Les placements à revenu fixe
L’affaire est entendue: pour les deux prochaines années, les taux d’intérêt vont demeurer bas, ont annoncé les autorités monétaires américaines et canadiennes. Si vous devez renouveler des CPG et des obligations d’épargne en 2012, vous devrez composer avec des rendements faméliques: 1,25% pour un an, 1,30% pour deux ans, et ainsi de suite.
Il est possible d’avoir un peu mieux avec des produits plus sophistiqués offerts dans les maisons de courtage. «Vous trouvez des obligations municipales qui offrent, sans risque, un rendement de 2,7% par année pendant 5 ans», dit Steve Buisson, vice-président et directeur de succursale à Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
Autrement, il faut accepter de courir un risque supplémentaire. Les obligations de sociétés, par exemple, pourront générer un peu plus de rendement. «Toutefois, votre capital sera garanti par l’entreprise qui a émis les obligations, pas par un gouvernement.» Vous devez donc choisir ces titres avec soin, car les probabilités sont bien réelles que ces émetteurs connaissent des difficultés financières. M. Buisson cite le cas d’Air Canada qui a frôlé la faillite en 2002. «Les investisseurs ont dû se résigner à échanger leurs obligations contre de nouvelles actions très dévaluées», explique-t-il.
M. Buisson attire également l’attention sur les actions privilégiées des compagnies d’assurances et des grandes banques canadiennes. Depuis des années, elles paient des dividendes avec la régularité d’une horloge suisse. «Ces dividendes produisent un rendement similaire à celui des obligations, mais, comme ils donnent droit à des crédits d’impôt intéressants, vous pouvez être gagnant», dit-il.
Les actions canadiennes
Les actions canadiennes
Malgré les soubresauts boursiers et les incertitudes financières, Norman Raschkowan fait preuve d’optimisme en ce qui concerne les actions canadiennes. «Les entreprises d’ici affichent des bilans sains. Leurs profits sont en hausse et elles continuent de verser des dividendes à leurs actionnaires», fait remarquer le stratège des placements nord-américains à la firme d’investissement Maxxum.
Si le Canada réussit à éviter la récession, dit-il, le marché des actions pourrait connaître une belle poussée en 2012. Et pourquoi le Canada éviterait-il une récession? «Contrairement aux États-Unis, il n’y a pas de crise immobilière ici. Les taux d’intérêt demeurent très bas. Les salaires sont en croissance et on crée des emplois.» Certes, l’économie canadienne va progresser lentement, mais elle ne reculera pas.
Pour ce qui est des actions, M. Raschkowan indique que les principaux secteurs de l’économie canadienne contribueront à l’essor des cours: ressources naturelles, services financiers, télécommunications, entreprises immobilières, etc.
Et le secteur pétrolier? Le spécialiste précise que les exploitants d’oléoducs et de gazoducs devraient se démarquer, et davantage que les producteurs de brut eux-mêmes. «Ils vont tirer profit de la hausse de la demande en énergie au Canada et aux États-Unis. Nous aimons des sociétés telles que TransCanada, Enbridge et AltaGas.»
Les actions américaines
Les actions américaines
François Rochon se dit «très enthousiaste» à l’endroit des actions américaines. «On trouve de très bons titres qui sont extraordinairement sous-évalués», lance le président-fondateur du cabinet montréalais Giverny Capital. Lors de l’entrevue, les actions qui composent l’indice américain S&P 500 se négociaient à 12 fois leurs bénéfices par action. «Dix-huit fois serait une évaluation plus juste», estime M. Rochon. Cela signifie que les probabilités de voir leur cours s’apprécier sont bonnes. Mais, avant de voir leur flair couronné de succès, les investisseurs qui lorgnent du côté des États-Unis devront être sélectifs et patients.
Sélectifs: «La clé consiste à choisir des entreprises profitables et qui sont peu endettées. Il y en a dans tous les secteurs. Elles doivent posséder un avantage concurrentiel solide et durable, offrir des perspectives de croissance favorables à très long terme, et être dirigées par des personnes honnêtes, compétentes et vouées au bien de leurs actionnaires.»
Patients: «Faire des prévisions à court terme est hasardeux. Je ne sais pas si les investisseurs seront récompensés en 2012, 2013 ou 2014. En revanche, je sais qu’ils le seront au cours des cinq prochaines années», promet M. Rochon. Au départ, le réputé gestionnaire a hésité à donner des exemples d’entreprises qui offrent un bon potentiel de croissance. «Un portefeuille d’actions américaines doit compter une dizaine de titres», signale-t-il. Nous lui indiquons que nous ne disposons pas d’un espace magazine suffisant pour analyser tous ces titres. Il accepte alors d’en mentionner trois qu’il considère comme sûrs.
