Les fonds communs de placement équilibrés se déclinent en plusieurs types, chacun avec ses spécificités. Comment s’y retrouver?
Dans la grande famille des fonds communs de placement (FCP), le fonds équilibré demeure le plus populaire. Ainsi, plus de la moitié des 1571 milliards de dollars investis dans les FCP le sont dans cette catégorie d’actifs (données de l’Institut des fonds d’investissement du Canada, IFIC, au 31 juillet 2019). Un FCP est composé d’un ensemble de placements, comme des actions et des obligations, qui sont détenus par plusieurs investisseurs et gérés par des professionnels de la finance. On achète donc des unités de ces fonds.
Cette gestion active n’est évidemment pas gratuite. Selon les dernières données publiées par l’IFIC, le coût moyen total de détention d’un fonds commun de placement est de 2,1 % par année. Cela inclut la commission de suivi versée par la compagnie de fonds communs au représentant.
Dans le cas du fonds équilibré, «on s’efforce de parvenir à un équilibre entre l’atteinte d’un rendement plus élevé et le risque de perdre de l’argent. La plupart de ces fonds appliquent une formule pour répartir l’argent entre les divers types de placements. Ils ont tendance à comporter plus de risques que les fonds à revenu fixe, mais moins de risques que les fonds de placement en actions ordinaires», mentionne sur son site la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (gérezmieuxvotreargent.ca).
«Avant d’arrêter son choix sur une catégorie de FCP, l’investisseur doit mesurer sa tolérance au risque», observe Brigitte Felx, planificatrice financière, première directrice régionale de la stratégie de distribution-entreprise de RBC Gestion mondiale d’actifs. Si notre aversion au risque est élevée ou que notre situation financière ne nous permet pas d’être trop audacieux avec nos placements, on voudra détenir davantage de titres plus sûrs, comme des obligations ou des titres du marché monétaire. Dans le cas contraire, on pourrait augmenter la pondération en actions de notre portefeuille.
En plus de notre tolérance au risque, d’autres facteurs sont à considérer. Par exemple, quels autres placements détient-on? Quel est notre horizon d’investissement? A-t-on des contraintes fiscales? Quelles sont nos connaissances et quels sont nos objectifs financiers? Les réponses pourraient être différentes si on a 50 ans ou 75 ans.
«Si mon fonds de pension me procure 70 % des revenus nécessaires pour subvenir à mon coût de la vie à la retraite, je pourrais être plus à l’aise de conserver un niveau constant de risque avec mes fonds communs de placement», souligne Brigitte Felx. Chaque cas étant unique, mieux vaut s’adresser à un professionnel, comme un représentant en épargne collective, un courtier en placement ou un planificateur financier, pour nous aider à faire cette analyse.
Veillez aux pondérations
Contrairement à ce que certains croient, un fonds équilibré ne contient pas toujours une part égale d’actions et de titres à revenu fixe. Selon notre tolérance au risque, on pourra sélectionner un fonds équilibré plus prudent ou miser un peu plus sur la croissance des actifs. Ainsi, une personne pourrait détenir un fonds équilibré composé de 45 % d’actions et de 55 % d’obligations, alors qu’une autre pourrait choisir un fonds équilibré comportant 60 % d’actions et 40 % d’obligations. Plusieurs options sont possibles, selon, notamment, la capacité de l’investisseur à prendre des risques.
Les gestionnaires de ces fonds ont également une certaine marge de manœuvre lorsqu’ils investissent dans les différentes classes d’actifs. Les pondérations des sous-classes d’actifs peuvent varier de quelques points de pourcentage. On tirera avantage de certaines conditions du marché. Par exemple, lors de la crise financière de 2008-2009, plusieurs fonds ont vu leurs pondérations modifiées avec les mouvements de la Bourse. La chute du marché des actions a entraîné d’importantes baisses de prix de ces titres, alors que la diminution des taux d’intérêt a pu engendrer des hausses de prix dans le secteur du revenu fixe. Cela a nécessité un rééquilibrage de la part des gestionnaires de FCP.
Ainsi, un fonds équilibré composé de 50 % d’actions et de 50 % d’obligations a pu voir son poids en actions diminuer à 45 %, ce qui a obligé le gestionnaire à acheter des titres dépréciés dans le marché boursier. Pour payer ces achats, certains ont pris des profits sur la portion obligataire, qui avait gagné en valeur (pondération à 55 %), en vendant des obligations. Ce rééquilibrage du portefeuille permet donc de mettre en pratique le principe connu selon lequel il faut acheter bas et vendre haut. Ultimement, on souhaite rétablir les pondérations à parts égales entre actions et obligations (50/50) afin de respecter la politique de placement du fonds.
Sélectionnez vos classes d’actifs
Par ailleurs, la répartition des actifs d’un fonds équilibré ne se limite pas seulement aux actions et aux obligations. On y trouve souvent des actions canadiennes, américaines et même internationales. «Pour des raisons de diversification, un investisseur qui détient beaucoup d’actifs immobiliers au Canada pourrait être intéressé par un fonds équilibré mondial contenant beaucoup de titres internationaux», indique Brigitte Felx. Inversement, si on détient un condo et des liquidités aux États-Unis, on souhaitera peut-être placer une bonne part de notre capital restant dans des actifs canadiens.
