Les deux demi-comprimés peuvent ne pas être de la même taille ni du même poids, ni contenir chacun la moitié de l’ingrédient actif (qui est supposé être uniformément réparti dans la recette, mais ce n’est pas toujours le cas). En d’autres mots, vous n’obtenez pas forcément la dose d’ingrédients actifs dont vous avez besoin. D’autant plus que certains médicaments friables perdent plus ou moins de poudre quand on les coupe. Une étude américaine a montré des écarts de dose atteignant 37 % entre deux moitiés coupées par un groupe de personnes âgées, dont la moitié inexpérimentées avec le taille-pilules.
Les médicaments à libération lente
Plusieurs médicaments sont conçus pour se libérer lentement, comme un comprimé pour 24 heures, plutôt que 6 comprimés aux 4 heures. C’est l’enrobage ou la structure chimique du médicament qui le fait se libérer lentement. Quand c’est le cas, le médicament en porte généralement la mention: SR (system release), LA (long action), CR (controled release). «La libération contrôlée a pour but d’éviter l’arrivée d’une dose massive dans le sang et ensuite la présence d’une dose sous-thérapeutique», explique le pharmacien Louis Cartilier, professeur à la faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. D’autres enrobages protègent le comprimé contre l’acidité de l’estomac.
Or, briser ces médicaments comporte parfois de grands risques, «par exemple la libération d’une dose beaucoup trop forte d’un seul coup avec des effets secondaires potentiellement dangereux, ou encore un ingrédient qui devient inactif dans le sang parce qu’il a été détruit par l’acidité de l’estomac», illustre Louis Cartilier. Dans un cas comme dans l’autre, vous êtes mal soigné, voire parfois même en danger. Chaque année, des médicaments mal utilisés envoient des milliers de Nord-Américains à l’hôpital… Ainsi, certains antibiotiques ne fonctionnent qu’à la condition d’en avoir une dose constante dans le sang. Des médicaments potentiellement toxiques, comme le lithium, ou très délicats, comme les anticoagulants, doivent être absorbés à dose exacte. En altérer la dose en les coupant peut mettre la santé en péril.
Attendez avant de couper!
En résumé, toute capsule, tout médicament spécialement enrobé ou fonctionnant selon le principe de pompe osmotique ou de matrice (des procédés physicochimiques de libération graduelle de l’ingrédient actif) ne doivent jamais être coupés. On ne coupera pas davantage tout médicament dragéifié (enrobé de sucre pour masquer un très mauvais goût) ou tout médicament ayant une forme asymétrique. Règle générale, seuls les comprimés portant une rainure peuvent être coupés sans dommage.
L’Ordre des pharmaciens du Québec recommande à toute personne souffrant d’arthrite, de tremblements, de problèmes cognitifs ou ayant la vue altérée de ne pas couper elle-même ses médicaments. D’ailleurs, ne coupez jamais un médicament de votre propre chef. Demandez d’abord au pharmacien si couper tel médicament est sans risque pour l’efficacité et la sécurité du traitement.
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