Un matin d’octobre, si chaud et si beau cette année, rappelez-vous, Claude voit par la fenêtre de sa chambre à coucher le premier abri Tempo monté dans son quartier. Un sentiment d’affolement aussi vaste que le pôle Nord lui glace aussitôt les veines: l’hiver s’en vient.
Sujet à la dépression saisonnière depuis des années, Claude redoute l’attente insupportable qui le tenaillera jusqu’au printemps. Il craint que sa lampe de luminothérapie ne suffise pas à lui remonter le moral.
Son seul réconfort pour éclairer son quotidien: les paroles de sagesse de son petit-fils Jérémie, qui lui dit: «Voyons Papi, un Tempo, c’est pour protéger nos voitures de la neige, comme un quinzhee qui nous abrite la nuit pendant les camps d’hiver scouts.»
Rien de plus, rien de moins. Mais si les quinzhees (comme les igloos, mais creusés dans la neige) et les abris d’auto sont nos alliés contre les intempéries, quels sont nos outils contre la dépression ou le défaitisme? Pour certaines personnes, se protéger des idées noires est beaucoup plus complexe au fur et à mesure qu’elles vieillissent.
La question est étudiée depuis belle lurette. Les solutions sont là, mais pas toutes efficaces selon qui les utilise. Et le soutien professionnel n’est pas toujours disponible. En revanche, il existe une qualité humaine évoquée de plus en plus souvent comme étant une arme redoutable pour le moral et la longévité: la résilience mentale. Est-elle à ce point efficace? Pour les chercheurs américains qui, dans le cadre d’une vaste étude, ont suivi 10 569 adultes âgés de 50 ans et plus pendant environ 12 ans, ou jusqu’à leur décès, la réponse est oui. Selon les résultats de l’étude, les participants qui rebondissent le mieux après des moments difficiles ajoutent en effet plus facilement des années au compteur (ils ont 53% moins de chances de mourir au cours des dix prochaines années).
Outre la capacité de rester calme et de bien répondre au stress, d’autres éléments peuvent aussi renforcer les effets protecteurs de la résilience, comme donner un sens à sa vie, ressentir des émotions positives et bénéficier d’un soutien social satisfaisant.
Garder son moral au chaud, dans son igloo fait maison, c’est aussi se réjouir des bonds en avant, tous domaines confondus. Steven Pinker, psychologue cognitiviste et auteur, louangé pour sa défense du progrès ou critiqué pour ses lunettes roses, ça dépend de votre point de vue, a fait remarquer dans une entrevue accordée à Good Times, cousin canadien de Bel âge, que les améliorations graduelles, comme l’augmentation de l’espérance de vie ou la baisse de la pauvreté mondiale, ne font pas la une des journaux. «Pourtant, souligne-t-il, ces petits changements, lorsqu’ils s’accumulent au fil du temps, ont des impacts profonds.»
Il le sait bien, Claude, que l’anxiété dont il souffre ne fondra pas comme neige au soleil. Mais il a Jérémie, petit rayon et résilience incarnée, pour lui insuffler un peu d’optimisme et lui donner l’énergie de persévérer.
Pour ce numéro qui souligne les Fêtes, l’équipe de Bel âge vous souhaite résilience et lunettes roses au pays des abris Tempo. Et pour toute bonne nouvelle que nous apportera l’année 2025, comptez sur nous pour vous en faire part sans faute!
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