Parfois, un fonds privilégiera certains secteurs de l’économie, comme les finances ou les ressources naturelles. «Je voudrais savoir comment je suis diversifié. Dans la partie internationale, y a-t-il, par exemple, des actions de pays émergents, et dans quelle proportion?» demande la planificatrice financière. Les rendements de cette classe d’actifs peuvent être plus volatils. On doit également comprendre ce que signifie le risque lié aux devises lorsqu’on achète des titres boursiers à l’étranger.
Dans le cas des titres à revenu fixe, on voudra connaître la portion des actifs placée dans des titres gouvernementaux, provinciaux et municipaux. S’il y a des obligations de sociétés, quel est le risque ou la cote de crédit de ces titres? Quelle est l’échéance moyenne de ces placements? On veut s’assurer que notre portefeuille est adéquatement diversifié et qu’il tient compte de notre horizon de placement et de notre situation financière.
Pour en apprendre plus sur le FCP, on pourra lire l’«aperçu du fonds», que notre représentant doit nous remettre. Ce document donne des renseignements sur les principaux placements, les catégories d’actifs, les secteurs ainsi que les principaux risques associés à ce fonds.
On peut acheter des FCP et des fonds équilibrés principalement auprès des banques, des caisses populaires, des firmes de courtage et des compagnies d’assurance, mais seul un représentant inscrit auprès de l’Autorité des marchés financiers peut nous en recommander.
Trouvez votre fonds
Fonds du marché monétaire Ce fonds regroupe des titres à revenu fixe avec de courtes échéances (inférieures à un an, bien souvent), tels que des obligations gouvernementales, des bons du Trésor, des acceptations bancaires, du papier commercial et des certificats de dépôt. Le rendement de ces fonds est assez bas et les placements sont habituellement plus liquides et sécuritaires.
Fonds à revenu fixe Ce fonds investit dans des titres de dettes qui versent des taux d’intérêt, comme des obligations gouvernementales, des obligations de sociétés de bonne qualité (cote de crédit BBB ou mieux) et des obligations de sociétés à rendement élevé. L’investisseur recevra des montants réguliers générés notamment par les revenus d’intérêts du fonds.
Fonds d’actions ordinaires Ces fonds détiennent des titres de participation aux profits d’une société. Ils se présentent en plusieurs types, comme les fonds axés sur la croissance, où l’on mise sur le fort potentiel de croissance des entreprises. Certains fonds visent une plus-value du capital grâce au gain en capital, alors que d’autres généreront plutôt des revenus au moyen des taux de dividendes élevés, comme c’est le cas dans le secteur des services publics. D’autres encore regroupent un ensemble de ces placements.
Fonds équilibrés Ces fonds investissent dans différents types de titres à revenu fixe, comme des obligations et des actions ordinaires. La répartition d’actifs vise l’équilibre entre deux objectifs: maximiser le rendement du portefeuille tout en minimisant le risque de perdre du capital. Ils sont généralement plus risqués que les fonds à revenu fixe, mais moins que ceux investis entièrement en actions ordinaires.
Fonds indiciels On souhaite ici calquer le rendement d’un indice en particulier, comme l’indice composé S&P/TSX de la Bourse de Toronto. La valeur d’un tel fonds va fluctuer à la hausse ou à la baisse de la même façon que l’indice. Ces placements sont généralement moins coûteux que des fonds gérés activement, puisque les interventions par des professionnels du placement sont plus limitées.
Fonds spécialisés Ces fonds permettent d’accéder à plusieurs stratégies, secteurs d’activités ou régions géographiques en achetant des titres spécifiques. Ils peuvent miser sur les ressources naturelles, les technologies, des titres immobiliers ou même des titres de pays émergents. Autre stratégie populaire ces dernières années: l’investissement socialement responsable, qui tient compte non seulement des profits d’une entreprise, mais également des répercussions positives et négatives de ses activités sur l’environnement et les gens. Source: gerezmieuxvotreargent.ca, Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.
FBN tout-en-un
L’an dernier, un nouveau type de fonds négocié en Bourse (FNB) a été lancé: le FNB tout-en-un. Cette solution clés en main propose, selon notre profil de risque, des pondérations par catégories d’actifs ainsi que le rééquilibrage automatique du portefeuille. Cette innovation est une solution de rechange peu coûteuse aux fonds équilibrés traditionnels en gestion active. Chacun de ces fonds tout-en-un est composé de quelques FNB qui exposeront le portefeuille à différentes pondérations en actions et en obligations, selon notre profil: prudent, neutre ou audacieux. Il s’agit ici de gestion passive, où l’on calque le rendement d’un indice de référence, comme le S&P/TSX. Chaque trimestre (ou semestre), on ramène la pondération de nos catégories d’actifs à leur cible initiale. Parmi les firmes offrant ce type de FNB, on trouve Vanguard (frais de gestion de 0,22 %), iShares (frais de 0,18 %) et BMO (frais de 0,18 %).
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