L’horticultrice la plus populaire du Québec en a long à dire sur l’importance du jardin. Elle nous refile d’ailleurs quelques trucs utiles pour optimiser notre potager afin de bien remplir notre garde-manger le temps des récoltes venu.
1. Compagnonnage efficace
«Le secret, c’est de mettre beaucoup d’odeurs et de fleurs dans le potager. Il faut voir son jardin comme un milieu naturel. Il faut mettre en terre des plantes qui sentent très, très fort afin de déstabiliser les insectes. Parce que la mouche de la carotte ou la piéride du chou, par exemple, ne savent pas reconnaître les plantes à l’œil, elles les reconnaissent à l’odeur. Des fleurs qui attirent les pollinisateurs et des herbes aromatiques comme le thym et le romarin vont faire en sorte qu’il y aura beaucoup moins d’insectes au jardin.»
2. Les boîtes à jardin
«Les pots et les potagers surélevés sont pratiques pour les gens qui ont mal au dos ou qui habitent en condo ou en appartement, par exemple. On ne peut pas y faire pousser de tout, mais on peut en faire énormément. Des concombres, on les fait grimper, ça ne prend pas de place! Puis, dans une chaudière d’une capacité de cinq gallons, trouée dans le fond, un plant de tomates dans une bonne terre qu’on arrose fréquemment va être généreux. Avec deux ou trois plants, tu vas pouvoir faire ta salsa et ta sauce à spaghetti.»
3. Une autre façon de partir les tomates
«Tu prends une tomate et tu coupes une tranche. Ensuite, tu plantes la tranche dans la terre, et tu l’arroses. Chaque tranche te donnera quatre ou cinq pieds de tomates. Y a-t-il plus généreux que la terre?»
4. L’entretien du potager
«Quand les semis plantés au jardin ont levé, je mets un bon cinq ou six pouces de paille, j’arrose fréquemment, mais sinon, je ne fais plus rien en attendant la cueillette. S’il pousse de la mauvaise herbe, quelques brins d’avoine ou des pissenlits, ça ne me dérange pas du tout, car à l’automne, je vais les arracher et les enfouir dans la terre pour qu’ils pourrissent. Ils vont faire de l’azote, ce qui enrichit la terre.»
5. Le souchet, une plante à découvrir
«J’expérimente beaucoup au jardin. L’an dernier, j’ai essayé le souchet. Quand tu plantes ça, ça ressemble à une petite noix toute plissée. Ça fait juste des feuilles sur le dessus, on dirait une touffe de foin. À l’automne, quand tu soulèves la plante, tu ramasses toutes les petites boules qui sont prises sur les racines. Elles ont l’apparence de mini-noix et elles sont très riches en protéines. Il en pousse beaucoup, donc, c’est économique. Après la cueillette, on les lave et on les laisse sécher. Je les mets dans une salade et c’est très bon.»
6. Pour bien cultiver la coriandre, il faut penser comme… une coriandre!
«Pour les plantes, le jardin est un lieu de bataille. Quelle plante va boire, manger et s’enraciner en premier? La coriandre n’est pas agressive par les racines. Son moyen de survie, c’est de monter très vite en fleurs et de laisser tomber ses graines sur les autres plantes pour que plusieurs coriandres sortent de terre et envahissent l’espace. C’est comme ça qu’elle pense, la coriandre. Donc, aussitôt que tu vois la hampe florale, tu dois couper cette dernière à la base pour l’empêcher de se reproduire. Ça va vite, donc, tu dois l’observer souvent.»
7. À propos des pissenlits
«Cette fleur a été amenée ici par les colons français. Ils appelaient ça du pisse-au-lit, parce que c’est une plante diurétique. Elle se prête à divers usages en cuisine. Tu peux manger la feuille avant la floraison, tu peux manger la racine en tout temps, c’est très riche en vitamines. La fleur se mange dans une salade et sert même à faire du vin.»
8. L’art de jardiner
«Jardiner, c’est similaire à prendre soin d’un enfant ou d’un animal de compagnie: on a des soins à donner. Si les personnes ne sont pas prêtes à faire des changements dans leurs habitudes, si elles n’arrosent pas leurs plants, si elles n’optent pas pour une terre de qualité, si elles ne ramassent pas leurs fruits et légumes, si elles n’observent pas si leurs plants ont des maladies, si elles ne sont pas vigilantes, c’est sûr qu’elles ne réussiront pas. Mais tout le monde peut avoir le pouce vert. Penses-tu que ta grand-mère avait un cours en botanique?»
À lire: notre entrevue exclusive avec Marthe, dans le magazine Bel âge d’avril 2025, actuellement en kiosque.