Rénover vert du toit au sous-sol sans se ruiner

Rénover vert du toit au sous-sol sans se ruiner

Par Sophie Stival

Crédit photo: iStock

La rénovation durable a la cote. Comment passer à l’acte tout en ménageant son portefeuille? Petit guide pièce par pièce.

L’habitation verte fait référence à un milieu de vie qui respecte l’écologie, mais qui est également sain et sans risque pour sa santé, son bien-être ou celui de ses proches. Pensons à une maison écoénergétique qui maximise l’espace tout en la préservant d’une dégradation précoce.

Quand on se lance dans la rénovation écologique, on cherche donc à utiliser des matériaux durables. «Contrairement à ce qui est véhiculé, c’est rarement de l’argent qu’on jette par la fenêtre seulement pour aider la planète. Il y a très souvent un effet boomerang avec un retour financier sur l’investissement en raison de la durabilité», affirme d’emblée Emmanuel Cosgrove.

Ce dernier a cofondé en 2000 le site web Écohabitation et, quelques années plus tard, l’organisme à but non lucratif portant le même nom. Son équipe d’experts accompagne les professionnels, mais aussi les particuliers dans leurs différents projets de construction ou de transformation écologique. L’organisme offre notamment des cours en ligne et des ateliers thématiques pour les propriétaires résidentiels en quête d’informations.

LIMITER LES DÉCHETS

Saviez-vous que le secteur du bâtiment et de la construction est responsable de 37% des émissions mondiales de CO2? «Au Québec, chaque année, ce sont des centaines de milliers de tonnes de matériaux qui sont détruites et jetées, avec un taux de réemploi presque nul», souligne Bruno Demers, directeur général de l’organisme Architecture Sans Frontières Québec et de RÉCO, un centre de récupération et de réemploi de matériaux pour la construction et la rénovation.

Mais avant de se lancer dans un projet de rénovation, on veut bien analyser ses besoins et son budget. Le solarium convoité ou le cinéma maison au sous-sol fera-t-il vraiment le bonheur de la famille? «Parfois, il sera plus utile ou rentable de maximiser les espaces sous-utilisés du garage (notamment au-dessus) en aménageant un appartement intergénérationnel», remarque Emmanuel Cosgrove. Les villes et municipalités sont de plus en plus ouvertes à cet égard, vu la pénurie de logements dans la province.

UNE TOITURE MÉTALLIQUE

Cela dit, on n’a pas toujours le choix de remettre à neuf. Pensons à une toiture à refaire. «Le bardeau d’asphalte doit souvent être changé aux 15 ans du côté sud des résidences en raison des rayons ultraviolets. Ce type de rénovation est celui qui génère le plus de déchets au Québec en raison des matériaux peu durables.

Si on opte pour une toiture en tôle, il en coûtera environ 40% plus cher, mais la durée de vie sera d’au moins 50 ans et même au-delà de 100 ans si on la repeint », observe l’expert d’Écohabitation. Le revêtement métallique existe également en plusieurs couleurs, configurations, ondulations, rainures. Une telle toiture devient non seulement un ajout esthétique, écologique et sans entretien, mais elle aura aussi un impact positif lors de la revente de la maison.

Pour l’isolation de l’entretoit, on peut utiliser de la cellulose, soit du papier journal traité avec du sel de bore. Elle est naturelle et coûte environ 50% moins cher que la fibre de verre. Sa durabilité et son pouvoir de régulation de l’humidité et d’absorption acoustique en font un très bon choix. La cellulose peut être soufflée à haute densité dans les murs et entre les étages, sauf au sous-sol.

UN SOUS-SOL ÉTANCHE

Au sous-sol, pour éviter la formation de moisissure, qui est néfaste pour les matériaux de construction, la structure des bâtiments, la qualité de l’air et la santé respiratoire, on veut s’assurer que l’humidité n’est pas problématique et que tout est parfaitement étanche. Il est ici question du clapet anti-retour pour protéger la maison contre des retours d’eau ou refoulements d’égout en cas de pluie abondante.

