Si on n’a pratiquement pas d’épargne à 55 ans, ça peut nous soulager d’apprendre qu’il n’est jamais trop tard pour renverser la tendance. Première chose à faire: lire ce qui suit!
Les raisons pour expliquer le trou béant dans une épargne ne manquent pas. Une maladie, une période durant laquelle on n’a pu travailler comme prévu, un divorce (et le déménagement qui s’ensuit), une aventure entrepreneuriale qui s’est terminée en queue de poisson, une «petite» folie qu’on aurait peut-être dû s’offrir plus tard… S’il est impossible de changer le passé, on peut toutefois regarder en avant, retrousser nos manches et passer à l’action.
Les statistiques démontrent qu’il n’est pas rare de vivre ce genre de situation. Selon le Sondage RBC sur l’autonomie financière à la retraite publié en janvier 2022, 36% des Canadiens âgés de 55 ans et plus sont préoccupés par leur niveau d’épargne en prévision de leurs vieux jours. Et alors que 47 % des répondants de cette même tranche d’âge confirment ne pas avoir de plan d’épargne, 46% disent ne pas posséder de régime enregistré d’épargne-retraite (REER).
Si on se reconnaît dans l’un ou l’autre de ces énoncés, la planche de salut passe probablement par une visite chez un planificateur financier. En attendant, voici quelques pistes de solutions, telles que proposées par deux experts. Il n’y a toutefois pas de recette miracle et une démarche bien structurée s’impose.
Visualiser la retraite souhaitée
La situation n’est pas toujours aussi sombre qu’elle le semble à première vue. «Certains propriétaires n’ont pas beaucoup d’actifs financiers, mais leur maison est peut-être désormais libérée de toute hypothèque», remarque Marie-Ève Mc Lean, planificatrice financière à Proactif services financiers. Les sommes qui étaient jusqu’alors consacrées au remboursement de l’hypothèque peuvent maintenant être redirigées en vue de construire leur projet de retraite.
L’essentiel n’est pas forcément la somme de l’épargne accumulée, mais plutôt de savoir si cette cagnotte concorde avec le coût de nos projets de retraite. «Certains épargnants prévoient une retraite plus tranquille et peuvent s’en tirer avec les rentes gouvernementales. À l’inverse, d’autres personnes préfèrent conserver le train de vie auquel ils sont habitués.» Entre les deux, comment savoir si on est sur la bonne voie?
Un planificateur financier est en mesure d’identifier toutes les sources de revenus qui s’appliqueront à une situation précise en fonction des hypothèses retenues. «Plusieurs sont surpris de constater qu’ils seront admissibles à des mesures financières dont ils ignoraient l’existence. Lorsqu’on considère le Supplément de revenu garanti (SRG) du gouverne- ment fédéral, ou le crédit d’impôt pour solidarité offert par Québec, à titre d’exemples, on se retrouve avec un scénario de retraite bonifié.» D’autant plus que ce sont des prestations non imposables!
La véritable question à se poser, c’est de savoir si nos projets seront réalisables en fonction du revenu disponible projeté à ce moment. «Dans le cas contraire, de l’épargne additionnelle est requise pour arriver à nos fins. S’il manque 50 000$ dans notre bas de laine pour obtenir la planification des revenus annuels souhaités, l’effort financier à fournir chaque semaine ou à chaque paie se calcule facilement», note la planificatrice.
Épargner systématiquement
Nous y voilà: l’importance de l’épargne périodique. Pour épargner davantage, le secret réside dans l’adoption d’une certaine rigueur budgétaire. Louis Morneau, planificateur financier et directeur général de la firme Aisance Gestion de Patrimoine, est convaincu que le budget est la pierre angulaire pour permettre le redressement d’une situation financière. «Où va l’argent? Si on gagne 100 000 $ par année mais qu’on en dépense le double, jusqu’où est-on prêt à aller dans notre engagement vers une meilleure santé financière?»
Les sacrifices d’aujourd’hui permettraient de bénéficier ultérieurement d’une plus grande liber- té. «Même si notre épargne périodique n’est que de 25 $ pour le moment, ça vaut la peine. Il faut se payer en premier et adopter l’approche des petits pas», affirme Marie-Ève Mc Lean. Un principe qui plaît aussi à Louis Morneau: «La plus petite action vaut mieux que la plus grande des intentions.» L’exercice budgétaire permet donc d’inclure l’épargne systématique à notre plan de match. «Pour avoir la retraite espérée, n’hésitez pas à donner un coup de barre», ajoute-t-il.
Investir judicieusement
Notre conseiller de confiance doit déterminer le régime le plus adapté à notre situation pour faire prospérer nos deniers «Investir dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) est une meilleure option pour les gens qui prévoient devoir compter sur le SRG. À l’inverse, une personne dont les revenus sont déjà très élevés doit probablement privilégier le REER», note Marie-Ève Mc Lean. Cependant, pour faire le choix le plus judicieux, l’équation ne se résume pas qu’au moment présent. «La stratégie doit tenir compte du décaissement éventuel», précise-t-elle.
