L’air
Fait étonnant: l’air intérieur d’une maison conventionnelle est trois à quatre fois plus pollué que l’air extérieur ! Bien qu’invisibles, les polluants sont en effet omniprésents dans notre milieu de vie.
La fumée du tabac
Plus de 3 000 substances chimiques, dont plusieurs toxiques, ont été identifiées dans le tabac. Conséquence: selon Santé Canada, le tabagisme est associé à plus de 24 maladies et affections, telles la bronchite chronique, le cancer du poumon, les maladies cardiovasculaires et le cancer de la bouche. Vous ne fumez pas? Sachez que la fumée secondaire peut être aussi nocive que celle qui est inhalée. Il n’existe qu’une solution pour ne pas être exposé à tous ces contaminants: que personne ne fume dans la maison.
Le monoxyde de carbone (CO)
Ce gaz inodore et incolore provient notamment des appareils de combustion (chaudières, foyers ouverts, générateurs de chaleur, chauffe-eau à gaz ou à mazout, four à gaz, etc.) en mauvais état ou mal entretenus, mais aussi du gaz d’échappement des autos dans le garage. Une exposition légère peut provoquer des maux de tête, des nausées, de la fatigue, voire de la confusion mentale. Et une exposition importante peut être fatale. Donc, maintenez vos appareils et conduits en bon état, et installez des détecteurs de CO à chaque étage de la maison et dans le garage.
Les moisissures
Les atmosphères humides et les infiltrations d’eau contribuent au développement des moisissures, dont les particules se répandent ensuite dans l’air. En plus de causer des dommages aux matériaux, une présence importante peut entraîner des problèmes de santé, comme des allergies, des maux de tête et des maladies respiratoires. Mesurez le taux d’humidité de votre résidence à l’aide d’un hygromètre. Règle générale, le degré d’humidité doit être inférieur à 50% l’été et autour de 30% l’hiver.
Si l’humidité est trop élevée, essayez de l’abaisser avec des mesures simples:
- détectez les infiltrations d’eau;
- colmatez les fissures;
- aérez les pièces été comme hiver;
- ne gardez pas de bois de chauffage dans la maison;
- évitez de faire sécher le linge à l’air libre à l’intérieur;
- vérifiez et nettoyez tous les systèmes de ventilation;
- faites fonctionner régulièrement la hotte de la cuisine et le ventilateur de la salle de bains, tout particulièrement lorsque vous utilisez ces pièces;
- nettoyez et désinfectez régulièrement les humidificateurs, déshumidificateurs et climatiseurs.
Et si vous trouvez des moisissures, éliminez-les rapidement.
Les particules volatiles
Elles représentent l’un des principaux allergènes de la maison et l’une des premières causes d’affections respiratoires, dont l’asthme. Les particules les plus courantes : les excréments des acariens. Ces micro-insectes prolifèrent dans les endroits chauds, humides et poussiéreux. Ils se nichent, entre autres, dans les matelas, les meubles rembourrés, les tapis, les couvertures et édredons, les oreillers, les coussins et les vêtements.
Quelques gestes pour réduire leur nombre:
- remplacez les canapés en tissu par des meubles en cuir;
- limitez l’usage des tapis, rideaux lourds et coussins;
- ne surchauffez pas les pièces; maintenez un taux d’humidité au-dessous de 50%;
- recouvrez d’une housse antiacariens avec fermeture éclair tous les sommiers, matelas et oreillers pour éviter d’être en contact direct avec eux;
- à votre réveil, aérez les lits pendant 30 minutes;
- lavez toujours votre literie à l’eau chaude et séchez-la à haute température; gardez votre maison propre.
Les composés organiques volatils (COV)
Les COV sont des substances chimiques qui se transforment en gaz à la température ambiante. Ils sont ensuite libérés dans l’air intérieur. Selon l’Environmental Protection Agency (EPA), les concentrations de COV présents à l’intérieur des habitations atteindraient parfois des taux 1000 fois supérieurs à ceux de l’extérieur! On les trouve notamment dans la fumée de cigarette, les assainisseurs d’air, le mobilier, les matériaux de construction, les colles et vernis, les bois agglomérés et les peintures. À forte dose, ils peuvent occasionner, entre autres malaises, des irritations, des nausées, des maux de tête, de la fatigue, des allergies et des troubles respiratoires.
Que faire?
- Sélectionnez des revêtements, des matériaux et des peintures sans COV ou à faible teneur en COV (recherchez le label EcoLogo);
- optez pour des colles, vernis, teintures et apprêts à base d’eau;
- aérez régulièrement la maison, et plus encore lors de gros travaux;
- choisissez des armoires sans formaldéhyde et des meubles en bois plein; bannissez les produits à pulvériser, les mèches, les cristaux et les poudres servant à masquer les odeurs ou à rafraîchir, purifier, parfumer ou désodoriser l’air ambiant.
Le bruit
On est exposé quotidiennement à différentes sources sonores, y compris chez soi. Il suffit de penser aux bruits occasionnés par le téléviseur, les systèmes audio, les appareils électroménagers, les systèmes de ventilation et, bien sûr, les conversations animées. Sans compter tous les bruits extérieurs (voisinage, trafic routier, aérien et ferroviaire) qui se faufilent au coeur même de la maison.
Or, il a été clairement démontré qu’une exposition quotidienne et répétée au bruit peut être nuisible à la santé physique et mentale. Elle peut engendrer notamment des troubles du sommeil, des problèmes de concentration, de l’irritabilité, de la fatigue et des dommages auditifs (acouphènes, hypersensibilité à certains sons, perte d’audition).
