«Ma vie était une perpétuelle course contre le désordre, contre l’échec, contre la moindre erreur. Finalement, c’est contre moi-même que je me battais et il a fallu que je frappe un mur pour le comprendre», raconte France P. Ce mur dont parle France, c’est une dépression qui l’a terrassée pendant plusieurs mois et qui, à 53 ans, l’a conduite en thérapie. «J’ai pris conscience de la hauteur de mes exigences. Je ne m’accordais jamais de répit», souligne-t-elle.
Toujours tirée à quatre épingles, performante, elle a gravi les échelons de la réussite professionnelle. Pas de répit à la maison non plus. Il faut dire que si les hommes sont plus «compartimentés» et réservent leur perfectionnisme au travail, les femmes perfectionnistes, elles, le sont partout! Maniaque du ménage, France n’a jamais pu se résoudre à prendre une aide domestique, et ce, même avec de jeunes enfants. «J’étais convaincue qu’elle ne nettoierait pas aussi bien que moi. Même mon mari a fini par baisser les bras…», poursuit-elle.
Un scénario classique chez les perfectionnistes. «Ils veulent tout faire car ils exigent la perfection et sont convaincus qu’ils sont les seuls à pouvoir y parvenir», explique la psychologue Julie Pelletier.
Éternels insatisfaits
Mais leurs standards de réussite sont si élevés qu’ils n’arrivent jamais à les atteindre. Résultat: une éternelle insatisfaction qui conduit souvent à des burnout, des dépressions et des problèmes d’anxiété chronique. Poussé à l’extrême, le perfectionnisme conduit aux troubles obsessifs compulsifs et, dans biens des cas, à des problèmes relationnels. Difficile de vivre de l’intimité en étant aussi exigeant et en craignant de montrer ses défauts et ses travers…
La peur panique de l’échec
La moindre erreur plonge le perfectionniste dans un désarroi total. Le succès devient la seule source de valorisation, la seule façon de se sentir aimé. Car un perfectionniste supporte mal la critique.
S’en sortir
Et avec le temps?
Pas facile de vieillir quand on est perfectionniste et que le corps ne répond plus aussi bien à nos critères de beauté et de performance! «À 45 ou 55 ans, les facteurs biologiques risquent d’être plus forts que la détermination, souligne Julie Pelletier. Le perfectionniste aura tendance à compenser par des exigences encore plus élevées et, forcément, il risque davantage de s’épuiser.»
Les bouleversements, comme la retraite, un divorce ou la ménopause, sont aussi très difficiles à vivre pour une perfectionniste qui peut alors avoir l’impression de perdre le contrôle.
S’en sortir
Pour éviter la dépression, il faut apprivoiser sa peur de l’échec et retrouver le chemin du plaisir. Facile à dire! Selon Julie Pelletier, une aide professionnelle est souvent nécessaire. «Il faut travailler sur le plan du surmoi pour recentrer la personne sur sa sensualité, ses pulsions et ses émotions. Car les perfectionnistes sont peu enclins au plaisir, ils ont tendance à tout intellectualiser.»
Si votre besoin de perfection vous empoisonne la vie, si vous vous sentez constamment déçu, frustré, si vous êtes anxieux, si vous avez peine à trouver le sommeil, si votre entourage ne semble jamais être à la hauteur, il serait sage de consulter un professionnel. Car la perfection n’existe pas et vous risquez de vous épuiser à la rechercher.
Il faut dire qu’avant d’être des adultes anxieux, les perfectionnistes ont été des enfants modèles qui devaient répondre aux exigences très élevées de leurs parents. «Ce sont des exigences qui se transmettent et qui contiennent le message que l’on doit être parfait pour être aimé. Un 90 % ne suffit pas, il faut un 100 %», remarque la psychologue.
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