Surnommé «les Galapagos canadiennes» en raison des espèces endémiques qui y vivent, l’archipel de Haida Gwaii pique la curiosité. En attendant de pouvoir voyager en toute sécurité, on peut rêver! Aperçu de ces îles qui nous proposent un voyage dans le temps.
Celles qu’on a connues comme les îles de la Reine-Charlotte, de 1787 à 2010, sont longtemps restées des secrets bien gardés. Depuis que l’archipel a fait son apparition sur les listes de destinations à découvrir, comme celle des «52 Places to Go in 2020» du New York Times, de plus en plus de regards se tournent vers le nord-ouest de la Colombie-Britannique. Cela dit, l’endroit est encore loin de souffrir du surtourisme, d’autant plus que le Conseil de la nation haïda demande d’éviter tout séjour non essentiel durant la pandémie (on devra donc patienter un peu avant de s’y rendre).
Haida Gwaii signifie «îles du peuple». En discutant avec la population locale, on mesure encore mieux l’importance de ce nom. Très engagés, les membres de la communauté tentent de préserver et de mettre en valeur les richesses culturelles transmises par leurs ancêtres. D’ailleurs, une visite de l’archipel se fait idéalement avec un guide, qui agit comme interprète culturel. Les forfaits proposés par Haida House (haidahouse.com), superbe auberge de bois rond à laquelle viennent de s’ajouter des chalets au bord de l’eau, constituent la formule idéale pour s’initier à l’univers haïda. Pendant l’été, des formules de 3, 4 ou 7 nuits – incluant le vol aller-retour depuis Vancouver, l’hébergement et les visites avec un guide – sont proposées. Gérée par la nation haïda, Haida House appartient à une organisation qui propose des forfaits écotouristiques et crée des emplois valorisants pour la communauté.
Culture 101
Au début du voyage, il faut absolument s’arrêter au Haida Heritage Centre (haidaheritagecentre.com) pour mieux comprendre l’histoire et les enjeux auxquels ont fait face les Haïdas au cours des dernières décennies. Interdits au XIXe siècle –tout comme certaines cérémonies tribales et la pratique du potlatch, sorte de partage symbolique –, les totems, qui racontent l’histoire des familles, se dressent aujourd’hui fièrement sur le site, mais aussi devant certaines maisons et dans des parcs.
L’art est omniprésent chez les Haïdas. C’est presque un mode de vie! Très accueillants, plusieurs artistes ouvrent les portes de leur atelier aux voyageurs curieux. Protégé de l’artiste renommé Bill Reid, Jim Hart, qui porte aussi le titre de chef héréditaire haïda et un nouveau nom, 7idansuu (prononcer «ii-dann-sou»), fait partie de ceux qui acceptent de discuter avec les touristes. Ses œuvres peuvent être admirées aux quatre coins du pays, mais aussi à l’étranger. Quand on lui demande laquelle est sa préférée, il se dit fier de chacune de ses créations. Il lui arrive même d’aller les voir dans leur contexte actuel, au fil de ses pérégrinations. «C’est comme visiter de vieux amis», confie-t-il.
Une faune et une flore extraordinaires
Contrairement au reste du Canada, une grande partie de Haida Gwaii a échappé à la glaciation de la dernière époque glaciaire. C’est la raison pour laquelle on y trouve des plantes qui poussent seulement dans l’archipel et certaines parties du Japon. Fabuleux terrains de jeux pour les chercheurs, les îles comptent des sous-espèces animales et végétales uniques, comme la martre des pins et un ours noir plus gros que ceux qui vivent ailleurs en Amérique du Nord. Appelé Taan chez les Haïdas, cet ours leur inspire un profond respect. Une légende transmise de génération en génération raconte même qu’il fait partie de leurs ancêtres.
Fermée en 2020 à cause de la COVID-19, la réserve de parc national, réserve d’aire marine de conservation et site du patrimoine haïda Gwaii Haanas (pc.gc.ca/fr, sous l’onglet Parc nationaux, puis Gwaii Haanas) fait partie des lieux que les amoureux de la nature ne voudront pas manquer. Des pygargues à tête blanche et des ours peuplent les lieux, où poussent les cèdres et les épinettes de Sitka, reconnaissables à la mousse qui les drape. Depuis les plages sauvages, on peut aussi apercevoir baleines, marsouins et lions de mer.
Au fil des rencontres avec les gens d’ici, on réalise que leur désir de partager les richesses des îles est teinté d’une certaine inquiétude de voir leur essence diluée par l’afflux de visiteurs. «Avant, quand on demandait aux touristes ce qui les amenaient à Haida Gwaii, ces visiteurs nous répondaient qu’ils en rêvaient depuis longtemps et qu’ils avaient beaucoup lu sur les îles, raconte un guide. Mais depuis quelque temps, je remarque que des gens viennent parce qu’ils en ont entendu parler, sans trop savoir ce qui les attendra.»
Comme s’y rendre exige beaucoup d’organisation et que la température locale n’a rien à voir avec celle des Caraïbes, les risques que l’archipel devienne un nouveau lieu à la mode sont cependant bien minces. Une chance pour ceux et celles qui en rêvent!
En pratique
S’informer On suit les conseils de l’Association touristique autochtone du Canada pour savoir à quoi s’attendre avant de visiter la communauté (indigenoustourism.ca).
Où manger? La chef Keenawaii, aussi connue sous le nom de Roberta Olson, accueille les visiteurs sur réservation dans sa maison, la Keenawaii’s Kitchen. Saumon séché, algues et autres plats traditionnels s’y succèdent. Unique! On s’arrête également au Jags Beenstalk, à la fois café, bistro et auberge (jagsbeanstalk.com).
Où dormir? Accessible seulement en hélicoptère, l’hôtel-boutique Ocean House propose aux pêcheurs luxe et nature sauvage (oceanhouse.ca).
À noter Au moment de rédiger ces lignes, le Conseil de bande de la nation haïda ainsi que les municipalités de l’île demandent aux non-résidents de l’archipel d’éviter tout voyage non essentiel. «Haida Gwaii est un endroit isolé, avec des ressources médicales limitées», indique le site Go Haïda Gwaii (gohaidagwaii.ca). Et comme l’aspect transport est aussi très complexe, mieux vaut attendre que la situation s’améliore avant de concrétiser un projet de voyage dans cette île.
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