous pouvez trouver cette information.
Si votre médecin vous a prescrit un médicament, vous pouvez lui demander combien de temps il faudra avant que vous constatiez une modification de vos symptômes, comment prendre le médicament, quels sont les effets secondaires possibles et ce que vous devez faire si ces effets secondaires apparaissent. (Votre pharmacien est aussi une excellente personne-ressource si vous avez des questions supplémentaires.)
On ne le répétera jamais assez!
«De nombreuses observations montrent que, bien souvent, les patients ne comprennent pas ce qu’on leur dit. Il est donc très important de vérifier que vous avez bien saisi. Pour vous assurer de bien comprendre ce que vous devez faire, résumez dans vos propres mots ce qui a été dit, conseille la Dre Towle. Par exemple: “Puis-je vérifier que j’ai bien compris? Je dois prendre ce médicament trois fois par jour, je dois revenir dans deux semaines et, d’ici là, je dois prendre rendez-vous dans un laboratoire.” De cette façon, l’information s’inscrira dans votre cerveau et le médecin verra également si vous avez compris ou non.»
Quels comportements des patients irritent le plus les médecins?
- L’information incomplète. Beaucoup de patients, parce qu’ils refusent de reconnaître la réalité ou veulent simplement que leur médecin ait une bonne opinion d’eux, passent rapidement sur certaines habitudes potentiellement dangereuses comme le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, la combinaison de médicaments d’ordonnance avec des produits en vente libre ou avec des médicaments alternatifs, ou alors s’abstiennent complètement de les mentionner.
- Le non-respect du traitement. Les médecins sont souvent frustrés quand les patients acceptent un plan de traitement – par exemple, faire plus d’exercice ou prendre certains médicaments –, mais n’agissent pas.
- Des attentes irréalistes. Les médecins assument généralement leurs frais généraux et sont remboursés par le gouvernement selon un tarif à la consultation. Cela veut donc dire qu’ils doivent limiter la durée de leurs consultations s’ils ne veulent pas faire faillite. Les médecins peuvent se sentir coincés émotionnellement et financièrement devant les attentes irréalistes de certains patients. Par exemple, le patient qui parle de problèmes mineurs durant un rendez-vous d’urgence de dernière minute; qui intègre dans son rendez-vous un autre membre de sa famille; ou encore qui s’attend à ce que le médecin parcoure le document Internet de 100 pages qu’il a téléchargé.
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