Solange se préparait à une vieillesse sans soucis. Pourtant, à l’âge de 82 ans, elle a dû faire face seule à la musique. Quand son mari Claude a pris sa retraite à l’âge de 68 ans, il était confiant de vivre encore de longues années, mais il a été emporté subitement par un infarctus il y a 9 ans.
Après le décès de son conjoint, Solange a reçu de l’aide de ses deux enfants. Mais une fois ses économies épuisées, elle s’est rendue à l’évidence: elle devait quitter la maison où elle avait vécu pendant plus de 36 ans. Elle désirait aller vivre dans une résidence pour personnes autonomes et semi-autonomes où plusieurs de ses amis étaient déjà installés. Elle y obtiendrait des services infirmiers et pourrait y cuisiner ses repas ou manger à la cafétéria pour une somme modique. Mais ce choix était relativement coûteux: 1 500 $ par mois, ou 18 000 $ par année.
Elle s’est donc résolue à vendre son petit bungalow de Montréal pour 150 000$. Une fois payée la balance de l’hypothèque et les frais afférents à la vente, il lui est resté 100 000$. Additionné à ses autres revenus, ce capital lui permettrait-il de louer un appartement? Pour répondre à cette question, elle a fait appel à Bruno Roux, conseiller en placement au Groupe Option Retraite, à Longueuil.
De faibles revenus
Le spécialiste a dressé le bilan de Solange. Ses revenus annuels totalisaient 14 200$. Ils étaient composés d’une rente de conjoint survivant versée par le RRQ, de la Pension de la sécurité de la vieillesse du fédéral et des intérêts que générait son capital de 100 000$. Bruno Roux a noté que ces 100 000$ avaient été placés dans des certificats de placements garantis (CPG) qui produisaient 3% d’intérêt, donc 3 000$ par année.
Il y avait donc un problème: en allant vivre en résidence, Solange devait faire face à des dépenses annuelles de 21 600$. Ses revenus n’étant que de 14 200$, il lui manquait donc 7 400$ pour boucler son budget.
Différer l’impôt
Différer l’impôt
Après analyse, Bruno Roux a constaté que le CPG de Solange causait un problème. En effet, les 3 000$ d’intérêt empêchaient sa cliente de toucher le Supplément de revenu garanti (SRG), que Bruno Roux a estimé à 2 000$ par année. «Le SRG est un montant non imposable qui pouvait donner un coup de pouce aux revenus de Solange. Il fallait trouver un moyen pour qu’elle puisse y avoir droit», explique Bruno Roux. Il a donc proposé à sa cliente de modifier la structure de son placement: plutôt que dans un CPG, Solange devrait investir ses 100 000$ dans un fonds commun de placement intégré à un Programme de retrait systématique fiscalement avantageux (PRS-T). Le conseiller a choisi un fonds à caractère défensif, puisque la priorité de sa cliente était de préserver son capital.
«Les aînés souhaitent conserver leurs actifs le plus longtemps possible pour pouvoir vivre à l’aise et laisser de l’argent à leurs enfants. C’est une situation fréquente à la suite de la vente d’une maison ou d’un condo. Le choix du type de placement influence le revenu imposable et peut, dans certains cas, priver beaucoup d’aînés du SRG», explique Bruno Roux.
Solange a donc encaissé son CPG et placé ses 100 000$ dans un PRS-T. Ce produit spécialement conçu pour les retraités prévoit le versement d’une «distribution» de 8% par année, ou 8 000$. Cette distribution bénéficie d’une imposition avantageuse. En effet, plus de 80% du montant est considéré comme un remboursement du capital pour lequel la perception de l’impôt est différée. Dans le cas de Solange, ce remboursement représentait une somme de 7 040$. Le reste de la distribution (960$) constituait un revenu imposable. Toutefois, ce montant était composé d’intérêts, de gains en capital et de dividendes. On le sait, les gains en capital et les dividendes jouissent d’un traitement fiscal favorable, contrairement aux intérêts qui sont pleinement imposables. «Les deux paliers de gouvernement ont approuvé les PRS-T afin d’assurer aux retraités un revenu supplémentaire tout en reportant les impôts dans plusieurs années, selon le choix des distributions», explique Bruno Roux.
En optant pour le PRS-T, Solange a significativement bonifié ses revenus. Au départ, rappelons-le, elle touchait 3 000 $ en intérêt de son CPG. Une fois qu’elle a adopté la solution de Bruno Roux, elle a reçu chaque année environ:
- 7 040$ non imposables en provenance de son PRS-T;
- 960$ imposables en provenance de son PRS-T;
- 2 000$ net d’impôt du SRG.
Préserver le capital
Préserver le capital
Mais à force de verser des distributions annuelles de 8%, le PRS-T doit s’épuiser rapidement, non? Eh bien, non, justement! C’est que le fonds génère des rendements qui compensent, en tout ou en partie, les sorties d’argent. On pourrait dire que Solange recevait les revenus que son fonds produisait, pas le capital. «Sur un horizon de 10 ans à 20 ans, l’actif peut être maintenu même après la distribution annuelle», explique Bruno Roux.
Mais comme le fisc s’est montré généreux une fois en autorisant les PRS-T, il s’est assuré de reprendre son dû. L’impôt que Solange n’a pas payé pendant qu’elle encaissait ses distributions, elle devait le remettre plus tard, une fois le capital investi épuisé ou à la liquidation définitive de son PRS-T.
La facture est arrivée lorsqu’elle est décédée, au moment de la disposition présumée de son fonds. Sa succession a déclaré un gain en capital, dont seule la moitié a été imposée. «Les distributions que Solange a touchées ont réduit le prix de base rajusté du PRS-T, créant ainsi un gain en capital imposable», explique Bruno Roux.
Avant de décéder en 2007, Solange a pu vivre pendant 5 ans à la résidence de son choix. Alors que ses revenus annuels étaient de 14 200$ avant de rencontrer Bruno Roux, ils sont passés à plus de 21 000$, sans compter deux retraits supplémentaires de 5 000$ que Solange a effectués pour conserver des liquidités dans son compte bancaire.
Quant aux 2 enfants de Solange, ils ont hérité d’un montant similaire à ce que leur mère avait investi en 2002, soit environ 100 000$, moins le gain en capital. «Pas surprenant que ce produit financier soit de plus en plus populaire auprès des aînés», souligne Bruno Roux.
Mise à joujr: octobre 2008
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