Le mal de dos, des symptômes aux traitements

Le mal de dos, des symptômes aux traitements

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: freestocks.org via Unsplash

Entorse lombaire, sciatalgie, hernie discale, sténose spinale, spondylolisthésis, atteinte sacro-iliaque, le mal de dos peut prendre plusieurs formes. Comment faire face à la douleur? Quels traitements sont offerts? Peut-on éviter les maux de dos? Des réponses à vos questions.

On estime qu’entre 50 et 90% des gens souffriront d’un mal de dos à un moment ou à un autre de leur vie. Il s’agit de la deuxième cause de consultation après les infections respiratoires. Et de la première cause d’invalidité chez les plus de 45 ans. Suffisamment inquiétant pour qu’on s’y intéresse.

La colonne vertébrale

La colonne vertébrale est une structure osseuse constituée de 33 vertèbres superposées, à l’intérieur desquelles se trouve le canal rachidien qui protège la moelle épinière. De là partent les racines des nerfs. Entre chaque vertèbre se trouve un disque intervertébral contenant du tissu gélatineux. Le rôle des disques intervertébraux est de permettre la mobilité des vertèbres et d’amortir les chocs et les pressions. La colonne vertébrale est entourée de ligaments, de muscles et de tendons. Toutes ces structures peuvent jouer un rôle dans la naissance des maux de dos. 

Lombalgie ou dorsalgie? 

Les maux de dos sont dits lombaires ou dorsaux selon la zone douloureuse. La lombalgie désigne une douleur localisée au bas du dos, et la dorsalgie est une douleur ressentie entre les épaules et la taille. La majorité des maux de dos se situe dans la région lombaire, la partie la plus mobile et la plus sollicitée de la colonne vertébrale. 

Des maux fréquents 

Lumbago, entorse lombaire, hernie discale, sciatique… Ça vous dit quelque chose? Pour vous y retrouver, voici un tour de piste des problèmes souvent rencontrés. 

Entorse lombaire, sciatalgie et hernie discale.

Entorse lombaire

Communément appelée lumbago ou «tour de reins», l’entorse lombaire résulte souvent d’un étirement ou d’une déchirure ligamentaire, d’un spasme musculaire ou d’une micro-déchirure musculaire. Elle se produit notamment lors d’une mauvaise traction (faux mouvement) ou d’un mouvement de trop grande amplitude, durant une activité sportive par exemple. L’entorse lombaire se reconnaît par une douleur intense, le plus souvent soudaine, au bas du dos. Les personnes sentent leur dos «se barrer». La douleur peut se propager dans les fesses. 

Sciatalgie. 

La douleur sciatique est le plus souvent provoquée par l’inflammation ou la compression des racines d’un des deux nerfs sciatiques, situés à l’arrière de chaque jambe, par un disque ou une excroissance osseuse. Vive et intense, elle est ressentie tout le long du nerf sciatique touché. La douleur atteint principalement la fesse et la cuisse. Mais elle peut également irradier dans le mollet et s’étendre jusqu’au pied. Elle peut aussi s’accompagner de fourmillements, d’engourdissements et, à la longue, d’une faiblesse musculaire. La douleur est exacerbée lors d’une toux ou d’un effort. 

Hernie discale.

Environ 20% des gens développent une hernie discale avant l’âge de 60 ans et 36% après 60 ans. Cette pathologie se produit lorsque le disque intervertébral est endommagé, en raison notamment d’une fissure ou d’une déchirure due à un affaiblissement du disque. Une partie de la substance gélatineuse contenue dans le disque glisse alors vers l’extérieur. Une douleur vive apparaît lorsqu’un ou plusieurs nerfs sont comprimés. La hernie discale peut également survenir lorsque le disque intervertébral sort de son axe – durant une rotation excessive, par exemple – et fait saillie. Bien que la hernie discale puisse toucher n’importe quelle région de la colonne vertébrale, elle se manifeste généralement dans le bas du dos. 