«Le plus sournois demeure la condensation qui apparaît sur les surfaces. Il faut donc absolument isoler les planchers et les murs», prévient Emmanuel Cosgrove. On veut choisir des matériaux non putrescibles. Au lieu d’isolants en fibre de verre, on va préférer l’uréthane giclé et les panneaux de polystyrène extrudé qui permettront d’isoler la pièce pour de bon. «Ces matériaux ont un fort impact environnemental, alors on veut idéalement rénover le sous-sol le moins possible et privilégier les pièces hors sol, qui permettront d’utiliser des matériaux plus naturels comme la cellulose», confirme le spécialiste.

DES PLANCHERS DURABLES

Quand vient le temps de changer un plancher, on vérifie s’il est réaliste de le rafraîchir ou le revaloriser en le sablant et en l’huilant, par exemple. On évite de créer des déchets et d’acheter des matériaux neufs. Si on doit refaire son plancher, on cherche dans la mesure du possible un matériau local ou régional exempt de composés organiques volatils (COV) et ayant une bonne durabilité, soit plus de 25 ans.

Les planchers de bois flottants appelés aussi stratifiés ou laminés sont à proscrire autant que faire se peut. Il s’agit d’une imitation de bois imprimée sur des composés de fibres de bois de haute densité (HDF) ou moyenne densité (MDF) et qui incorporent du plastique pour donner l’aspect du bois. «Ils vont absorber l’eau et peuvent dégager de l’urée formaldéhyde, qui est problématique pour la santé, notamment pour les jeunes enfants et les aînés», met en garde Emmanuel Cosgrove. Quant au bois d’ingénierie, il est composé de contreplaqué (ou fibres hautes densité) et d’une mince couche de bois franc qu’on ne pourra pas sabler plusieurs fois pour le remettre à neuf.

Quels revêtements de sol seront alors plus écologiques? Idéalement, un matériau naturel qui dégagera le moins d’émissions polluantes possible. Par exemple, le marmoléum (linoléum nouveau genre) contient 97% de matières premières naturelles comme du bois, des résines végétales, de l’huile de lin, du jute. Il est disponible en rouleaux, en planches ou en carreaux dans un nombre infini de couleurs. Le liège recyclé pur (sans COV) peut aussi être intéressant tout comme la céramique, l’ardoise, la porcelaine, le grès, le travertin ou le granite. Les prix seront alors très variables.

Pour les planchers de bois franc, on choisit des essences locales et on peut même opter pour du bois recyclé ou ayant la certification mondiale FSC provenant d’aménagements forestiers durables. Un fini à l’huile naturelle comme le lin ou l’abrasin sera également plus écologique qu’un vernis contenant des solvants. Un vernis à base d’eau aura cependant un moins grand impact sur la qualité de l’air. «Le vernis va s’user beaucoup plus rapidement et craquer. C’est beaucoup moins écologique. L’huile demeure le meilleur choix et il existe aujourd’hui des produits de qualité offrant une application monocouche», ajoute notre expert.

UNE PEINTURE PLUS VERTE

Bonne nouvelle: il existe aujourd’hui de la peinture recyclée. Ce sont carrément des fonds de gallons récupérés dans les écocentres qui sont reformulés et remélangés avant d’être remis sur le marché. «À part la salle de bains et le sous-sol, où il y a plus d’humidité, ce produit fonctionne bien», confirme le fondateur d’Écohabitation. Il y en a chez tous les grands détaillants québécois (ex.: marques Boomerang ou RONA ECO). En plus d’être écologiques, ces peintures sont les moins chères disponibles sur les tablettes.

