Sous les traits de Serge Chapleau

Sous les traits de Serge Chapleau

Par Caroline Fortin

Crédit photo: Chantale Lecours

Ses caricatures tapent dans le mille depuis plus d’un demi-siècle. Et pour la 31e fois, il publie sa revue annuelle (Chapleau 2024). Le syndrome de la case vide? L’actualité ne lui en laisse pas l’occasion!

Quelle a été votre plus grande source d’inspiration en 2024?

Monsieur Legault et la CAQ ne se- ront pas contents, ils sont encore en couverture du livre. En tant que caricaturiste, je tente de montrer ce qui se passe dans le moment pré- sent, et là, ça ne va pas nécessaire- ment bien pour ce parti. J’ai dessiné la plupart de ses ministres impor- tants dans une nature morte avec des légumes. Je vous laisse deviner qui est le concombre…

À quoi ressemble votre processus de création?

Contrairement à ce qu’on pense, c’est un job à plein temps. Comme dans toute création, il y a des moments de questionnement. Tous les matins, je m’installe devant mon ordinateur, je lis les journaux, j’écoute les nouvelles, je prends des notes. J’assiste au meeting de l’équipe de La Presse, ça me donne des idées. Mais la seule façon de faire de la caricature, c’est de prendre son crayon et de dessiner. Point. Parce que si on s’installe confortablement dans sa chaise en se demandant quoi faire, il ne se pas- sera rien. Alors, je dessine des têtes. Et il finit par sortir quelque chose. Le lendemain, tout recommence.

Qu’est-ce que la technologie a apporté à votre métier?

Même si mes outils sont aujourd’hui numériques – une grande tablette graphique et un crayon –, ça ne me fait pas gagner du temps, parce que ça me donne tellement de possibilités pour m’amuser! Ce que ça change surtout, c’est que, si je veux effacer un trait que je n’aime pas pas, j’appuie sur «delete» au lieu de sortir une efface électrique.

Vous dites que les personnalités que vous haïssez sont les plus faciles à caricaturer…

Au fond, je ne les haïs pas vraiment. On pense que le métier de caricaturiste se pratique en solo, mais j’ai de grands collaborateurs: les politiciens. Ce sont eux qui me donnent de bonnes lignes!

Alors, à l’inverse, lesquelles sont les plus difficiles à tracer?

Les politiciens plates! Il y en a beaucoup. Et puis ceux qui n’ont jamais été dessinés, que ce soit par moi, Aislin dans The Gazette ou Ygreck dans Le Journal de Montréal. Ils n’aiment pas ça, parce qu’ils se disent qu’ils ne sont pas connus. Quand je les dessine, ils sont contents, mais ils se demandent pourquoi je ne les ai pas faits avec un gros nez. Je pars de ce que je vois!

Mettre des heures sur un dessin qui ne sera regardé que quelques secondes, c’est décevant?

Plus jeune, peut-être que j’aurais dit oui. Mais je me sens privilégié que des gens prennent le temps de regarder mon petit bonhomme, puis de rire ou de réfléchir. Je trouve ça fabuleux. Alors, je ne peux pas me plaindre.

À bientôt 79 ans, voyez-vous la retraite se dessiner?

Absolument pas! Je n’en reviens pas d’être encore là.

 

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