«M’écoutes-tu?… As-tu compris ce que je te dis?» Combien de fois avez-vous été obligée de dire ça à un interlocuteur pour réclamer son attention? Pas étonnant, l’art d’écouter se perd. «Les mots, on les entend avec nos oreilles, reconnaît la psychologue Jocelyne Bounader. Mais ce n’est pas parce qu’on prête l’oreille qu’on écoute bien et qu’on comprend ce que l’autre exprime. Dans le tourbillon de la vie moderne, il est en effet de plus en plus difficile de s’arrêter pour offrir une oreille attentive. On écoute à moitié, on prépare notre réponse avant que l’autre ait fini de parler, on s’active pendant qu’on nous parle ou, trop pressé, on coupe la parole. Le langage corporel donne également un feedback sur la qualité d’écoute. Plus souvent qu’autrement, quand une personne lance: “Tu ne m’écoutes pas”, elle veut dire à l’autre que c’est ce qu’indiquent son regard, l’expression de son visage ou sa posture. Quand notre interlocuteur nous regarde dans les yeux, hoche la tête, dit oui ou non de temps à autre, on se sent écouté; alors que l’absence de signaux corporels laisse croire le contraire. Or, il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas être écouté, puisque c’est quand on l’est qu’on se sent exister.»
Reste que l’art de la communication n’est pas donné à tous. Certaines personnes ont effectivement beaucoup de mal à le pratiquer. «Si on a été un enfant pas écouté, mal écouté ou pas entendu, on aura énormément de difficulté à échanger, confie le psychologue Pierre Faubert. D’autres éléments peuvent aussi brouiller les communications. Les bruits environnants, par exemple, créent des interférences qui empêchent de bien saisir ce que l’autre dit. Or, on vit dans un environnement de plus en plus bruyant, qu’on pense seulement à la sonnerie des cellulaires dans les endroits publics. Un truc simple pour développer cette conscience des bruits: se retirer régulièrement dans un lieu tranquille, ne serait-ce que cinq minutes, pour se mettre en état de silence et d’écoute de soi. Il sera ensuite plus facile de faire abstraction des bruits et d’écouter les autres.»
Selon Pierre Faubert, l’écoute est une forme de créativité: on crée un lien, une relation. Mais pour créer, il faut être présent. «La bonne communication est dans la présence consciente et totale à l’autre, soutient-il. Malheureusement, on est tellement robotisé dans nos habitudes quotidiennes que, quand quelqu’un nous parle, on le regarde en disant: “As-tu dit quelque chose?” Or, l’écoute active requiert beaucoup d’énergie et de concentration. C’est pourquoi on n’y arrive que si on est bien disposé physiquement et mentalement. Si on est fatigué, malade ou angoissé, notre qualité d’écoute en sera nécessairement affectée. Mieux vaut dire à quelqu’un qui réclame une bonne oreille: “Je suis vraiment fatigué. Je ne peux pas bien t’écouter présentement. Ce que tu as à me dire est important pour moi et je n’ai pas envie de faire semblant. Est-ce qu’on pourrait reprendre la conversation plus tard?” C’est là un signe de respect.» Mais pour se faire écouter et comprendre des autres, il faut également savoir capter l’attention. À cet effet, rappelez-vous les quatre C d’une bonne communication: concision, clarté, cohérence et confiance.
Elle me coupe toujours la parole
Elle me coupe toujours la parole
«Tout dépend de la fréquence à laquelle cette personne nous interrompt, rappelle Jocelyne Bounader. Si la situation est exceptionnelle, on peut mettre sa réaction sur le compte de l’enthousiasme. Mais si elle se répète à chaque conversation, on peut gentiment lui dire de nous laisser finir et qu’on l’écoutera ensuite, avant de poursuivre notre propos. Une personne peut être tellement habituée à couper la parole qu’elle ne s’en rend même pas compte. Avec cette remarque, on la conscientise à sa mauvaise habitude.»
Il est aussi possible que vous ayez affaire à quelqu’un de narcissique qui veut attirer toute l’attention sur lui. Dans ce cas, inutile d’insister, vous parlez dans le vide. Mais rassurez-vous: il est incapable d’écouter qui que ce soit.
Il se peut également que notre interlocuteur fasse partie des gens tellement préoccupés par ce qu’ils vont dire qu’ils «oublient» d’écouter.
En revanche, si on vous interrompt souvent, qu’importent les circonstances, il y a lieu de vous interroger. «Certains individus parlent trop et se perdent dans les détails, d’autres parlent “à travers leur chapeau” ou manquent de cohérence, d’autres encore s’expriment si lentement que les autres pensent qu’ils ont terminé, indique Pierre Faubert. Il faut trouver l’origine du malaise et le corriger.»
Il répond constamment au cellulaire
Il répond constamment au cellulaire
«Même si la majorité des appels ne sont pas prioritaires, répondre au cellulaire est devenu un réflexe, explique Pierre Faubert. On y est tellement conditionné que certaines personnes ne peuvent s’en empêcher; elles deviennent angoissées à l’idée de ne pas répondre. Les gens narcissiques, quant à eux, y voient une façon d’afficher leur importance et leur popularité. Mais attention: il se peut aussi que l’autre y voit une occasion de mettre fin à une conversation qui l’ennuie!»