Il existe par ailleurs des peintures naturelles, sans produits de synthèse. Elles sont faites, notamment, à partir de protéine de lait ou de chaux minérale. «Elles s’appliquent directement sur le gypse comme une peinture acrylique. Il en coûte environ le double pour la même surface couverte», précise Emmanuel Cosgrove.

ATTENTION À LA VENTILATION!

Saviez-vous que la cuisson est l’une des principales sources de pollution de l’air chez soi? Elle libère des particules fines qui peuvent entraîner des problèmes de santé, soulignent des chercheuses de Santé Canada qui ont étudié la question et découvert que c’est pendant l’heure suivant la cuisson que se produisent les plus fortes expositions à des polluants. Il est donc primordial d’avoir un ventilateur efficace. On cherche une hotte avec un bon débit (idéalement 300 pieds cubes par minute) qui va aspirer l’air et l’humidité de la pièce vers l’extérieur et dont le conduit lisse n’a pas trop de coudes, car on veut une expulsion des odeurs et des vapeurs le plus directe possible. «On doit pouvoir mettre une feuille de papier et celle-ci doit coller quand on l’ouvre», conseille notre expert.

Quant à la salle de bains, une ventilation efficace la préservera de la condensation et des moisissures. La capa- cité d’extraction de l’air dépend notamment de la grandeur de la pièce. Un ventilateur avec une capacité minimale de 50 pieds cubes par minute, homologué ENERGY STAR et muni d’une minuterie sera généralement un bon point de départ. La minuterie permet de faire sécher la douche après son utilisation et ainsi d’évacuer le surplus d’humidité.

DÉCO ET MOBILIER ÉCOLO

N’oublions pas non plus le mobilier. En raison de l’humidité, la salle de bains et la cuisine sont des pièces où l’on retrouve davantage de composés organiques volatils (COV). On voudra donc éviter d’installer des caissons, des tablettes en faux bois ou en mélamine, qui contiennent des scellants ou des colles néfastes pour la santé. «Il est possible de choisir des armoires qui vont incorporer des colles sans formaldéhyde et non polluantes. On recherche des certifications comme CARB phase 2 ou NAUF», précise Emmanuel Cosgrove. Les meubles usagés et panneaux d’armoires de cuisine réutilisés demeurent des solutions écologiques, car les émanations nocives se seront généralement volatilisées après cinq ans.

Plutôt que de jeter nos armoires de cuisine démodées, il sera plus économique et moins polluant de les «relooker» en les peignant ou en ajoutant une mince couche de mélamine en feuille. Cela permet d’en prolonger la durée de vie tout en réduisant la quantité de déchets. Parfois, il suffit de changer l’éclairage d’une pièce pour la rendre plus chaleureuse. Il existe aujourd’hui des lampes à énergie solaire, avec des abat-jours en papier recyclé. On remplace nos ampoules à incandescence ou halogènes par des ampoules à DEL certifiées ENERGY STAR qui vont durer au moins 15 fois plus longtemps et consommer nettement moins d’énergie. Les gradateurs de lumière vont aussi diminuer la consommation d’énergie en prolongeant la durée de vie des ampoules. Les économies d’énergie réalisées oscilleront entre 5% et 50%, mais pour cela, il faut s’assurer que le gradateur porte la mention «sans résistance».

DES ADRESSES UTILES

Au centre montréalais de réemploi RÉCO, on trouve neufs ou usagés: portes, fenêtres, lavabos, quincaillerie, moulures, planchers de bois, armoires, luminaires, etc.

L’écocentre de Saint-Jérôme fait aussi du réemploi et on y retrouve notamment des meubles, livres, outils, matériaux de rénovation, etc.

Les trois quincailleries R+ au Lac-Saint-Jean redonnent vie à de nombreux matériaux provenant des écocentres de la région pour ensuite les vendre au rabais.

Pour un répertoire des meilleurs produits et matériaux de construction durables ou pour trouver un professionnel de l’habitation écologique, on consulte le site ecohabitation.com, sous l’onglet TROUVER.

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