Nos articulations: des solutions

Nos articulations: des solutions

Par Isabelle Bergeron

Crédit photo: iStock Photo

C’est un fait, le poids des années pèse lourd sur nos articulations. L’arthrose est la principale cause des douleurs articulaires, dont celles aux genoux, à la hanche et aux mains. Contrairement à l’arthrite rhumatoïde, qui est une maladie inflammatoire, cette forme d’arthrite est dégénérative. Environ 12 % de la population serait touchée par l’arthrose, et environ 2 % par l’arthrite rhumatoïde. 

Causée principalement par le facteur âge, l’hérédité, le surplus de poids et les blessures entraînées par la pratique d’un sport sollicitant intensément nos articulations, l’arthrose ne se guérit pas. Par contre, différents moyens existent pour retarder la dégradation de nos articulations et soulager la douleur occasionnée.

NOS GENOUX

Ils sont le plus souvent affectés lorsque nos articulations vieillissent. Au lever, nos jambes seront «raides», une sensation particulière à l’arthrose qui diminuera à mesure que l’on s’activera. Une certaine inflammation peut aussi apparaître. Plus le mal évolue, plus la douleur se manifeste à tout moment de la journée, au point parfois de nuire au sommeil et de rendre difficile la marche sur une longue durée ou la pratique de certaines activités.

Quand consulter? 

«Le seuil de tolérance est différent d’une personne à l’autre, observe le Dr Robert Turcotte, chef du département de chirurgie orthopédique du Centre universitaire de santé McGill. Mais plus on tarde à consulter, plus nos articulations se détériorent.» Dès que le mal se présente de façon assez régulière et qu’il nous incommode, on prend donc rendez-vous avec notre médecin, qui nous dirigera vers le spécialiste approprié, un rhumatologue ou un physiatre. Le recours à un kinésiologue ou un physiothérapeute est également fréquent: c’est lui qui, entre autres, nous concoctera un programme d’exercices et de gestes utiles à pratiquer.

Ce qu’on peut faire, tout de suite 

✓ Faire régulièrement de l’exercice est le premier truc à se mettre dans la manche! «Dans nos articulations, il y a du liquide synovial, explique Denis Fortier, physiothérapeute et auteur, notamment, de 99 façons de prévenir les effets du vieillissement (Trécarré, 2016). C’est un lubrifiant pour nos articulations. Quand on bouge, ce liquide se promène partout sur celles-ci et les protège.» Une trentaine de minutes de marche par jour réduirait la douleur. «Pour un effet maximal, on devrait marcher environ une heure quotidiennement», poursuit Denis Fortier. On pourrait aussi opter pour le yoga, la nage ou l’elliptique avec les mêmes résultats. Ce qui compte, c’est de faire quelque chose qui nous plaît et qui n’entraîne pas de douleur. «Il est aussi important de renforcer nos muscles, la gaine de nos articulations, et de les garder toniques», ajoute le Dr Turcotte.

✓ Si on a quelques livres en trop, on essaie d’en perdre un peu. Si on a passé la soixantaine et qu’on est obèse, par exemple, on a 60 % de risques de souffrir d’arthrose. «Ce n’est pas seulement en raison du poids sur les articulations, mais aussi parce que, quand on a des kilos en trop, on est plus sujet à l’inflammation», préciser Denis Fortier.

✓ «Certaines personnes atteintes d’arthrose retirent beaucoup de bien de séances de massothérapie ou d’acupuncture», conseille le physiothérapeute. Recourir à ce type de traitements n’empêchera pas la maladie d’évoluer, mais, comme tout notre corps a tendance à se crisper quand nos articulations font défaut, c’est une bonne façon de se faire du bien.

✓ On oublie les talons hauts au profit de chaussures confortables offrant un bon soutien. 

✓ Des études ont démontré que prendre 1500 mg de sulfate de glucosamine protégerait nos articulations et ralentirait la progression de l’arthrose. 

✓ Lorsque la souffrance se fait sentir, une source de chaleur soulage, tandis que le froid sera plus utile en cas d’inflammation. Se masser les genoux avec une crème ou une pommade anti-inflammatoire fait du bien également. On s’informe auprès d’un pharmacien. 

✓ Quand la douleur est trop intense, des médicaments, comme des acétaminophènes, se révèlent généralement efficaces. Là aussi, notre pharmacien sera de bon conseil, mais lorsqu’on a mal, c’est notre médecin qu’on devrait consulter avant tout. «On évite de miser sur la médication seule, insiste Denis Fortier. Par exemple, on ne peut pas se dire: « Je prends des médicaments, alors je n’ai pas besoin de sortir marcher. »»

Des moyens plus costauds  

Si le recours aux injections de gel de suppléance (au liquide synovial) ou à la cortisone (quand il y a beaucoup d’inflammation) est assez commun et qu’il a fait ses preuves, l’arthroscopie du genou est un peu plus contestée, bien que pratiquée encore régulièrement. Cette opération mineure consiste, grâce à une petite incision, à insérer une mini-caméra afin de procéder au nettoyage de l’articulation (où se trouvent parfois des petits débris de cartilage). L’intervention ne dure souvent qu’une vingtaine de minutes, et on peut ressortir de l’hôpital la journée même. Quelques études, dont la plus récente parue dans le British Medical Journal, ont conclu que le recours à une combinaison de traitements non chirurgicaux (exercices, injections, etc.) s’avérait plus efficace.

