Vous rêvez de réaliser de bons coups en Bourse? Pas si vite! L’investissement boursier est un long chemin: plus vous avancez, plus vous engrangez de l’expérience, mais cela ne va pas sans quelques couacs! «Faire des erreurs, c’est la seule façon d’apprendre, affirme Mario Lavallée, professeur à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke, spécialisé en gestion de portefeuille. Mais mieux vaut les commettre avec un portefeuille de 10 000 $ qu’avec un de 300 000 $!» L’apprentissage de la Bourse est avant tout un processus bien concret. Au fur et à mesure de son parcours, on rencontre des concepts théoriques qu’on choisit d’utiliser ou de laisser de côté. Mais avant cela, «il faut apprendre, faire des erreurs et se discipliner, pointe Mario Lavallée. La plus grande qualité vient de la discipline. Puis, on améliore nos façons de faire en fonction des fautes qu’on commet.» Engranger de bons profits ne va pas sans apprendre non plus pour Réjean Paul, fondateur de la firme DayTrader Canada et spécialisé dans la spéculation sur séance (daytrading): «La plupart des histoires d’horreur surviennent par manque d’éducation boursière. Si on n’y connaît rien, mieux vaut ne rien faire, car cela peut coûter très cher.»
La meilleure façon de bien se former est de… bien magasiner sa formation. «Il faut prendre le temps de se renseigner», suggère Francis Lapointe, fondateur de CFP Conseil, spécialisé dans le coaching financier. Pour les formateurs comme pour les livres, on a tout intérêt à accumuler les comparaisons. «Ne vous contentez pas de la version d’une seule personne! Renseignez-vous sur les différents formateurs sur les réseaux sociaux. Ont-ils de mauvaises critiques? Quant aux ouvrages, mieux vaut en lire un maximum. «Vous verrez des conseils se répéter: cela signifie qu’ils sont probablement plus fiables que ceux trouvés dans un seul livre.»
Facile, le courtage direct!
Devenir investisseur autonome serait-il plus compliqué ces dernières années avec tous les nouveaux produits financiers créés? Ce n’est pas l’avis de Réjean Paul: «Comme les investisseurs autonomes ont accès au courtage direct, ils disposent de beaucoup plus d’autonomie.» Là où l’investisseur devait, avant, passer un ordre d’achat ou de vente à son courtier, il peut maintenant ouvrir un compte auprès d’un courtier en ligne, par exemple auprès du site de courtage à escompte de son institution financière. Il passe ainsi lui-même directement ses ordres, ce qui lui revient en plus bien moins cher: il peut gérer un portefeuille de 1 000 $, sans que son rendement soit irrémédiablement grevé par les frais. Et les courtiers directs offrent une large gamme de produits, bien suffisants pour couvrir les besoins d’un particulier. Par contre, le courtage direct facilite également le passage des ordres d’achat et de vente à volonté. Or, le meilleur moyen de limiter ses frais est de restreindre le nombre d’opérations effectuées. Sans conseiller pour l’épauler, l’investisseur autonome devra donc faire preuve de discipline pour ne pas dilapider ses rendements.
Avec le courtage direct vient en effet la responsabilité: l’investisseur se retrouve seul face à son ordinateur, sans conseiller pour l’accompagner. «Le risque de se tromper est laissé à nous-mêmes, prévient Mario Lavallée. C’est pour cela que la très grande majorité des investisseurs ont intérêt à acheter d’abord des fonds négociés en Bourse, en veillant à choisir ceux qui répliquent des indices boursiers.»
Favorisez les FNB
Les fonds négociés en Bourse (FNB) sont des paniers de titres boursiers choisis par des experts. Ces FNB peuvent suivre un indice, ils sont alors diversifiés pour suivre l’évolution du marché canadien. En acheter revient à varier autant votre portefeuille que si vous preniez un peu de toutes les valeurs canadiennes. «Cela permet de donner le rendement de la Bourse à peu de frais», résume Mario Lavallée. Si vous essayez de faire de la gestion boursière active, cela signifie que vous pensez être en mesure de faire mieux que le marché.» Vous pouvez aussi compléter votre portefeuille avec des FNB qui suivent le marché américain, celui d’un autre pays ou le marché mondial. La diversification est une base pour l’investisseur: mieux vaut ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier! «On a tendance à tomber en amour avec des titres, leur laissant alors prendre beaucoup d’importance dans notre portefeuille, estime M. Lavallée. Or, un seul titre ne devrait jamais dépasser 10 % de la valeur totale de celui-ci.»
