Périple à l’autre bout du monde, trek d’une semaine en montagne, marchethon de 5 km, découverte de Charlevoix à vélo… Quel que soit le challenge qui nous tente, mieux vaut s’y préparer. Et se donner ainsi toutes les chances de le relever en beauté!
L’été dernier, Hélène a souligné son 70e anniversaire de bien belle façon: elle a parcouru le Circuit de l’abbaye [Saint-Benoît-du-Lac], dans les Cantons-de-l’Est. Une randonnée de 10 jours sur la route. «Il n’y avait pas de grandes difficultés sur le trajet, sauf peut-être la chaleur. Mais pour moi qui n’étais pas une grande marcheuse, ç’a été tout un défi!»
Fierté, sentiment d’accomplissement, bien-être… Autant de répercussions positives après l’atteinte de son objectif. «J’étais accompagnée d’une amie et, maintenant, on pense faire les chemins de Compostelle pour mes 75 ans!» Hélène sait cependant qu’elle aura beaucoup de préparation en amont, tout comme elle s’y était astreinte six mois environ avant son Circuit de l’abbaye. «Ça me donne le sentiment de bien vivre ma vie, d’en profiter pleinement aujourd’hui encore.»
Je me prépare physiquement
La première chose qu’Hélène a faite? Parler de son défi à son médecin, qui l’a fortement encouragée, d’ailleurs! La septuagénaire était en assez bonne santé et sans problème particulier: elle pouvait se lancer. Avec l’aide d’un kinésiologue recommandé par son amie, Hélène a bénéficié d’un plan d’entraînement complet et personnalisé. «Il incluait de la marche, et même un peu de course, mais surtout beaucoup d’exercices de musculation, car c’était ma grande faiblesse.»
Une consultation avec un kinésiologue permet d’obtenir une analyse complète de notre corps et d’apprendre ce qu’on doit travailler davantage. «À la base, je suis en très bonne santé, mais je consulte quand même un spécialiste lorsque je me lance un défi particulier», raconte Lydiane St-Onge, fondatrice du populaire blogue Lydiane autour du monde et depuis peu ambassadrice du Challenge SRC, ces voyages caritatifs dont les profits sont versés à la Société de recherche sur le cancer. La thématique «Merveilles du monde» a été choisie pour souligner le 10e anniversaire du Challenge, en 2020. Lydiane arpentera ainsi la Grande Muraille de Chine en septembre 2019 avec les participants (inscriptions encore possibles!): «C’est un défi exigeant, dit-elle, mais à la portée de tout le monde.» À condition, bien sûr, d’être bien préparé.
À chacun son programme
Quel que soit notre objectif, il n’existe pas d’entraînement type; chaque personne est unique. Oui, le vieillissement du corps a un impact: la capacité cardiovasculaire peut diminuer, la force, la flexibilité et la coordination aussi. Mais une chose est sûre: plus on est actif, plus on retarde ces effets. Notre bagage génétique, notre mode de vie, le fait de s’être déjà entraîné… tout cela fera en sorte que chaque personne entraînera son corps différemment, selon son profil et son défi.
«En règle générale, cependant, cet entraînement se fera un peu en entonnoir, explique Chantal Daigle, de la Clinique de kinésiologie de l’Université de Montréal et préparatrice physique pour les Carabins, le plus important programme de sport universitaire francophone en Amérique. On commence par s’entraîner de façon globale (cardio, musculation, flexibilité, etc.), tout en portant une attention particulière à nos faiblesses et en travaillant pour les améliorer. Plus le moment du défi approche, plus on cherchera à le reproduire, en tenant compte des conditions dans lesquelles on le réalisera, comme la chaleur, l’altitude ou l’équipement requis.»
Pour Mylène Aubertin-Leheudre, professeure au département de kinanthropologie de l’UQAM et chercheuse à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, ce n’est certainement pas parce qu’on avance en âge qu’on ne doit pas faire d’efforts: «Bien entendu, on doit respecter nos limites. Mais si on est en bonne santé, l’entraînement peut être aussi intense que celui de quelqu’un de 35 ans. Contrairement à ce que certains pourraient croire, quand on est plus âgé, on s’adapte et on progresse souvent rapidement. On bénéficie beaucoup, par exemple, des entraînements par intervalles.»
Nul besoin, donc, de ménager nos efforts, tout en y allant progressivement, en laissant à notre corps des périodes de récupération (aussi importantes que l’entraînement) et en mangeant correctement. «Avoir un bon régime alimentaire est évidemment essentiel, confirme Chantal Daigle. Une consultation avec une nutritionniste en vaudrait peut-être d’ailleurs la peine.»
On en parle à tout le moins avec notre médecin, pour s’assurer de ne pas avoir de carences et pour optimiser notre menu. Sans oublier de penser à notre alimentation durant l’épreuve! On prévoit un effort soutenu pendant au moins deux heures d’affilée? Il faudra alors manger et bien s’hydrater pendant l’activité. «Si on ne se prépare pas vraiment avant un défi physique, peut-être sera-t-on quand même capable de le relever, note Mme Aubertin-Leheudre, mais on court beaucoup plus de risques de se blesser, de se sentir très fatigué et de ne pas vivre, au bout du compte, une expérience agréable.»