Des études ont aussi révélé que le bruit peut causer un stress important et augmenter, par le fait même, le risque de développer certaines maladies liées au stress. On sait également que le corps réagit au bruit par une augmentation du rythme cardiaque et de la tension artérielle, et ce, même quand on dort, puisque les oreilles, le cerveau et le corps continuent de réagir aux sons (ronflements, circulation, ventilation, etc.) pendant le sommeil.
Les gens qui vivent à proximité des aéroports, des usines ou des rues bruyantes risquent particulièrement de souffrir d’hypertension ou de maladies du coeur. Évidemment, les effets seront plus ou moins importants selon les niveaux sonores auxquels vous êtes soumis et selon la durée d’exposition.
Quelques solutions:
-
isolez adéquatement les murs pour diminuer les bruits extérieurs;
-
installez des fenêtres étanches à l’air et à double vitrage;
-
baissez le volume du téléviseur et de la chaîne stéréo;
-
retenez les portes et les tiroirs au lieu de les claquer;
-
portez des chaussons plutôt que des chaussures;
-
disposez des tapis aux endroits les plus passants.
Le sol
Connaissez-vous le radon? Il s’agit d’un gaz radioactif incolore et inodore provenant de la désintégration naturelle de l’uranium présent dans le sol. Lorsqu’il se retrouve à la surface du sol, le radon se dilue dans l’air et ne cause pas de problème. En revanche, quand il s’infiltre dans la maison, il se décompose en fragments microscopiques qui se fixent à la poussière que nous inhalons. Dans les poumons, ces fragments continuent à se désintégrer en émettant, durant quelques minutes, des particules de type alpha qui produisent un rayonnement ionisant. Plus les cellules des bronches sont bombardées par ces particules alpha radioactives, plus elles risquent de s’altérer et de se transformer en cellules malignes.
Une exposition prolongée au radon peut provoquer un cancer du poumon. On estime que 10% des décès par cancer du poumon au Québec sont liés au radon. L’exposition au radon est la deuxième cause de ce cancer après le tabagisme, mais la première chez les non-fumeurs.
Le radon peut s’infiltrer par toutes les ouvertures en contact avec le sol: fissures dans la dalle de béton et les murs de fondation, joints de construction, vides sanitaires, espaces autour des tuyaux de branchement ou d’évacuation (eau, égout, électricité, gaz naturel, mazout), puisards, conduits de drainage et drains, etc. Comme il est plus lourd que l’air, il a tendance à s’accumuler dans les pièces les plus basses, comme le sous-sol et le demi-sous-sol.
La seule façon de savoir si vous avez un problème de radon dans votre maison, c’est d’en mesurer la concentration à l’aide d’un appareil appelé dosimètre. Pour obtenir une mesure précise, le test doit être effectué sur une période minimale de trois mois, au niveau le plus bas de la maison et en hiver, car la fermeture des fenêtres entraîne l’accumulation de radon. Ne vous fiez pas au résultat de la maison voisine, ni à la moyenne du quartier, car il existe souvent une différence importante d’une demeure à l’autre.
Quelques recommandations simples pour réduire les niveaux de radon dans la maison:
- localisez et colmatez les fissures dans les murs et les planchers de la fondation; scellez les ouvertures autour des tuyaux et des conduits de drainage;
- vérifiez que les puisards sont couverts et ventilés vers l’extérieur;
- assurez une bonne ventilation de la maison, particulièrement du sous-sol.
La lumière
La lumière naturelle est le plus grand synchronisateur de l’horloge biologique. Plus la lumière est vive et plus l’exposition est longue, plus cette lumière agit positivement sur les rythmes circadiens qui correspondent à une période de 24 heures. Ainsi, on sait que la lumière du jour déclenche la sécrétion de cortisol, l’hormone du stress positif qui mobilise les énergies pour aider à attaquer la journée du bon pied. À l’inverse, elle empêche la production de mélatonine, l’hormone du sommeil.
La lumière naturelle aide donc à régulariser le cycle sommeil/ éveil, à s’adapter à différents fuseaux horaires et à demeurer en bonne santé physique et psychologique. Le hic: à cause des nouvelles technologies, nous passons de plus en plus de temps enfermés entre quatre murs. Or, l’intensité lumineuse à l’intérieur de nos maisons est beaucoup plus faible qu’à l’extérieur. Le corps s’en ressent.
Ceux qui travaillent dans des locaux sans fenêtre, qui sortent rarement à l’extérieur, qui travaillent la nuit ou qui habitent un appartement sombre risquent particulièrement de développer des troubles du sommeil, du stress, de la somnolence, des sautes d’humeur, une baisse d’énergie, de l’irritabilité, de la fatigue chronique ou une diminution de la vigilance et de la concentration.
Les gens très sensibles à la baisse de luminosité dans l’environnement, eux, vont souffrir de dépression saisonnière lorsque les journées raccourcissent.
Des solutions simples:
- sortez dehors au moins 30 minutes par jour, idéalement le matin;
- ouvrez grand les rideaux pour laisser entrer la lumière du jour;
- installez un grand miroir sur le mur opposé d’une fenêtre pour qu’il puisse réfléchir et diffuser la lumière dans toute la pièce; multipliez les sources lumineuses;
- établissez une routine de sommeil et d’éveil;
- tamisez les lumières le soir;
- évitez de lire sur une tablette lumineuse avant le coucher;
- dormez dans une pièce sombre;
- utilisez la luminothérapie, si nécessaire.
Merci à Laurence Desrosiers, porteparole d’Écohabitation, et à la Dre Diane Boivin, professeur titulaire et directrice du Centre d’étude et de traitement des rythmes circadiens à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, pour leur collaboration.
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