Ce soir-là, dans un grand hôtel de la Capitale, ils étaient pas moins de 250 à venir entendre la conférence d’un spécialiste québécois de l’andropause, le Dr Jean Drouin, intitulée L’andropause, bien pire qu’une grippe d’homme: mythe ou réalité.
«Pour moi, cette conférence, c’est un soulagement, raconte Marcel, menuisier, qui s’est fait surprendre par l’andropause à 47 ans. Ça m’est tombé dessus du jour au lendemain. Moins d’énergie, mal partout, de mauvaise humeur souvent, moins confiance en moi… Je me suis senti très diminué. J’ai consulté et, aujourd’hui, ça va mieux. Juste de voir autant d’hommes venir écouter le médecin, ça me fait du bien. Je me sens moins seul…» Les témoignages des andropausés se résument en deux mots: solitude et désarroi.
Un caprice d’homme?
La médecine moderne commence à peine à reconnaître les effets déterminants de l’andropause; les premiers spécialistes, aux États-Unis, en ont parlé il y a seulement une quinzaine d’années. Mais on sent poindre le besoin de nommer cette réalité. Les Québécois ont moins tendance à cacher le phénomène ou à le considérer comme une banalité.
De façon générale, on considère en effet ce qui arrive aux hommes à l’andropause comme une lubie, un caprice d’homme vieillissant qui a besoin d’être gâté comme un enfant. Et comme l’andropause apporte des changements importants, même très gênants, sur les plans physique, sexuel et psychologique, les hommes ont de la difficulté à en parler. L’andropause a plusieurs similitudes avec la ménopause. Il n’y a pas si longtemps, on parlait peu de cette «maladie de femmes». Mais la grande différence entre les deux, c’est que les femmes ont un marqueur très évident: la fin des menstruations, qui initie une autre étape de leur vie adulte.
Chez les hommes, les repères de transition de vie vers le vieillissement sont beaucoup plus diffus; ils ne sont confirmés que par certains changements biologiques ou psychologiques, très variables d’un individu à l’autre. On peut parler de malaises pour certains et de détresse profonde pour d’autres. De là l’énorme difficulté d’interprétation médicale.
Les symptômes
Testostérone: coupable!
L’andropause est caractérisée par une baisse significative de la testostérone, une hormone essentielle pour l’ensemble des capacités vitales de l’homme. La testostérone agit sur l’ensemble du métabolisme corporel, sur le cerveau, le foie, la peau, les tissus adipeux, les muscles, la moelle, les articulations, les os, les reins, la prostate… En fait, l’hormone est présente partout ! Les effets d’une baisse de testostérone peuvent être soit lents, soit immédiats et prodigieux. Et cela peut se produire dès la trentaine ou la quarantaine, le sommet de production étant atteint vers l’âge de 21 ans.
Tous les hommes de 40 à 65 ans sont touchés par l’andropause à des niveaux différents. Le Dr Drouin parle d’une étude ayant porté sur 500 hommes. De ce nombre, 108 ont été classés dans la catégorie «andropausés», c’est-à-dire avec un niveau de testostérone nettement trop bas; ils auront donc besoin d’une médication leur permettant de rétablir un niveau normal de testostérone et de leur procurer un retour progressif vers un état de bien-être et de bonheur. Pour les autres hommes, il convient de bien évaluer la situation pour chacun des cas et de proposer des solutions adéquates.
Les symptômes
La baisse de testostérone occasionne un ralentissement de l’ensemble de l’organisme qui se traduit souvent par des pertes de mémoire, un appareil digestif moins efficace, des douleurs musculaires et articulaires, une moins grande résistance à l’effort physique, une force musculaire moindre et une plus grande fatigue. Beaucoup d’hommes ont l’impression de subitement prendre un coup de vieux! On parle aussi d’une sensation d’embonpoint ou d’un gain significatif de poids; les reins fonctionnent moins bien, la densité de la moelle et des os n’est plus la même, les cheveux deviennent plus secs…
Roger, un professeur de 55 ans, décrit son expérience de l’andropause: «Tous les jours, sur l’heure du dîner, il fallait que j’aille faire un tour dans mon automobile ou dans le parc, histoire de lire un bon livre. En fait, j’étais épuisé et je n’avais subitement plus le goût de rien. J’étais triste, j’avais le sentiment de n’avoir rien fait de ma vie; avec ma conjointe, rien n’allait. Je n’avais plus de concentration, je me sentais terne et inutile.»