«Prenez Walt Disney. Cette excellente société est dominante sur toute la planète. Son action s’échange à seulement 12 fois les bénéfices.
Il y a aussi la multinationale Johnson & Johnson. Elle paie un dividende qui représente un rendement de 3,6%. Ses activités sont diversifiées partout dans le monde. Elle aussi se négocie à 12 fois les bénéfices.
Enfin, il y a des bonnes occasions de placement du côté des banques américaines, qui sont en défaveur ces temps-ci. L’action de Wells Fargo est extrêmement attrayante: elle se transige à sept fois les bénéfices.»
M. Rochon fait remarquer que la bonne tenue du dollar canadien favorise les investisseurs canadiens, car ils ont la chance d’acheter des actions américaines avec une devise forte. «Il faut en profiter», conclut-il.
Les actions européennes
Les actions européennes
L’optimisme baisse d’un cran lorsqu’on aborde le marché européen. «Il faut prévoir de la volatilité tant que le problème de l’euro ne sera pas réglé», dit Guy Côté. Ce conseiller en placements et gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale veut dire que le prix des actions européennes devrait fluctuer beaucoup au cours des prochains mois. Cœurs sensibles, s’abstenir.
«Ce n’est pas la santé des entreprises qui est en cause. Les marchés sont nerveux, car les autorités politiques hésitent à appliquer des mesures pour enrayer la crise de la dette souveraine», explique Guy Côté. L’ennui avec la zone euro, c’est qu’elle regroupe des États économiquement très différents les uns des autres. La puissance de l’Allemagne se compare mal avec la fragilité de la Grèce. La France n’a rien à voir avec le Portugal. Or, ils partagent tous la même monnaie.
«Si on créait des obligations européennes, on réussirait à mieux répartir le risque. Mais les autorités tardent à prendre cette décision», note Guy Côté. Entre-temps, les grandes Bourses européennes perdent du terrain. Bien qu’elles aient déjà reculé de manière marquée, rien ne garantit que le creux soit atteint. D’autres baisses sont encore possibles. Jusqu’ici, les placements dans le Vieux Continent se révèlent décevants. En font foi les rendements des fonds communs spécialisés dans cette région: 1 an: + 2,1%
3 ans: – 7,3%
5 ans: – 4,3%
10 ans: – 0,8%
Que dire de plus?
L’or
L’or
Au début de l’automne, l’once d’or valait 1640$US et était l’objet de toutes les spéculations. Inquiètes de la crise de la dette en Europe et du spectre d’une récession mondiale, plusieurs grandes banques internationales prédisaient que le prix du métal jaune franchirait la barre des 2000$US en 2012. Habituellement critique vis-à-vis des vertus de l’or en tant que monnaie, l’économiste vedette Jeff Rubin a fini par joindre sa voix à celle de plusieurs de ses confrères.
Dans un article que publiait la presse financière en septembre dernier, il a reconnu que le précieux métal pourrait devenir «la seule devise mondiale crédible et un véritable refuge contre les risques liés à la dette des pays souverains». Deux jours après la parution du texte de M. Rubin, l’or perdait plus de 100$US en une seule séance de négociation! Spéculatif, dites-vous? Si l’or vous intéresse, il y a deux principales façons d’y investir:
• Indirectement, en achetant les actions des nombreux producteurs canadiens: Barrick Gold, Iamgold, Yamana Gold, Osisko Mining, etc. Vous trouverez également des fonds communs spécialisés dans ce secteur.
• Directement, en vous procurant des lingots ou des pièces. Depuis des années, Postes Canada offre dans ses établissements des pièces d’or dans de jolis écrins (590$ et plus). Vous pouvez les commander par téléphone ou même en ligne. Par ailleurs, des institutions financières vous permettent maintenant d’acheter des pièces ou des lingots en succursale. C’est le cas notamment de la Banque Scotia et de BMO Groupe financier, qui a lancé son Programme de dépôt d’or BMO en septembre dernier. «En cette période de volatilité, le fait de pouvoir acheter de l’or et de le détenir physiquement [dans un compte de garde] constitue une option qui pourrait intéresser les investisseurs», a déclaré la banque. Mais attention, prévient BMO: l’or conservé dans le cadre de ce programme ne constitue pas un dépôt assuré selon les termes de la Loi sur la Société d’assurance-dépôts du Canada ou de tout autre régime de protection des dépôts.
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