Dans le choix de ses titres, l’investisseur autonome ne peut échapper à une règle immuable: si le rendement espéré est élevé, le risque couru l’est aussi. Vous entendez parler d’une occasion incroyable, avec un rendement exceptionnel et sans risque? C’est incontestablement trop beau pour être vrai! Les fausses informations sont fréquentes autour des marchés financiers… En gestion de portefeuille, le rendement est une rémunération du risque. Si le risque est très faible, le rendement ne peut que l’être également. «Un investisseur de long terme ne devrait pas dépasser un rendement annuel moyen de 8 %», recommande Mario Lavallée.
La sélection de titres boursiers se fait selon différentes analyses (voir notre encadré). Une chose est sûre: «N’achetez que ce que vous comprenez!» comme le répète inlassablement le richissime investisseur Warren Buffett. Si vous vous tournez vers l’acquisition de titres, étudiez aussi avec attention ceux qui versent des revenus fixes, les obligations notamment. Ce versement régulier et moins risqué que les actions se révèle souvent bien adapté aux besoins financiers des retraités par exemple, suggère Francis Lapointe. S’il s’en va vers les actions, l’investisseur à la retraite préférera les actions privilégiées, qui bénéficient d’un versement de dividende prioritaire par rapport aux actions ordinaires de la même entreprise.
Investir comme loisir
On a envie se lancer en Bourse et de prendre des risques? On pourrait tenter le daytrading, à certaines conditions… Cette technique permet de spéculer durant une même séance boursière, en achetant et revendant nos titres au cours de la même journée. «On peut faire du daytrading avec une petite portion de son portefeuille, mais il faut voir cette activité comme un simple hobby», conseille Mario Lavallée. Ce loisir viendrait dans un second temps, une fois que l’investisseur autonome a acheté des FNB et qu’il en a compris le fonctionnement. «Si vous dépensiez 500 $ par mois au casino par exemple, vous pourriez préférer investir 5 000 $ en daytrading, illustre le professeur de gestion. Les mêmes parties du cerveau sont stimulées dans les deux cas.» Mais aucun investisseur autonome n’est obligé de se lancer dans cette spéculation de très court terme. Comme le souligne Réjean Paul, «ça ne tente pas tout le monde de passer 40 heures par semaine devant son écran d’ordinateur!»
Ça veut dire quoi?
Action
Titre représentatif d’une participation ou d’une part de propriété dans une entreprise.
Analyse fondamentale
Étude d’un maximum de données sur le revenu, les charges, l’actif, le passif et les autres aspects financiers d’une société en vue de se faire une idée de son rendement futur.
Analyse technique
Méthode d’évaluation des valeurs mobilières consistant à étudier les statistiques tirées de l’activité du marché, les prix antérieurs et le volume des opérations. Les analystes techniques n’essaient pas de mesurer la valeur intrinsèque des titres, mais recherchent, sur les graphiques, les tendances et les indicateurs déterminant le rendement futur des actions.
CELI
Compte d’épargne libre d’impôt permettant d’accumuler des revenus de placement à l’abri de l’impôt. Certains titres boursiers sont admissibles au CELI.
Fonds commun de placement
Fonds géré par un expert et placé en actions, en obligations, en options, en titres du marché monétaire et autres titres. Des parts d’un FCP s’acquièrent par l’entremise d’un courtier ou, dans certains cas, directement de la société de fonds communs de placement.
Fonds indiciels
Fonds qui permettent une exposition au marché boursier en reflétant le plus fidèlement possible le rendement et la composition d’un indice boursier de référence.
Fonds négociés en Bourse
Titres reproduisant la performance d’un indice, d’un produit de base ou d’un ensemble d’actifs comme un fonds indiciel, mais qui se négocient en Bourse comme une action. Les parts d’un FNB subissent des variations de prix tout au long de la séance, à mesure qu’elles sont achetées ou vendues, comme les actions là aussi.
Moyenne mobile
Valeur moyenne du cours d’un titre pendant une période donnée, en général de 20 à 200 jours.
Obligation
Certificat de reconnaissance de dette par lequel l’émetteur (société ou gouvernement) promet de payer au porteur un certain montant d’intérêt pendant une période déterminée.
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