Sténose spinale, spondylolisthésis et atteinte sacro-iliaque.

Sténose spinale.

Plus de 21% des gens souffrent de cette affection après 60 ans. Elle apparaît à la suite du rétrécissement du canal rachidien dans lequel se trouve la moelle épinière. La sténose spinale est principalement due à une dégénérescence discale. Ce problème lié au vieillissement entraîne l’affaissement des disques et, par ricochet, la déformation de l’os et l’épaississement des ligaments. La diminution du canal entraîne alors une compression des racines nerveuses. La douleur peut irradier dans les jambes. Les personnes atteintes ont souvent de la difficulté à rester debout ou à marcher durant de longues périodes. La douleur s’atténue en position assise. 

Spondylolisthésis. 

C’est le déplacement d’une vertèbre par rapport à la vertèbre sous-jacente. Dans la plupart des cas, ce phénomène concerne les vertèbres les plus basses, et particulièrement la dernière vertèbre qui glisse sur le sacrum. La douleur apparaît entre le bas du dos et le haut des fesses, mais elle irradie parfois dans la fesse et la jambe. Elle peut augmenter au cours d’un effort ou lorsque la personne est dans une position assise ou debout prolongée. Les traumatismes en sont très souvent responsables. C’est pourquoi de nombreux sportifs en souffrent. 

Atteinte sacro-iliaque. 

L’articulation sacro-iliaque se situe entre le sacrum (au-dessus du coccyx) et l’os iliaque du bassin. L’atteinte sacro-iliaque peut apparaître en raison, notamment, d’une arthrose, d’un dysfonctionnement des articulations ou des ligaments, ou encore d’un traumatisme (une chute, par exemple). La douleur sacro-iliaque est ressentie dans le bas du dos et les fesses. Ceux qui en souffrent ont du mal à rester assis longtemps, à se lever, à se pencher ou à monter des escaliers. 

Les causes variées des maux de dos

Qu’on se le dise: la majorité de ces maux sont le symptôme d’un problème sous-jacent. Il faut donc trouver les causes pour pouvoir les traiter correctement et, surtout, éviter qu’ils reviennent.

Parmi les causes les plus fréquentes, se trouvent, entre autres, les problèmes d’origine ligamentaire, musculaire, articulaire et discale.

De nombreuses affections comme l’arthrose, la spondylarthrite ankylosante, la discopathie dégénérative (déshydratation du disque due à l’âge ou à un traumatisme), la dégénérescence discale (vieillissement des disques intervertébraux) et la scoliose peuvent aussi être liées à leur apparition. Tout comme plusieurs facteurs de risque: l’âge, le travail physique (soulèvement de lourdes charges, mouvements répétitifs ou torsions brusques ou inhabituelles, exposition à des vibrations répétées, etc.), l’obésité, les mauvaises postures, la sédentarité, les traumatismes (chute, accident), etc.

Médecins et spécialistes du dos disposent d’une variété de tests pour identifier les coupables. La plupart du temps, ils y parviennent. Mais parfois, certains maux de dos surviennent de manière inexplicable… et disparaissent en quelques jours ou quelques semaines. 

Une panoplie de traitements

Pour soulager la douleur dès son apparition, en phase aiguë, appliquez de la glace durant les 48 à 72 premières heures. Le froid diminue la circulation sanguine, bloque l’influx nerveux et réduit la réaction inflammatoire. Par la suite, utilisez encore du froid ou bien du chaud, selon ce qui vous soulage. 

La prise d’acétaminophène ou d’anti-inflammatoire en vente libre peut vous aider à mieux supporter le mal. Assurez-vous néanmoins auprès de votre pharmacien que ces médicaments n’interagissent pas avec ceux que vous prenez déjà. Par ailleurs, inutile de garder le lit. 

On sait maintenant que les longues périodes sans activité physique retardent la guérison. Continuez plutôt à bouger, dans la mesure de vos capacités. 

