À l’occasion du 75e anniversaire du débarquement, on plonge au cœur de l’Histoire, en Normandie. Au-delà des plages de la Seconde Guerre mondiale, c’est aussi la découverte d’une région accueillante, berceau ancestral de nombreux Québécois.
Qui visite la Normandie sur les traces du débarquement s’arrête obligatoirement à Dieppe. Lourde de sens pour les vétérans canadiens, sa plage a connu un des raids les plus meurtriers de la guerre pour les Alliés. Le mémorial du 19 août 1942 (dieppe-operationjubilee-19aout1942.fr) propose un voyage dans le temps, de la préparation du raid à la date fatidique qui a enlevé la vie a plus de 1500 soldats, en majorité canadiens. Cela dit, Dieppe n’est pas que vestiges de guerre. La petite ville est agréable à visiter et nous incite à flâner aussi longtemps que le cœur nous en dit dans ses boutiques et ses cafés. Les falaises de la plage sont impressionnantes, particulièrement si on s’y promène au coucher du soleil.
À un peu plus d’une heure de Dieppe, à Honfleur, on se retrouve dans une véritable carte postale au cœur de la charmante Normandie. Avec son carrousel en bordure de l’eau et ses façades colorées, la ville vaut le détour. On se permet d’y passer un après-midi à flâner en terrasse, calvados en main. Les restos et cafés qui bordent l’eau et ses fameux bâtiments de couleur sont plus dispendieux que les restaurants situés un peu plus loin de l’eau, mais le paysage agréable compense largement la manne de touristes qui risque de s’y trouver.
Un tour en ville
Métropole de la Normandie, la ville de Caen n’a rien à voir avec les campagnes normandes qu’on visite par ailleurs dans la région. Ici, tout évoque la grande ville – même la circulation! Arrêt obligatoire au mémorial de Caen (memorial-caen.fr), un musée qui a pour mission de sensibiliser le public aux horreurs de la guerre. Plusieurs expositions permanentes y donnent une perspective sur la guerre qu’on a rarement l’occasion de voir de ce côté-ci de l’Atlantique. En Normandie, on traverse beaucoup de petits villages, alors, si on a envie d’un peu d’urbanité, on voudra peut-être prolonger notre séjour ici. Sinon, place aux grands espaces!
À quelques heures de route de Caen, on se retrouve à Bernières-sur-Mer, connue pour sa plage, Juno Beach. C’est dans ce secteur que les armées canadiennes ont débarqué le 6 juin 1944. On retrouve cette présence canadienne au Centre Juno Beach (junobeach.org), où on est accueilli par un guide québécois! Les bunkers encore pratiquement intacts devant le centre, sur la plage, offrent une incursion dans le mode de vie quotidien des soldats allemands qui occupaient le territoire.
Non loin du Centre, la Maison des Canadiens (maisondescanadiens.e-monsite.com) surprend le visiteur habitué aux musées traditionnels. Toujours habitée, elle a été la première libérée dans cette région lors du débarquement. Occupée par les soldats nazis durant la guerre, elle a été reprise par ses propriétaires depuis et transformée en musée. En téléphonant avant, afin de ne pas arriver à l’heure du repas, on découvre sur ce site chéri par les soldats canadiens, qui le visitent régulièrement, des artéfacts de la guerre qu’on ne retrouve pas ailleurs. Peintures, casques, photos, médailles… les murs et les tablettes de cette jolie maison de plage ont de quoi satisfaire la curiosité des amateurs d’histoire.
Notre visite de la région se poursuit sur les lieux d’une batterie allemande presque intacte, à Longues-sur-Mer. À travers les vestiges des installations nazies, on découvre un système fascinant, bien qu’effrayant, qui aide de comprendre comment l’armée allemande a pu tenir aussi longtemps. En forme? On planifie une petite sortie à vélo de Longues-sur-Mer à Arromanches. Entre vaches charolaises et paysages à couper le souffle, cette balade de moins de 30 minutes dans le calme des pistes cyclables nous fait savourer la campagne normande. À Arromanches-les-Bains, les restes du pont Mulberry témoignent encore de l’ingéniosité des Alliés. Ce pont artificiel flottant, véritable bijou d’ingénierie, a fourni leur matériel aux soldats alliés. Il trône encore en partie dans les eaux du village. Un musée situé sur les berges (musee-arromanches.fr) nous explique en détail son fonctionnement.
