La petite flamme

La petite flamme

Par Aline Pinxteren

Crédit photo: Laurence Labat; maquillage-coiffure: Sylvy Plourde.

Fermé! En arrivant à Naples cet été, mon fils cadet n’avait qu’une idée: enfin déguster une des fameuses pizzas frites de Nonna Fernanda. Depuis qu’il a découvert l’octogénaire dans une série documentaire du cuisinier Jamie Oliver sur des grand-mères italiennes au savoir-faire culinaire légendaire, il attendait avec impatience nos vacances dans son pays.

À l’heure du lunch, suivant scrupuleusement l’itinéraire alambiqué rentré dans le cellulaire, nous avons donc parcouru des dizaines de rues étroites et manqué de nous faire écraser par des centaines de véhicules en tout genre pour arriver devant une petite enseigne, un gros chaudron d’huile et un grand vide: pas de nonna, pas de pizzas, fermé!

Tentant tant bien que mal de consoler mon monde, je regrettais déjà à haute voix d’avoir fait tout ce chemin pour rien quand une toute petite porte s’est ouverte dans mon dos, juste en face du magasin, entre deux images pieuses accrochées aux murs. Une dame en tablier est sortie, l’air un peu revêche… Elle est allée prendre quatre vieilles chaises en plastique dans un coin, a mimé comment les disposer pour nous à même la rue (elle ne parle qu’italien), puis elle a tiré une allumette de sa poche, rallumé son chaudron, pétri sa pâte toujours faite à la main, ajouté sa garniture secrète et jeté le tout dans l’huile bouillonnante. Nous jetant un regard à la dérobée de temps à autre pendant sa préparation, elle a réalisé à quel point nous étions fascinés devant ses gestes si maîtrisés, dans cette pièce tout juste décorée d’une statuette de la Vierge Marie et d’un calendrier suranné, puis elle nous a souri, désarmée.

Dire que, depuis l’enfance, elle rallume sa flamme chaque jour, midi et soir… Existe-t-il beaucoup de gens passionnés, faisant le même métier depuis 70 ans sans jamais se lasser? Peut-être pas à ce point, mais seulement 20 % des travailleurs de 18 à 64 ans se verraient désormais prendre leur retraite du jour au lendemain. Et garder son emploi au-delà n’aurait des motivations financières que pour moins d’un tiers d’entre eux . 

De plus en plus de Québécois se réinventent d’ailleurs professionnellement après 50 ans, voire bien avant. C’est le cas pour nos deux nouveaux collaborateurs, Jimmy Sévigny et Ève Martel. Le premier a perdu plus de 270 livres sans aide, avant de reprendre des études universitaires en santé, puis de devenir coach et conférencier. La seconde, cadre dans une agence publicitaire, a tout quitté pour lancer un blogue à son image. 

Sylvie Bernier, Marie-Lise Pilote, Lise Watier et France Castel, les invitées de notre première causerie lecteurs le 4 septembre prochain, ont vécu elles aussi des expériences riches en rebondissements, qu’elles viendront partager. 

Inspirants, ces parcours qui s’entremêlent au magazine pour la rentrée! Vivre plusieurs vies ou une seule, en restant toujours soi-même une fois qu’on s’est trouvé, cela donne un pouvoir si grand que, parfois, des gens de partout cherchent votre échoppe minuscule au fin fond d’une ruelle juste pour goûter ce que vous préparez…

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