Pour la suite des choses, il existe quatre approches : physique (physiothérapie, chiropratique, ergothérapie, acupuncture, neurostimulation électrique transcutanée), psychologique (relaxation, psychothérapie, hypnose, méditation, etc.), médicamenteuse (antiinflammatoires non stéroïdiens, narcotiques, relaxants musculaires, antidépresseurs, anticonvulsivants, etc.) et invasive (infiltration, implantation de neurotransmetteurs ou de pompes, chirurgies, etc.). 

Certaines approches aident à venir à bout de la douleur ou, du moins, à l’atténuer. D’autres s’attaquent à la source du problème en corrigeant les déséquilibres de la colonne vertébrale afin de prévenir les récidives. Les chirurgies sont utilisées en dernir recours dans les cas de douleur chronique. L’idéal : combiner plusieurs formes d’approches et de traitements. 

Prévenir les maux de dos

Plusieurs maux de dos pourraient être évités si l’on adoptait simplement de meilleures habitudes. En voici quelques-unes. 

Prendre de bonnes habitudes posturales 

Lorsque vous soulevez un objet lourd, tenez-le aussi près que possible de votre corps, gardez le dos droit et servez-vous de vos jambes pour le soulever. Lorsque vous vous penchez pour ramasser un objet, gardez le dos droit et pliez les genoux plutôt que le tronc. Adaptez votre poste de travail pour qu’il soit ergonomique. Asseyez-vous le dos bien droit et appuyé contre le dossier de votre siège, les pieds au sol et les genoux à la hauteur des hanches afin de réduire la pression sur les disques et la tension musculaire. Évitez de garder la même position trop longtemps. 

Adopter une bonne position de sommeil 

Si vous dormez sur le dos, placez un oreiller sous vos genoux pour permettre de relâcher la tension de votre dos. Si vous dormez sur le côté, glissez un oreiller entre vos genoux afin de garder un bon alignement des jambes avec le tronc. Et assurez-vous que le matelas est suffisamment ferme pour bien supporter votre colonne vertébrale. 

Maintenir un poids santé 

Cela contribue à réduire les tensions au niveau des muscles, des articulations et de la colonne vertébrale. Et méfiez-vous d’un ventre proéminent: en tirant la colonne vers l’avant, il crée une tension excessive sur la région lombaire. 

Rester actif

L’activité physique permet d’améliorer la musculature autour de la colonne, de renforcer les abdominaux et de conserver souplesse, mobilité et amplitude des mouvements. Outre les exercices pour renforcer les muscles, la marche rapide, le cyclisme et la natation sont excellents. La pratique du yoga, du taï-chi ou encore du stretching est également indiquée.

Les trois catégories d’intensité de la douleur.

La douleur varie en intensité, mais aussi en durée. Elle se classe en trois catégories. 

AIGUË. 

La douleur aiguë dure environ quatre semaines ou moins. Plus de 90% des lombalgies aiguës finissent par disparaître d’elles-mêmes. Bien que la douleur soit de courte durée, elle peut néanmoins être incapacitante, affecter considérablement les activités quotidiennes et, parfois même, mener à un arrêt de travail de quelques jours. 

SUBAIGUË. 

La douleur subaiguë persiste habituellement de quatre semaines à trois mois, de manière plus ou moins constante. Environ 5 à 8% des lombalgies deviennent chroniques. Il faut donc s’en occuper rapidement. 

CHRONIQUE. 

La douleur chronique dure plus de trois mois et est constante. Ses répercussions peuvent être ressenties tant aux plans physique que psychologique, familial, social et économique.

Merci à la Dre Aline Boulanger, anesthésiologiste et directrice des cliniques de la douleur du CHUM et de l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, et au Dr Georges Lepage, chiropraticien et président de l’Ordre des chiropraticiens du Québec, pour leur collaboration.

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