Port d’attache
À partir de Bayeux, on visite facilement plusieurs des sites environnants, il est donc judicieux de s’y poser quelques jours et de louer une voiture pour explorer les environs. Dans la ville même, on admire surtout la tapisserie qui l’a rendue célèbre (bayeuxmuseum.com). Cette broderie raconte l’histoire de Guillaume le Conquérant sur près de 70 mètres de longueur. Impressionnant!
Notre périple sur les traces de la Seconde Guerre mondiale se poursuit ensuite au cimetière de La Cambe. Ici, gisent les dépouilles des soldats allemands dans un assemblage de pierres tombales très sombres. L’image est forte, surtout qu’on découvre que plusieurs soldats avaient à peine 13 ans à leur décès quand on lit les inscriptions funéraires… Le revers du célèbre cimetière américain de Colleville-sur-Mer, tout près de la plage meurtrière d’Omaha Beach, et ses milliers de croix d’un blanc immaculé (abmc.gov/cemeteries-memorials).
Changement d’ambiance totale à Isigny, capitale laitière de la Normandie, où on se régale de caramels à la fabrique la plus célèbre de France (caramels-isigny.com), qu’on peut visiter en partie. Impossible de repartir les mains vides! C’est également à Isigny qu’on fait le plein de fromages, fierté normande. Si on a les moyens de le réfrigérer, il est d’ailleurs possible de ramener du fromage français au Québec, sous certaines conditions.
À Sainte-Mère-du-Mont, un autre musée est construit sur les lieux mêmes où les Américains ont débarqué sur la plage Utah le jour J. Non loin, à Sainte-Mère-Église, petite bourgade, l’église est l’attraction principale. Y est accrochée un mannequin, témoin des parachutages partiellement ratés du débarquement, qui ont coûté la vie à plusieurs soldats, restés coincés dans les marais à cause de leur lourd équipement. À cause d’une erreur de calcul lors des largages, plusieurs finirent également leur descente sur l’église du village, qui avait pris feu ce soir-là. Malgré ce contexte macabre, Sainte-Mère-Église demeure toutefois charmante, parfaite pour une pause provinciale plus qu’agréable.
Entre terre et mer
À la frontière entre la Normandie et la Bretagne, le Mont Saint-Michel reste incontournable. Entouré d’eau, ce monticule est tributaire des marées les deuxièmes plus intenses au monde. Une fois la marée haute, il se retrouve complètement isolé du continent! On y accède à pied, après avoir pris une navette à partir du stationnement. Tous les déplacements sur place se font également à pied. Mieux vaut donc être en forme et, si on est à mobilité réduite, appeler avant de s’y rendre pour vérifier nos possibilités. Pour se sustenter, rendez-vous à la Mère Poulard pour leur fameuse omelette. Moelleuse et riche, elle vaut l’arrêt! Pour une expérience encore plus enchanteresse, on dort sur place. Une fois le plus gros des touristes parti et les marées montées, le Mont Saint-Michel se transforme alors en oasis de paix. Les fenêtres ouvertes, avec la vue sur l’eau, on se croirait dans un conte de fées… C’est évidemment l’abbaye majestueuse qui surplombe l’îlot rocheux qui est son attraction principale. Construite en 709, ce lieu de pèlerinage adoré par les fidèles attire encore des hordes de visiteurs, croyants ou non.
En pratique
Y aller Air Canada, Air Transat et Air France, notamment, offrent des vols quotidiens vers Paris. De Paris, on prend le train ou on loue une voiture pour se rendre en région normande.
Sur place Les commerces sont souvent fermés le dimanche et certains sites touristiques ne sont pas accessibles pendant la saison morte. Une visite sur internet ou un appel peuvent valoir la peine pour éviter de se heurter à des portes closes.
Se déplacer La location d’une voiture est l’idéal si on veut explorer la Normandie en toute liberté. Les amateurs de vélo seront toutefois heureux de savoir qu’il est possible de visiter une bonne partie de la région sur deux roues! Info: normandie-tourisme.fr.
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