Il faut ensuite choisir le type de placements qui convient pour faire fructifier notre pécule. À ce chapitre, c’est notre profil d’investisseur qui doit primer. L’idéal est de s’organiser «pour battre au minimum l’inflation afin d’éviter de nous appauvrir année après année», explique Mme Mc Lean. Louis Morneau est d’accord: «Même un profil conservateur, incluant un petit pourcentage en actions, peut procurer un rendement supérieur aux certificats de placement garantis.»
La solution n’est pas de vouloir frapper un coup de circuit en Bourse ni d’être trop conservateur dans nos choix d’investissement. «Même si on ressent un sentiment d’urgence pour redresser la situation, mieux vaut ne pas déroger de notre profil d’investisseur en étant trop agressif», souligne M. Morneau.
Augmenter la cadence
Si l’endettement à taux élevés nous prive d’oxygène, certaines stratégies peuvent nous permettre de prendre un nouveau départ. Éliminer des dettes de cartes de crédit à 21,99 % d’intérêt au moyen d’un refinancement hypothécaire à taux avantageux peut être une solution à envisager. «Des paiements totaux de moindre importance permettent de diriger la différence économisée vers l’épargne», dit Marie-Ève Mc Lean, qui rappelle toutefois que cette solution n’est pas indiquée pour tout le monde.
Ne négligeons pas non plus l’importance du régime de retraite fourni par l’employeur. Les participants qui bénéficient d’un régime à cotisations déterminées ont intérêt à cotiser le maxi- mum permis afin d’optimiser la contribution de l’employeur. «Si l’employeur verse la même cotisation que la nôtre, on double notre mise avant même de générer du rendement. Il faut absolument en tirer parti», affirme Marie-Ève Mc Lean. Quant aux personnes bénéficiant d’un régime à prestations déterminées, elles gagneraient à consulter leur relevé de participation. «Il est souvent possible de récupérer des années de service pour les périodes durant lesquelles le participant n’a pas cotisé. Un tel rachat, dont le coût est à évaluer, permet de bonifier la rente future», note la planificatrice.
Surveiller et s’ajuster
Le plan de match est susceptible de changer en cours de route, au gré des surprises que nous réserve la vie. Tout se passe-t-il tel qu’espéré? Des changements sont-ils souhaitables? Au moment de la retraite, le suivi régulier des dépenses annuelles s’impose si on veut éviter de survivre à nos épargnes.
Dans le cadre de son travail, le planificateur financier s’as- sure de ne pas placer son client en situation d’épuisement du capital. «Selon les normes de l’Institut québécois de planification financière (IQPF), une personne de 70 ans a 25% de probabilité d’être toujours en vie à 94 ans s’il s’agit d’un homme, et à 96 ans s’il s’agit d’une femme», rappelle Louis Morneau. Une retraite sur une période de 30 ans n’est donc pas impossible. Le planificateur financier possède les outils requis pour effectuer ce genre de simulations.
La valeur du conseil ne fait aucun doute. Selon le rapport More on the Value of Financial Advisors, de Claude Montmarquette et Alexandre Prud’Homme (CIRANO, 2020), les ménages moyens qui retiennent les services d’un conseiller en placements pendant au moins 15 ans accumulent 2,3 fois plus d’actifs que les ménages moyens comparables n’ayant pas eu recours à un conseiller. Un accompagnement précieux si on veut rattraper dès maintenant le temps perdu en matière d’épargne.
3 pièges à éviter
1. Réclamer la rente du Régime de rentes du Québec (RRQ) hâtivement.
Recevoir la RRQ à compter de 65 ans nous assure de la rente prévue. Le choix de l’obtenir dès 60 ans entraîne une réduction de 0,6 % pour chaque mois qui s’écoule avant d’atteindre 65 ans, pour une réduction totale de 36 %. À l’inverse, attendre plutôt à 70 ans pour la réclamer permet d’obtenir une bonification de 42 % (0,7 % par mois).
2. Ne pas avoir de stratégie fiscale.
Pour plusieurs ménages, l’impôt demeure le poste budgétaire le plus imposant de leur chiffrier Excel. En optimisant leur stratégie fiscale, ils peuvent réduire ce fardeau et diriger les sommes économisées vers l’épargne.
3. Éparpiller nos placements.
L’idéal est d’investir à faible coût et d’opter pour la répartition d’actifs recommandée pour notre profil d’investisseur. Un conseiller de confiance peut nous accompagner dans la saine diversification de notre portefeuille (nul besoin de nous éparpiller aux quatre vents!).
Bonjour, j’ai 66 ans et je suis à la retraite. Mon conjoint à 72 ans et travaille à temps plein. Sur son avis de cotisation fédéral 2021 il est écrit : qu’après la fin de l’année où il atteint 71 ans, il peut encore cotiser à un REER au profit de son conjoint, jusqu’à ce que j’atteigne aussi 71 ans.
Par contre, un fiscaliste avec qui j’en ai discuté dit qu’il ne peut plus parce qu’il a maintenant 72 ans.
Je suis confuse. Quel est votre avis?