Depuis quelques années, le vin d’épicerie connaît un essor sans précédent. Sa mauvaise réputation continue à le poursuivre, malgré son offre diversifiée et bonifiée. Et pourtant, il ne manque pas d’atouts!
Le vin vendu en épicerie mérite qu’on aille au-delà des préjugés, non seulement parce qu’acheter son vin au même endroit que son souper, comme dans beaucoup de pays, est pratique et nous fait gagner du temps, mais surtout parce que la qualité est désormais au rendez-vous. La sommelière Natalie Richard, qui anime régulièrement des dégustations et des cours sur le vin, estime que c’est la méconnaissance des «vins de dépanneur», et notamment des cépages, qui alimente ces préjugés. «On trouve de bons vins à l’épicerie parce que, de toute façon, tout passe par la SAQ, qui leur attribue son sceau de qualité.»
Ce que confirme Linda Bouchard, responsable des relations de presse à la Société des alcools du Québec. «Effectivement, la SAQ a le monopole de la vente des produits alcooliques au Québec. Les vins vendus dans nos succursales et dans le réseau des épiceries/dépanneurs passent tous par des gens de notre laboratoire, qui les analysent.» La vente de vins en épicerie «comble un besoin», ajoute Linda Bouchard. Elle représente environ 500 millions par an sur un total de 3 milliards 122 millions. «Ce n’est pas de la concurrence, mais de la complémentarité: on y trouve de bons vins pour la consommation courante.»
Par contre, en épicerie, mieux vaut connaître nos goûts, car contrairement à la SAQ, aucun conseiller ne pourra nous éclairer sur le vin à choisir. C’est pourquoi Natalie Richard recommande d’apprendre à connaître les cépages, soit les variétés de raisins, pour mieux cerner ce que l’on aime. «Acheter des vins à l’épicerie permet de faire des tests puisqu’ils ne sont pas trop chers. On peut essayer différents cépages afin de découvrir lesquels nous plaisent davantage.» Que connaît-on d’ailleurs vraiment de ces vins? Nos deux expertes nous dévoilent 10 choses à savoir à leur sujet… qu’on ne sait peut-être pas!
1 Les vins vendus dans les épiceries et dépanneurs sont obligatoirement embouteillés au Québec. Testés et analysés selon les critères rigoureux de la SAQ, ils ont grandement évolué et proviennent de l’ensemble des régions viticoles reconnues mondialement. De manière générale, 80 % du vin consommé dans le monde est d’ailleurs embouteillé hors du lieu de production.
2 Comme ils arrivent en vrac dans de grands fûts avant d’être embouteillés ici (sans compter ceux produits au Québec), les vins d’épicerie sont plus écologiques que ceux transportés de partout dans le monde déjà embouteillés.
3 Depuis la loi 88, adoptée en 2016, les cépages peuvent être inscrits sur l’étiquette. «Maintenant, on sait ce qu’il y a dans la bouteille, explique Natalie Richard. Cette valeur ajoutée permet au consommateur de faire des choix plus éclairés et selon ses goûts.»
4 Une belle variété de cépages est offerte en épicerie, dont les plus populaires auprès des amateurs: sauvignon blanc, chardonnay, pinot gris, cabernet-sauvignon, shiraz et merlot.
5 Un même cépage peut par contre avoir un goût très différent selon le pays où il est cultivé. «Le raisin va réagir différemment s’il est cultivé dans un environnement frais avec peu d’ensoleillement, ou dans un climat chaud comme le désert de la Californie, commente Natalie Richard. Le terroir est très important.»
6 Depuis la loi 88, le millésime (l’année de récolte du raisin) peut également être indiqué sur les vins d’épicerie, même s’il l’est encore rarement. Un bon millésime dépend d’un ensemble de facteurs météorologiques (température, ensoleillement, pluviosité) qui influencent la qualité du raisin, d’où les variations d’une année à l’autre et d’une région à l’autre. «Dans les épiceries, il n’y aura pas de grands millésimes ni de grands crus, mais ce sont de bons vins de consommation courante à la qualité validée», souligne Linda Bouchard.
7 Le rapport qualité/prix est excellent: le prix des vins proposés en épicerie varie entre 12 $ et 18 $, en moyenne. À produit équivalent, la qualité est équivalente pour les vins vendus dans les marchés d’alimentation et à la SAQ. «On ne dicte pas ce qui peut être vendu en épicerie, mais on analyse les vins et on établit le prix de détail en fonction du prix du fournisseur», précise Linda Bouchard.
8 Acheter son vin à l’épicerie permet de réaliser sur place ses accords mets et vins en fonction de ce qu’on a mis dans notre panier.
9 Ces vins sont plus accessibles grâce au grand nombre d’épiceries et à leurs heures d’ouverture plus étendues que dans les SAQ.
10 Les vignerons québécois peuvent vendre leur production directement dans les épiceries et dépanneurs (avec l’aval de la SAQ), ce qui permet aussi d’avoir accès à du vin local unique et de grande qualité.
Les suggestions de Natalie
Bù – Sauvignon Blanc-Sémillon (blanc, France): une valeur sûre, car il s’agit du choix de la sommelière réputée Jessica Harnois. Je l’aime pour sa vivacité, qui s’exprime sur de belles notes d’agrumes. Excellent avec le tartare de saumon, des légumes grillés ou une salade-repas. 13,79 $
Silverthorne – Chardonnay (blanc, Australie): un des cépages préférés des Québécois, qui s’exprime ici sur des notes de poire et de pomme tatin avec une touche de vanille. Il sera parfait avec du homard, du poulet grillé, un filet de porc ou même des pâtes en sauce à la crème. 13,29 $
Wallaroo Trail – Pinot Grigio (blanc, Australie): un vin ludique et passe-partout parfait tant à l’apéro qu’aux repas, et surtout pratique quand on reçoit beaucoup de monde, comme il est offert en format d’un litre. 12,89 $/1 L
Bù – Merlot (rouge, France): autre choix de la sommelière Jessica Harnois, ce vin charme par sa rondeur sur des notes de cerises et de mûres. Il s’accorde parfaitement avec des grillades ou un plat mijoté. 13,79 $
Twist of Fate – Shiraz-Cabernet Sauvignon (rouge, Afrique du Sud): les deux cépages rouges préférés des Québécois en une bouteille! Un vin parfait pour la cuisine réconfort, le barbecue et les côtes levées. 11,99 $ Ces prix sont indicatifs: ils peuvent varier très légèrement d’une épicerie à l’autre.
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