Lorsque cela se produit, Jocelyne Bounader conseille de quitter simplement la pièce ou de s’éloigner en disant: «Je reviendrai quand tu auras fini et que je pourrai avoir toute ton attention.»
Si la situation revient souvent, mettez gentiment les choses au clair: «Est-ce qu’on peut prendre cinq minutes pour discuter sans être interrompu par le téléphone?» Ou encore: «J’aime bien passer du temps avec toi, mais ça me dérange que tu répondes à tous tes appels. Je perds le fil de la conversation et j’ai l’impression de ne pas être importante pour toi.»
Soyez toutefois conséquente et fermez votre propre cellulaire!
Il regarde ailleurs pendant que je lui parle
Il regarde ailleurs pendant que je lui parle
Le langage non verbal est aussi important que le verbal, c’est connu. Regarder l’autre pendant une conversation est un signe de respect. Il est donc normal de ne pas se sentir écouté quand l’autre fuit, consciemment ou non, notre regard.
«La plupart des gens éprouvent énormément de difficulté à se concentrer plus de quelques minutes à la fois, soutient Pierre Faubert. Ce n’est pas sans raison que les publicités télévisées sont courtes. Bref, regarder ailleurs pendant que l’autre parle est souvent un geste inconscient. Mais cela ne signifie pas nécessairement que la personne ne suit pas la conversation, surtout si le moment de distraction ne dure que quelques secondes. Les personnes timides adoptent souvent cette habitude.»
Cela dit, il n’est pas question de regarder l’autre fixement, mais un certain niveau de contact visuel est essentiel pour démontrer l’importance de la relation. Si votre interlocuteur regarde très souvent autour de lui, vous pouvez calmement lui faire remarquer que vous aimez bien qu’il vous regarde quand vous lui parlez, que son attitude vous distrait et qu’elle vous empêche de savoir s’il vous écoute vraiment.
Selon la situation, vous pouvez également dire: «Qu’est-ce que tu regardes? Est-ce que je manque quelque chose?» À la limite, vous pouvez lui faire remarquer que si vos paroles ne l’intéressent pas, ça ne vaut peut-être pas la peine que vous continuiez…
Elle ramène tout à elle
Elle ramène tout à elle
Il faut l’admettre: les échanges avec une personne centrée sur elle-même ne prêtent ni à la confidence ni à la relation sérieuse. Mais si vous n’avez pas le choix – il s’agit d’une collègue ou d’une belle-soeur par exemple –, vous pouvez la prévenir que vous tenez à lui dire quelque chose que vous jugez important, puis que vous aimeriez bien qu’elle vous écoute jusqu’à la fin avant de vous raconter sa propre expérience.
Évitez de l’attaquer de front ou de la critiquer, car elle répliquera illico. Mission impossible? Inutile de vous acharner: minimisez les échanges avec elle.
«Ramener tout à soi tient davantage de la personnalité que d’une mauvaise habitude, assure Jocelyne Bounader. Certaines personnes agissent ainsi par spontanéité ou excès d’enthousiasme, d’autres par narcissisme. Les individus narcissiques ne peuvent en effet s’empêcher de rivaliser avec les autres. Ils sont incapables de tendre une oreille empathique et ne peuvent s’ouvrir à leur entourage, car ils sont trop vulnérables. Ils possèdent une faible estime d’eux-mêmes. Donc, ils nourrissent leur image en se servant des autres. Les personnes spontanées vont généralement s’excuser et faire des efforts si on leur fait remarquer leur attitude, pas les narcissiques.»
Mon conjoint ne m’écoute pas
Mon conjoint ne m’écoute pas
Rassurez-vous: ce n’est pas parce qu’il ne répond pas ce que vous voulez entendre ou ne réagit pas comme vous le feriez qu’il ne vous écoute pas! Selon Pierre Faubert, les hommes et les femmes ne parlent pas le même langage – surtout quand il s’agit d’émotions – et ne réagissent pas de la même façon.
Ainsi, à moins que vous lui posiez une question claire et précise, il se peut très bien que votre amoureux ne réagisse pas à vos propos par un signe de tête, une réaction verbale ou un regard, même s’il vous a entendue. Il se peut aussi qu’il ait besoin d’une période de réflexion, si bien que, au moment où vous vous y attendrez le moins, il vous lancera: «Tu sais, j’ai réfléchi à ce que tu m’as dis…»
La prochaine fois, demandez à votre interlocuteur de vous dire s’il a bien entendu et s’il a besoin d’y réfléchir, car la réflexion est difficile à lire sur un visage. Et à l’avenir, posez des questions précises sur un sujet précis, les hommes lisant rarement entre les lignes.
Soyez également concise: plus d’une femme a tendance à penser à voix haute afin de tenir l’autre au courant de ses états d’âme, ce qui a le don d’exaspérer l’homme qui va finir par dire: «Viens-en au fait.»
Et n’amorcez surtout pas de discussions importantes sur le bout de la table en préparant le repas: attendez plutôt un moment d’accalmie où vous serez tous les deux détendus et disponibles. La communication devrait grandement s’améliorer.
Mise à jour: mai 2013
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