Les Dubé forment une famille tricotée serré. Louise et Charles, jeunes retraités de 60 et de 61 ans, ont deux enfants, Julie, 34 ans, et Sébastien, 35 ans, qui ont chacun un enfant. Andréanne, la fille de Julie, a 4 ans, et Pascal, le fils de Sébastien, 6 ans.
Chaque fin de semaine, le groupe se réunit autour d’un bon repas chez Louise et Charles. On discute ferme des sujets de l’heure. Il y a un mois, Sébastien et Julie ont manifesté de l’inquiétude à propos du coût des études qu’ils devront supporter lorsque Pascal et Andréanne iront au cégep et à l’université. Déjà, en 2004-2005, les frais de scolarité universitaires et les droits afférents au Québec s’élevaient à plus de 2 400$ par personne pour une seule année d’études. Et c’est sans compter les livres, le matériel scolaire, le transport, les vêtements…
Le souci de Sébastien et de Julie n’est pas passé inaperçu. «Charles, il faut qu’on aide nos enfants, dit Louise une fois la visite partie. Eux, avec leurs hypothèques et leurs prêts auto, ils ne peuvent pas mettre de l’argent de côté… On devrait ouvrir des régimes enregistrés d’épargne études (REEE) au nom de Pascal et d’Andréanne.»
Le couple Dubé a pris rendez-vous avec le planificateur financier Denis Bellemare, de Desjardins Cabinet de services financiers, à Québec. L’expert a commencé par préparer le bilan du couple et à analyser leurs revenus. L’avoir net du couple, qui a des REER et une maison payée, s’élève à 535 000$. Louise et Charles disposent d’un surplus courant de 4 900$, soit 2 270$ pour elle et 2 630$ pour lui.
L’évaluation du coût des études
L’évaluation du coût des études
Denis Bellemare a ensuite évalué le coût de six années d’études d’Andréanne et de Pascal en fonction de trois scénarios. Il a appliqué un taux d’inflation moyen de 4%, puisque «les frais d’études augmentent beaucoup plus que l’indice des prix à la consommation». Les résultats figurent dans le tableau ci-dessous.
Scénario 1: Les enfants demeurent à la maison* | Scénario 2: les enfants résident à l’extérieur** | Scénario 3: les enfants résident à l’extérieur*** | |
Pascal | 67 965 $ | 84 957 $ | 46 726 $ |
Andréanne | 73 511 $ | 91 889 $ | 50 539 $ |
141 476 $ | 176 846 $ | 97 265 $ |
Ces scénarios tiennent compte de la possibilité, pour les deux enfants, de profiter des droits REEE inutilisés applicables.
* Les frais complets d’études et de subsistance sont estimés à 6 400$ par année. Ils sont établis sur la base de certaines données statistiques gouvernementales et universitaires.
** Les frais d’études complets et les frais de subsistance partiels sont estimés à 8 000$ par année.
*** Les frais d’études complets et les frais de logement seulement, sans autres frais de subsistance, sont estimés à 4 400$ par année.
Louise et Charles sont estomaqués. «Avec nos revenus, nous n’y parviendrons jamais!», lance Charles. En effet, il ne voit pas comment il sera capable d’accumuler 67 965$ pour les études de Pascal, par exemple, en si peu de temps. Pour sa femme, c’est pire, car la facture s’élève à 73 511$! «Attention! Il ne s’agit pas d’épargner toutes ces sommes, mais le capital nécessaire à financer ces montants sur six ans. C’est très différent», affirme Denis Bellemare.
Combien investir?
Le planificateur financier a préparé trois scénarios d’investissement. Pour simplifier les choses, examinons uniquement le cas de Pascal.
Scénario 1: Pascal demeure chez ses parents. Charles ouvrirait un REEE en 2007 et y verserait chaque année son surplus courant de 2 630$. Il fera cela pendant 12 ans jusqu’en 2018. À ces contributions s’ajouterait une subvention annuelle de 526$ qu’accorderait le gouvernement fédéral en vertu de son programme de Subvention canadienne à l’épargne études (SCEE). «La SCEE donnera un sérieux coup de pouce, explique Denis Bellemare. Durant toute la période, en tout, c’est 6 312$ qui seront ainsi versés dans le REEE de Pascal. À un taux de rendement annuel approximatif de 6,50%, ce capital atteindra 9 728$ à la fin de la période de cotisation.»
Quand Pascal commencera ses études en 2019, son REEE vaudra 58 371$. Pour combler ses besoins cette année-là, il sortira 10 316$ de son compte. Le solde de 48 055$ continuera à produire des revenus. L’année suivante, son REEE vaudra 51 214$. Le retrait sera de 10 734$, pour un solde de 40 480$. Et ainsi de suite pendant les quatre années suivantes. Le capital s’érodera à la longue, mais c’est justement le but d’un REEE. En 2024, dernière année d’études de Pascal, son REEE vaudra 12 618$. Il fera un retrait de 12 579$. Son REEE vaudra alors moins de 40$. Cependant, il aura un diplôme universitaire en poche.
«Avec le scénario 1, Charles respecte son budget. Mais c’est dans la mesure où Pascal poursuit ses études tout en demeurant chez ses parents», note Denis Bellemare. En effet, s’il va étudier à l’extérieur, les coûts exploseront en raison des dépenses liées au loyer, à la nourriture, au transport, au téléphone, etc. Denis Bellemare prépare deux autres scénarios à cet effet.
Scénario 2: Pascal réside à l’extérieur. Ici, on présume que le REEE servira à payer les frais de scolarité ainsi qu’une partie des dépenses de nourriture et de logement. La facture est évaluée à 84 957$. Pour financer ce capital, Charles devra verser chaque année pendant 12 ans 3 320$ dans le REEE de son petit-fils (la SCEE totale s’élèvera à 7 200$, soit le maximum permis). «Charles devra consentir un effort budgétaire supplémentaire», constate Denis Bellemare.
Scénario 3: Pascal réside à l’extérieur. On suppose dans ce cas que l’épargne études sera utilisée pour acquitter les frais de scolarité et le logement seulement. La dépense totale est de 46 726$. Toutes les autres dépenses de subsistance devront être financées autrement: argent des parents, prêts et bourses ou autres sources de revenus. Cette solution de compromis pour Charles se traduit par une cotisation annuelle de 1 810$, ce qui respecte son budget.
Une formule souple
Les Dubé ont maintenant une idée claire des sommes en jeu. Ils doivent réfléchir à tête reposée. Denis Bellemare indique que les trois scénarios qu’il leur a présentés partent du principe que seuls Louise et Charles contribuent au REEE de Pascal et d’Andréanne. «L’effort d’épargne pourrait très bien être partagé avec les parents et les autres beaux-parents, par exemple. Il n’y aurait d’incidence ni sur la SCEE ni sur les sommes à investir. Les REEE offrent beaucoup de souplesse. Il faut savoir en profiter», conclut Denis Bellemare.
Mise à jour: octobre 2008
Commentaires: