De petits gestes financiers tout simples peuvent nous épargner bien des tracas à l’étranger. Nos astuces pour économiser et partir l’esprit léger.
Changer nos devises au bon endroit
Voir du pays, c’est aussi vivre de bons moments et se payer la traite. On se balade, on casse la croûte, on s’offre quelques souvenirs et petites gâteries… Il faudra donc détenir des devises locales. Même chose si on compte prendre les transports publics ou le taxi. Se pose alors la question: retire-t-on du comptant avant notre départ ou le fait-on une fois rendu à destination? Vaut-il mieux s’adresser à un guichet bancaire ou aller dans un bureau de change?
Tout d’abord, on évite de transporter trop de liquide sur nous. Afin de se protéger des voleurs ou d’une perte accidentelle, on privilégie une ceinture porte-billets discrète, qu’on porte sous nos vêtements. Pour une vingtaine de dollars, on en trouve dans la plupart des magasins qui vendent des bagages et autres accessoires de voyage. On peut aussi répartir ce montant entre divers endroits, comme le coffre-fort de notre hôtel, la doublure d’une valise et notre portefeuille. «Lorsqu’on voyage en couple ou en famille, on sépare les montants transportés. Chacun devrait aussi avoir sur lui une carte de crédit et de débit. Si on se fait voler ou qu’on perd notre sac à dos, on sera alors moins dépourvu», souligne Annie Gauthier, porte-parole de CAA-Québec.
Avant de partir, plusieurs commandent des devises à leur institution financière. Même si celle-ci prétend qu’il n’y a pas de frais de transaction ou de commission, des montants non négligeables se cachent derrière le taux de change proposé. Ce coût peut excéder les 3 %, voire bien plus, lorsqu’on se fie aux taux de change quotidiens affichés par la Banque du Canada ou le convertisseur de devises XE.com (application en ligne gratuite). Pour un retrait équivalent à 500 $ canadiens, cela représente 15 $ ou plus.
Le mieux est de magasiner un taux de conversion dans un bureau de change (Devises Mondiales, Globex 2000, KnightsbridgeFX, Calforex, etc.). On s’y prend d’avance et on s’assure que la devise recherchée sera accessible lorsqu’on se présentera. Détail intéressant: de plus en plus de bureaux permettent les achats de devises en ligne avec livraison à domicile, moyennant des frais d’expédition. Il est également utile de se renseigner sur le rachat de nos devises au retour: plusieurs bureaux de change le permettent.
Finalement, on s’abstient autant que possible de changer nos devises dans les aéroports: leurs taux sont souvent encore plus élevés que ceux des banques. «On s’y rend donc en dernier recours. Ces bureaux-là paient des frais plus élevés, notamment de loyer, qu’ils refilent ensuite aux consommateurs», observe Annie Gauthier.
S’informer sur les modes de paiement à l’étranger
Une fois à destination, on pourra retirer des sommes dans les divers réseaux de guichets automatiques. Aujourd’hui, on en trouve même dans les contrées les plus éloignées. Avant le départ, on s’informe auprès de notre institution financière, afin de connaître son réseau de partenaires (Cirrus, Plus, Interac, Accel, etc.) et ses succursales à l’international. Le logo du réseau de notre banque figure peut-être également sur notre carte de guichet et de crédit. On se renseigne aussi sur les protections offertes si quelqu’un effectue des transactions non autorisées avec notre carte de débit.
À noter: notre carte pourrait ne pas fonctionner dans tous les guichets automatiques. Certains claviers n’ont que des chiffres (pas de lettres) et les consignes s’affichent parfois dans une langue qu’on ne comprend pas bien. Mieux vaut donc mémoriser notre NIP en chiffres. S’il en contient plus de quatre, ça pourrait aussi être problématique, d’où l’importance de s’informer au préalable à ce sujet.
Les retraits à l’étranger ne sont pas gratuits. Chaque banque a sa propre grille tarifaire, à laquelle s’ajoutent souvent des frais d’utilisation du guichet local. En général, le coût par transaction est de 5 $ à l’étranger et de 3 $ aux États-Unis, un montant auxquel s’additionnent des frais de conversion en devises étrangères. On limite donc le nombre de transactions pendant notre séjour en privilégiant des retraits plus élevés mais moins fréquents.
Si le terminal utilisé à l’étranger nous propose de payer la transaction en dollars canadiens, on se méfie! Cette «conversion dynamique des devises» peut en effet coûter beaucoup plus cher que les frais habituels liés à notre carte de débit. Ce sont généralement les marchands qui profitent de ce type de service permettant de connaître la valeur de la transaction dans notre devise. Pour éviter les mauvaises surprises, il vaut toujours mieux payer en utilisant la devise du pays visité.
Se procurer la bonne carte de crédit
En voyage, payer nos dépenses avec une carte de crédit peut se révéler utile et plus sécuritaire. Les cartes Visa (réseau Plus) ou MasterCard (réseau Cirrus) sont généralement acceptées partout. Cependant, gare aux retraits en argent avec de telles cartes, car une avance de fonds peut coûter très cher. En plus des nombreux frais de transaction et de conversion (comme avec les cartes de débit), des taux d’intérêt s’appliquent dès le moment où l’on obtient les sommes en question. Afin d’éviter ces frais d’intérêt, on rembourse notre solde complet de carte de crédit avant de partir et on y ajoute un montant pour avoir un surplus.
La majorité des cartes de crédit facturent des frais d’environ 2,5 %, voire bien plus, pour les transactions à l’étranger. Il existe quelques exceptions, dont la Visa Infinite Passeport Banque Scotia (frais annuels de 139 $) et la Mastercard HSBC Premier World Elite (frais annuels de 149 $). Avec ces cartes, le montant de la transaction est converti à un taux de change de référence, sans autres frais en sus. Certaines cartes facturent des frais de conversion, mais offrent des remises en argent ou donnent des points bonis sur les montants dépensés à l’étranger. Chacune présente des taux d’intérêt et des avantages propres. À ce sujet, il vaut donc la peine de comparer et de magasiner. L’Agence de la consommation en matière financière du Canada propose justement un outil de comparaison de cartes de crédit en ligne (à canada.ca, sous «Argent et finances», «Dettes et emprunts», puis «Cartes de crédit») tout comme le site ratehub.ca (onglet «Cartes de crédit»).
Quand on voyage plusieurs fois par année ou qu’on fait de longs séjours aux États-Unis, il pourrait s’avérer judicieux de détenir une carte de crédit en devises américaines, surtout si on a déjà un compte d’épargne ou des placements (revenus) en dollars américains. On peut aussi y déposer nos devises en surplus et les utiliser pour rembourser notre solde de carte de crédit.
Aviser les bonnes personnes
La plupart des institutions financières permettent de leur signaler un avis de voyage, en ligne ou par téléphone. Prévenir notre banque qu’on prévoit utiliser notre carte de débit et de crédit à l’étranger durant des dates précises nous évitera de mauvaises surprises… comme une transaction bloquée chez un marchand.
Il est également conseillé de noter quelque part les numéros de nos cartes, de nos polices d’assurance et de notre passeport en cas de vol ou de perte. N’oublions pas non plus les adresses courriel et les numéros de téléphone des intervenants utiles en cas de pépin. «On peut faire des copies de ces coordonnées importantes et en donner une à un proche avant de partir. Certains voyageurs en apportent un exemplaire avec eux, qu’ils laissent dans le coffre-fort de leur hôtel ou dans un accessoire discret», indique Annie Gauthier. Il est également possible de se faire soi-même parvenir par courriel ces informations, ainsi que des photos des documents de voyage importants, à notre adresse personnelle Gmail, Vidéotron, Hotmail, Outlook ou autre.
Suis-je assez protégé?
Avant de partir, mieux vaut se munir d’une bonne assurance voyage. On s’en procure une auprès de notre agent de voyage ou d’un courtier d’assurance. Plusieurs sociétés émettrices de cartes de crédit offrent aussi ce service.
Il existe des produits spécifiquement conçus pour les voyageurs de 50 ans et plus. Aux États-Unis, par exemple, les coûts d’hospitalisation deviennent vite exorbitants. On vérifie d’abord les protections qu’offre notre carte de crédit et combien de jours on est assuré: la durée se limite parfois à 15 jours. Et si on paie seulement une portion du voyage avec notre carte de crédit, nos protections risquent de varier.
On voyage avec notre conjoint, nos enfants ou nos petits-enfants? Dans ce cas, il pourrait être avantageux de souscrire une prime familiale. Lorsqu’on part plusieurs fois par année, l’assurance annuelle se révèle également profitable. Par ailleurs, on peut économiser en ajoutant une franchise à notre assurance voyage. «Cet ajout s’avère particulièrement intéressant pour les gens qui paient des primes élevées, comme ceux qui partent plusieurs mois à l’étranger», souligne Annie Gauthier, de CAA-Québec. Il faut, bien sûr, être en mesure de payer la franchise avant d’envisager une telle option.
Par ailleurs, plus on vieillit, plus les protections rattachées à nos cartes de crédit ont tendance à se réduire. Par exemple, si la posologie d’un médicament a changé juste avant notre départ, on pourrait ne pas être couvert en cas de malaise à l’étranger. Mieux vaut donc se renseigner sur les exclusions. Les personnes aux prises avec une maladie ou des conditions particulières ont intérêt à demander à leur assureur des précisions sur leurs protections. Et si on dispose d’une assurance collective, on vérifie les couvertures incluses en voyage. En effet, pourquoi payer deux fois pour rien?
Quand on prend l’avion, une assurance couvrant l’annulation d’un vol, une interruption de voyage et la perte de bagages est fort utile. Et si on se déplace plutôt en voiture, on vérifie dans quelle mesure on est protégé en cas d’accident. Bien que la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) indemnise les résidents québécois pour des dommages corporels subis n’importe où dans le monde, quel qu’en soit le responsable, il en va autrement si on blesse quelqu’un d’autre.
On décide de partir aux États-Unis à bord de notre propre véhicule? Dans ce cas, il faut savoir que les poursuites y sont monnaie courante et peuvent coûter une fortune. Or, il arrive que la protection en responsabilité civile liée à l’assurance automobile ne suffit pas à couvrir les dommages corporels, matériels et même moraux d’autrui. On recommande alors de l’augmenter à deux millions de dollars, voire plus si on voyage plusieurs fois par année.
Si on choisit plutôt de louer un véhicule, il faut vérifier attentivement les protections offertes par la compagnie de location. Aux États-Unis et au Canada, il est conseillé d’ajouter à son contrat d’assurance automobile l’avenant 27 (Dommages aux véhicules n’appartenant pas à l’assuré), généralement plus économique que ce que proposent les compagnies de location. Cet avenant se limite à certains types de véhicules (les campeurs ne sont pas toujours couverts). On doit aussi vérifier si le montant d’assurance prévu par l’avenant suffit à couvrir la valeur du véhicule loué. Cela pourrait s’avérer problématique si on loue une voiture luxueuse. Attention, toutefois: l’avenant 27 ne comporte aucune protection en responsabilité civile.
En matière de responsabilité civile liée à l’automobile, les lois de la contrée visitée prévalent. Si une poursuite en responsabilité civile survient alors qu’on a loué un véhicule, l’assurance du locateur pourrait prendre effet. Et si le montant couvert est insuffisant, l’assurance de celui qui loue le véhicule entrerait alors en vigueur. Par conséquent, mieux vaut bien lire notre contrat de location afin de savoir à quoi on s’expose advenant un accident ou une poursuite.
Finalement, on veille aussi à ce que notre régime d’assurance couvre l’évacuation médicale vers le Canada ou vers l’établissement de santé le plus proche et en mesure d’offrir les soins médicaux appropriés en cas de nécessité.
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