Je me prépare mentalement
Notre corps répond bien à l’entraînement, on mange comme il faut, on se sent physiquement fort, mais notre mental rechigne un peu? Normal. D’après certains experts, la préparation mentale constitue 60 % du travail! Si l’objectif à atteindre nous semble parfois avoir l’allure d’une montagne infranchissable, ça ne signifie pas pour autant qu’il ne nous convient pas. On doit apprivoiser ce sentiment et le dompter. «Quand un défi me décourage par moments et qu’il me paraît vraiment difficile, je me dis: “Est-ce que je vais en mourir?” témoigne Lydiane St-Onge. Ça semble un peu bête, mais ça m’aide vraiment. Quel que soit le challenge que je m’apprête à relever, je n’en mourrai pas. Au contraire!» À chacun de trouver sa petite phrase clé: «Qu’est-ce qui peut m’arriver de pire?»; «Je suis capable!»; «L’échec serait de ne pas avoir essayé»…
Alors qu’elle avait l’habitude de voyager seule, Lydiane le fait de plus en plus souvent en groupe… et elle adore ça! «C’est très motivant. On rencontre des gens qui vibrent un peu comme nous, avec qui on a plus de chances d’avoir des affinités.» Des gens qui peuvent aussi nous encourager quand notre tête ne répond plus. Relever un défi en groupe ou avec un ami peut donc se révéler un atout important pour la motivation.
On entend aussi souvent dire que si on met la barre trop haute, le découragement risque de pointer rapidement. Vrai! Si on n’a jamais marché plus de 30 minutes d’affilée et qu’on veut courir un marathon l’été prochain parce que notre beau-frère coureur depuis 30 ans le fera, on aura beau avoir le meilleur plan d’entraînement, notre mental risque de le saboter assez vite! En revanche, il ne faut pas non plus capituler au moindre doute. L’idée est de constater l’existence du doute, d’accepter qu’il fasse partie de l’aventure… et de le remplacer peu à peu par un élément positif, notamment grâce à la méditation et à la visualisation.
De nombreuses recherches ont prouvé que la visualisation augmentait significativement les performances des athlètes olympiques. «Trop souvent, notre société véhicule l’idée qu’on doit éviter les efforts et prendre mille précautions parce qu’on vieillit, qu’on n’est plus vraiment apte à relever des défis, souligne Mylène Aubertin-Leheudre. À moins que notre état de santé soit vraiment déficient, ce n’est pas vrai. Si on a dépassé la soixantaine, on en vient parfois à le croire, à se sous-estimer, à penser qu’on ne sera pas en mesure se dépasser physiquement. Or, il faudrait au contraire croire en soi et se faire confiance. On est capable.»
Avant de me lancer
Se fixer un objectif de ce genre implique de se poser les bonnes questions au préalable, histoire d’éviter toute mauvaise surprise.
Ai-je vraiment choisi ce défi pour moi? Ou me suis-je plutôt laissé entraîner par des amis, parce que les autres attendaient ça de moi, parce que ce défi est tendance, etc.? Si l’envie ne vient pas d’abord de nous, on risque de perdre notre motivation rapidement et de ne pas retirer beaucoup de plaisir de notre expérience.
Mon médecin m’a-t-il donné le go? Notre état de santé est peut-être tout à fait correct, on a peut-être même vu notre médecin il y a à peine six mois, mais il faut néanmoins l’informer du projet qu’on envisage d’entreprendre. Certaines conditions non problématiques au quotidien sont parfois à prendre en considération selon la nature du défi, et des examens prévus pour plus tard méritent peut-être d’être devancés. Si on pense qu’un quelconque problème de santé nous empêche de procéder, alors qu’on pourrait y arriver avec des précautions déterminées par notre médecin, on fait le point avec lui à ce sujet.
Suis-je prêt à mettre toutes les chances de mon côté? Consulter un spécialiste, investir du temps et des efforts sur une base régulière, changer certaines habitudes de vie… Bref, bien mesurer l’ampleur du défi et de ses exigences est un gage de persévérance et de réussite.
Suis-je assez à l’écoute de mon corps? Être déterminé, motivé, fonceur, oui! Mais pas au point de négliger les petites alertes qui peuvent survenir, comme une fatigue soutenue, des douleurs musculaires persistantes ou de la difficulté à récupérer. Si on veut réellement que l’expérience soit agréable, on respecte les signaux que nous envoie notre corps: mieux vaut ralentir la cadence de l’entraînement, nous reposer et consulter notre médecin en cas de de fatigue ou de douleurs chroniques.
Ai-je envisagé toutes les issues possibles? Il se peut qu’on n’atteigne pas exactement l’objectif qu’on s’était fixé au départ, qu’on soit obligé de faire une croix sur notre défi, qu’on doive le remettre à plus tard, voire en changer complètement… Est-on à l’aise avec cette idée? Sinon, on y travaille. Et surtout, quelle que soit l’issue de notre démarche, on évacue tout de suite la notion d’échec, en tablant plutôt sur les aspects positifs de notre expérience. Il y en a toujours!
À consulter: Performer après 50 ans: comment rester en forme et compétitif tout au long de sa vie, de Joe Friel (éd. Talent Sport, 2018); Challenge SRC: sur le site societederecherchesurlecancer.ca, sous l’onglet «S’impliquer»; blogue de Lydiane St-Onge: lydianeautourdumonde.com.
Pourquoi relever un défi physique?
Ça donne une nouvelle perspective sur la vie en ouvrant nos horizons.
Ça motive, ça donne le goût de vivre et d’évoluer, ce qu’on n’a jamais fini de faire d’ailleurs… à 85 ans comme à 25!
C’est bon pour la confiance en soi et l’estime de soi.
C’est bénéfique pour la santé, tout simplement.
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