À l’approche des Fêtes, nous sommes nombreux à trinquer en famille et entre amis. Mais que savons-nous réellement des effets de l’alcool sur notre organisme? Voici quelques pistes d’information.
Comment réagit le corps à l’alcool?
La réponse est multifactorielle. «Cela varie d’une personne à l’autre selon différents critères comme le sexe, l’état de santé, les habitudes de consommation et la quantité d’alcool consommée», affirme la Dre Catherine de Montigny, spécialisée en médecine des toxicomanies au Centre hospitalier de l’Université de Montréal. L’alcool agit de plusieurs façons sur notre organisme, d’où une variété de réactions possibles.
À COURT TERME
Une série d’effets pas tous agréables:
• euphorie ou effet de relaxation;
• vue brouillée;
• réactions ralenties;
• émotions exacerbées;
• somnolence;
• nausées ou vomissements;
• pertes d’équilibre et difficulté à marcher;
• élocution difficile;
• troubles de l’attention, de la concentration et du jugement;
• déprime ou colère;
• pertes de mémoire;
• intensification des symptômes liés à la ménopause ou à l’andropause (bouffées de chaleur, insomnie, trouble de la mémoire).
À PLUS LONG TERME
La consommation d’alcool augmente le risque de développer plusieurs maladies graves, dont:
• certains cancers (colorectal, du sein, de la bouche, du pharynx, du larynx, de l’œsophage et du foie);
• une cirrhose, une pancréatite, voire d’autres maladies gastro-intestinales;
• des maladies infectieuses (pneumonie, tuberculose);
• des maladies cardiovasculaires (hypertension artérielle, AVC, trouble du rythme cardiaque);
• l’épilepsie;
• des troubles cognitifs (démence, trouble de la mémoire);
• le diabète de type 2.
Sexe, génétique et santé
«Le métabolisme de l’alcool diffère d’un sexe à l’autr e: les femmes sont plus affectées en raison de leur pourcentage de gras plus élevé que chez les hommes», explique la Dre de Montigny.
La génétique a aussi son rôle à jouer, car les enzymes, les hormones et les neurotransmetteurs influencent la façon dont l’alcool interagit avec les organes. «L’état de santé général et la prise de médicaments affectent aussi le métabolisme de l’alcool, tout comme le fait d’avoir mangé ou pas. Il est toujours préférable de ne pas avoir l’estomac vide quand on prend une consommation», ajoute la médecin.
L’âge est aussi un facteur. Avec les années, le métabolisme ralentit et devient plus sensible aux effets de l’alcool. «À quantités égales d’alcool consommées, les personnes âgées obtiennent une alcoolémie plus élevée que ce qui est observé chez les plus jeunes», mentionne-t-on sur le site web d’Éduc’alcool, un organisme sans but lucratif qui œuvre à encourager une consommation éclairée. Cette réalité s’explique par le fait que l’organisme des aînés élimine moins efficacement l’alcool en raison du ralentissement de certains organes comme le foie, les reins et le cerveau.
«Il y a plein d’effets collatéraux auxquels on ne pense pas toujours, rappelle la Dre de Montigny. La consommation d’alcool augmente le risque de chute, qui est déjà bien plus grand avec l’âge. L’alcool peut aussi jouer un rôle dans les troubles neurocognitifs.»
Si l’ivresse permet parfois de sombrer dans un sommeil de plomb, elle est loin de garantir une bonne nuit. En effet, la consommation d’alcool affecte la qualité du sommeil et peut aggraver les symptômes de l’apnée du sommeil, de même que l’insomnie. «La personne peut s’endormir rapidement, mais elle ne profitera pas d’un sommeil réparateur, explique la Dre de Montigny. L’alcool empêche notamment les états de sommeil plus profonds.»
Qu’est-ce qu’une consommation modérée?
Si la modération a bien meilleur goût, encore faut-il savoir à quoi elle correspond. «Il faut individualiser cette question-là, affirme la Dre de Montigny. Même une consommation qu’on considère à faible risque en comporte. Chaque personne doit se demander quel genre de risque elle est prête à prendre et quelles sont les conséquences de
sa consommation tant sur sa sécurité que sur sa santé physique et mentale. C’est important de prendre conscience de sa consommation. C’est à chaque personne d’en discuter avec un professionnel de la santé pour voir ce qui, pour elle, représente un faible risque.»
En 2023, le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS) a recommandé les quantités suivantes dans un rapport remis à Santé Canada:
- Risque faible: 1 ou 2 verres standards par semaine.
- Risque modéré: 3 à 6 verres standards par semaine.
- Risque de plus en plus élevé: 7 verres standards ou plus par semaine.
Un verre standard, c’est…
- 140 ml (5 oz) de vin (12% d’alcool).
- 340 ml (12 oz) de bière, de cidre ou de prêt-à-boire (5% d’alcool) 45 ml (1,5 oz) de spiritueux (40% d’alcool).
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