La grippe qui aura causé le plus d’inquiétudes en 2024 aura été aviaire. Et c’est aussi elle qu’il faudra surveiller en 2025: ces dernières semaines, on en était au point où des experts jugeaient qu’il ne lui manquait peut-être plus grand-chose pour acquérir la capacité de se répandre chez les humains.
Un quart de siècle après avoir été pour la première fois observée chez de la volaille à Hong Kong, et trois ans après avoir commencé à infecter des dizaines d’espèces de mammifères aux quatre coins du monde, la grippe H5N1 s’est en effet répandue, depuis mars dernier, dans des élevages bovins aux États-Unis, augmentant du coup ses contacts quotidiens avec des humains.
Ce qui n’arrange rien, c’est que depuis mars dernier, les fermiers américains ont été souvent hostiles à l’idée de laisser les vétérinaires effectuer un dépistage systématique chez leurs animaux ou leurs employés, ce qui n’a donné qu’une idée partielle de la dispersion du virus. En date du 11 décembre, on comptait officiellement 58 cas de H5N1 chez des Américains, dont 32 en Californie. La plupart n’ont eu que des symptômes bénins.
Mutation et contamination communautaire?
Dans deux cas, ainsi qu’un autre en Colombie-Britannique, —qui, lui, a dû être hospitalisé en novembre dans un état critique— il s’agissait de jeunes qui n’avaient eu aucun contact connu avec une ferme, laissant craindre une contamination «communautaire» —c’est-à-dire par un proche, et non par un animal. Ce dernier détail est un rappel qu’un virus peut se transmettre d’un animal à un humain et arrêter là sa course, parce qu’il n’a pas la capacité de se transmettre chez cette nouvelle «espèce».
Mais le scénario du pire craint par les épidémiologistes, c’est qu’il suffirait d’une mutation pour que le H5N1 soit bientôt capable de se transmettre chez les humains. Une recherche parue au début de décembre dans la revue Science identifiait précisément cette mutation possible, dans une protéine qui se trouve à la surface du virus, mutation qui l’aiderait à «s’accrocher» aux cellules humaines.
On ignore si la mutation va bel et bien survenir un jour. Mais elle renforce la nécessité, en 2025, d’un dépistage systématique dans les élevages bovins, une chose qui, en 2024, est demeurée théorique.