Les hommes andropausés rencontrent souvent des problèmes d’insomnie, des difficultés de concentration, des bouffées de chaleur et de la transpiration. Mais il est clair que la difficulté principale provient de la baisse du potentiel sexuel entraînée par l’andropause. On note souvent une baisse d’intérêt pour la sexualité. Il peut y avoir des difficultés d’érection au cours des rapports sexuels ou des fantaisies et des fantasmes plus fréquents de relations sexuelles avec d’autres partenaires. C’est sans doute ce que l’on appelle encore aujourd’hui le démon du midi ou le retour d’âge. Comme si le désir et l’attitude sexuels fluctuaient de façon marquée, avec des hauts et des bas un peu excessifs!
Ça se guérit?
En parler
Il reste que la majorité des hommes détestent ces changements vécus sexuellement. Et que tout cela est de nature à multiplier les problèmes de couple et les querelles à propos du sexe, de l’amour et de l’intimité. Il est donc essentiel que les hommes et les femmes, confrontés à l’andropause et à la ménopause, adoptent une attitude de compréhension et de soutien. L’échange et la discussion doivent dominer la relation de couple.
«Grâce à l’information que j’ai maintenant, je fais le lien avec certains comportements que mon père avait à la cinquantaine. Il avait des tendances un peu dépressives. J’ai vécu les mêmes problèmes. Je suis devenu anxieux, incertain sur tout. Je me sentais comme un adolescent qui ne sait pas ce qu’il veut, un peu perdu… en plus de devoir vivre avec des problèmes physiques, comme une digestion plus lente! Ma femme étant ménopausée, nous avons beaucoup discuté; cela a aidé à passer plusieurs moments difficiles…», soutient Mario, un technicien maritime de 52 ans.
Ça se guérit?
Il est recommandé à ceux qui ressentent les symptômes de l’andropause d’aller consulter un médecin qui fera un examen physique et psychologique complet. Le médecin suggérera un test sanguin pour connaître le dosage de la testostérone. Cette évaluation se fait sur une échelle de 2 à 14. Pour ceux dont la quantité de testostérone est inférieure à 4, on suggère un traitement de suppléance en testostérone disponible sous diverses formes : gel, comprimés, timbres ou injections.
Il existe aussi un certain nombre de produits naturels susceptibles d’apporter du soulagement; certaines plantes contiennent de la testostérone, d’autres aident au bon fonctionnement de la prostate, par exemple. Mais il faut se montrer prudent, qu’il s’agisse de produits naturels ou de synthèse (chimiques), parce que l’addition de testostérone peut avoir pour conséquence de stimuler chez certains hommes le développement du cancer de la prostate. On recommande donc un minimum de 3 évaluations médicales pendant les 12 premiers mois. Le bilan sera alors complet: prise de sang, état de la prostate, tension artérielle, hémoglobine, etc. À l’heure actuelle, 70 % des hommes qui reçoivent un supplément de testostérone constatent une amélioration notable de leur bien-être.
Mieux dans sa peau
Pour mettre toutes les chances de leur côté, pour être mieux dans leur peau, les andropausés ont tout avantage à respecter les règles habituelles: se nourrir de façon équilibrée, limiter les quantités de viande rouge et de produits laitiers. Il faut aussi garder la forme, rechercher les activités qui stimulent l’endurance cardiorespiratoire, la force musculaire et la flexibilité. Certaines vitamines et des suppléments peuvent être utiles: vitamines C et E, sélénium, zinc, etc. Mais dans tous les cas, il convient d’être bien guidé par un médecin sensible à la réalité de l’andropause, capable de faire les bons suivis et surtout d’écouter.
Mise à jour: mai 2008
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