Avec ses pneus surdimensionnés, le VPS (ou fatbike) peut intimider certains cyclistes. Pourtant, ce vélo convient autant aux sportifs qui aiment gravir des montagnes qu’aux personnes en quête d’une activité physique amusante ou d’un moyen de transport en toute saison.
Gilles Duclos, 73 ans, est un passion- né de bicyclette. Lorsqu’il ne roule pas sur son vélo de route, de gravelle ou de montagne, il enfourche son vélo à pneus surdimensionnés (VPS ou fatbike), qu’il a récemment équipé d’une suspension indépendante à l’avant pour se prome- ner en forêt et en ville durant tout l’été.
L’achat de son premier VPS remonte à 2015 au Salon Info-Vélo de Québec. À l’époque, le gérant-propriétaire d’une boutique qu’il fréquente depuis long- temps lui dit qu’il a un beau vélo pour lui. «Il m’explique que c’est un fatbike et que c’est tout nouveau. Je l’ai examiné et je l’ai acheté. J’ai adoré l’expérience, même si j’ai passé plusieurs mois à me faire regarder comme un extraterrestre dans les sentiers de neige parce que c’était encore rare, un vélo comme ça.»
Une bouffée de joie
Émilie Pelletier est propriétaire de Tuque & bicycle expériences, une entreprise qu’elle a fondée pour entraîner les touristes, à vélo, en dehors de la zone touristique de la Basse-Ville du Vieux-Québec. «Quand la pandémie a commencé, j’ai décidé de me lancer dans l’initiation des Québécois au fat- bike. Au début, je me demandais dans quoi je m’embarquais, car je n’en avais jamais fait! Mais dès que j’ai donné mes premiers coups de pédales à l’hiver 2020, j’ai eu un rush de bonheur et je me suis demandé pourquoi personne ne m’avait suggéré d’essayer ça avant.»
Émilie raconte que les gens qui en font pour la première fois sont souvent nerveux, car ce vélo aux pneus dodus peut sembler inconfortable et déstabilisant. «Mais après quelques minutes sur la selle, ils trouvent ça plus facile que ce à quoi ils s’attendaient», dit-elle, en précisant que sa clientèle se compose d’hommes et de femmes de tout âge, incluant des gens qui font du vélo seulement à l’occasion.
Les grosses roues
Quel est le trait distinctif du VPS? Ses roues imposantes de 26 po, 27,5 po ou 29 po de diamètre, qui favorisent entre autres l’adhérence, la traction et la suspension. Cela dit, le plus important pour Émilie Pelletier, c’est la largeur des pneus. «Je prends toujours des pneus de 4,5 po, car plus ils sont larges, plus ils permettent de “flotter”.»
La pression des pneus est égale- ment cruciale et doit être ajustée selon le poids du cycliste et le type de surface où il se promène. En gros, plus on est lourd, plus les pneus doivent être gonflés; plus on est léger, moins on doit les gonfler. Quant au sol, s’il est mou (sable, terre boueuse ou neige non durcie), moins les pneus doivent être gonflés… et vice versa. Si les pneus cloutés peuvent s’avérer utiles durant l’hiver puisqu’ils offrent une meilleure traction sur la neige dure et la glace, ils peuvent être retirés au printemps lors- qu’on circule sur les pistes cyclables ou les pistes en poussière de pierre exemptes de racines protubérantes.
D’où vient-il?
Le vélo à pneus surdimensionnés a été développé à la fin des années 1980 en Alaska et au Nouveau-Mexique. Dans son livre Guide du fatbike – Le bonheur en gros format (Vélo Québec, 2019), l’ancien coureur cycliste Gilles Morneau explique que le VPS est un vélo de montagne muni de jantes et de pneus à crampons très larges, destiné aux sentiers ou aux terrains enneigés, sablonneux ou boueux.
Selon Émilie Pelletier, la confusion entre vélo de montagne et VPS vient du fait qu’ils sont tous deux utilisés en ter- rain montagneux. « Il y a deux types de cyclistes dans le monde du fatbike, dit- elle : ceux qui en font dans les centres de vélo de montagne et ceux qui s’en servent pour le simple plaisir de se promener près de chez eux ou pour se déplacer en hiver. Chez Tuque & bicycle expériences, les gens en font dans les rues du centre-ville de Québec pour commencer, et ils vont ensuite sur le bord de la rivière Saint-Charles, qui offre une piste multifonctionnelle de 9 km damée par la Ville. Il y a des petites montées et descentes, parfaites pour les débutants.»
La pratique du VPS en montagne est bien sûr plus exigeante physique- ment et il faut avoir un minimum d’expérience pour en tirer du plaisir. «N’importe qui sera essoufflé, et il faut aimer l’activité physique intense, précise Émilie. C’est aussi difficile de monter des côtes en fatbike qu’en vélo de montagne, mais la descente est tel- lement amusante!»
Pour initier les gens aux joies du VPS, Émilie conseille aux néophytes de suivre une formation pour ap- prendre la base du maniement, c’est- à-dire changer les vitesses, monter les côtes et manœuvrer dans la neige. Afin de se familiariser avec le sport, elle suggère d’aller dans un centre spé- cialisé en VPS, de consulter des sites internet ou de lire Le guide du fatbike, de Gilles Morneau.
Acheter ou pas?
La décision d’acheter un VPS dépend de l’utilisation qu’on en fera. Le coût moyen de location d’un vélo, d’un casque et de l’accès à un centre de vélo de montagne varie entre 40$ et 100$. «Si une personne en fait huit fois durant l’hiver, ça lui coûtera de 320$ à 800$ plus les taxes, estime Émilie Pelletier. Si on envisage l’achat, il faut savoir qu’un bon VPS coûte de 1800$ à 2000$, un montant auquel s’ajoutent ceux des accessoires, de l’entretien et du ran- gement si on n’a pas de place chez soi. Un passionné aurait donc intérêt à acheter.»
Émilie ajoute que les gens qui ont les moyens de s’acheter un VPS électrique devraient le faire. «Ce n’est pas parce qu’on a un moteur qu’on ne travaille pas, mais ça donne un petit coup de pouce. Au lieu de faire deux ou trois montées, on en fera peut-être quatre ou cinq. De quoi prolonger le plaisir.»
Autre recommandation de l’experte : suivre un cours de mécanique de base du vélo. Parmi les rudiments à acquérir: savoir comment réparer une crevaison, ajuster le dérailleur et la pression des pneus, et assurer l’entretien du vélo en hiver.
Au-delà de ces considérations techniques, Émilie insiste sur le fait que le VPS est vraiment accessible à tous et toutes, sans restriction d’âge. «Si on aime marcher dehors et qu’on mène une vie active, il faut absolument l’essayer au moins une fois.» Ne reste plus qu’à créer l’occasion!
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