Néanmoins, quand la maladie est trop avancée et que les cartilages sont trop usés, voire disparus, la chirurgie deviendra souvent inévitable. On remplace alors le genou par une prothèse, partielle ou totale. Pour bien des gens, il s’agit d’un véritable soulagement! Généralement, on reprend progressivement ses activités après quelques semaines. «Cela demeure bien entendu une chirurgie, mais elle est beaucoup moins invasive qu’elle ne l’a déjà été, analyse le Dr Turcotte. Dans certains cas, on parle même de chirurgie d’un jour.» En règle générale, toutefois, on demeurera hospitalisé pendant au moins deux ou trois jours. «Aujourd’hui, les prothèses utilisées ont une durée de vie de 20 à 25 ans et sont très efficaces, note le spécialiste. En fait, toutes les méthodes développées pour traiter l’arthrose sont pratiquement à leur maximum d’efficacité. C’est pourquoi les recherches dans ce domaine sont plutôt limitées.» 

Des chercheurs s’affairent cependant. Par exemple, certains, à Strasbourg, ont mis au point une nouvelle génération d’implants ostéo-articulaires. Ces implants seraient capables de réparer le cartilage abîmé et de refaire simultanément l’os en dessous. Les implants devraient bientôt être testés sur des personnes. Par ailleurs, des techniques de radiographie plus sophistiquées sont actuellement testées, notamment par deux rhumatologues français. Elles permettraient de mieux cibler les personnes chez qui l’arthrose risque de dégénérer davantage, afin de pouvoir agir plus rapidement. 

NOS POIGNETS ET NOS MAINS

Nos doigts, surtout, pourront être «raides», un peu enflés et douloureux. À noter toutefois que l’arthrose des mains semble provoquer moins de douleur, voire pas du tout, chez plusieurs personnes atteintes. En revanche, de petites bosses peuvent se former avec le temps, «déformant» peu à peu nos mains. Si le pouce surtout est touché, on parle de rhizarthrose. «Souvent, dans le cas des mains, l’arthrose sera mieux tolérée, commente le Dr Turcotte. Contrairement aux douleurs aux genoux ou à la hanche, celles liées aux mains s’avèrent moins handicapantes: on utilisera l’autre main si elle est moins ou pas atteinte. On trouvera souvent une façon de s’organiser malgré tout.» Mais on pourrait toutefois éprouver plus de difficulté à réaliser des gestes «fins», qui exigent de la précision. 

Quand consulter?

Lorsqu’on a mal, bien sûr, ou dès que notre condition devient quelque peu contraignante (on peine à ouvrir les robinets ou à faire fonctionner la télécommande, par exemple). Notre médecin nous recommandera à un rhumatologue ou à un ergothérapeute. Ce dernier nous recommandera sans doute certains exercices à faire et le port d’une attelle, surtout pendant la nuit, afin de «reposer» notre main. 

Ce qu’on peut faire, tout de suite 

✓ Chaque jour, on fait travailler nos mains. Car ici aussi, bouger est la première recommandation. «On prend quelques minutes tous les jours pour faire des exercices, recommande Denis Fortier. Par exemple, serrer une éponge ou une balle molle, ou mettre notre main à plat sur la table puis plier et déplier nos doigts.» 

✓ Puisqu’un surplus de poids rend plus vulnérable à l’inflammation, viser un poids santé en adoptant un régime sain et en bougeant jouera assurément en notre faveur. 

✓ On songe à prendre un supplément de glucosamine.

✓ À l’instar de l’arthrose du genou, le chaud (un bon bain d’eau chaude pour nos mains le soir) et le froid se révèlent également de précieux alliés.

✓ Idem pour une crème anti-inflammatoire ou de l’acétaminophène (ou autre, selon les recommandations de notre médecin ou pharmacien).

✓ Fait intéressant: une étude européenne de 2011 a démontré que les massages et les exercices d’assouplissement pouvaient réduire la douleur de 63 % après deux mois. 

Des moyens plus costauds

Des injections de cortisone ou d’acide hyaluronique, surtout dans le cas de rhizarthrose, constituent une option intéressante. Quant à la chirurgie, elle s’envisage surtout si on souffre de rhizarthrose, pour poser une prothèse ou enlever un trapèze dont une ou plusieurs surfaces articulaires sont abîmées par l’arthrose. Dans les deux cas, il s’agit le plus souvent d’une chirurgie d’un jour, suivie de plus ou moins trois mois de récupération. 

NOS HANCHES

Parfois, on peut avoir la sensation que notre hanche «bloque» et que toute la région qui l’entoure brûle à cause de l’inflammation. La douleur se manifestera souvent le matin, puis ressurgira dans la journée, surtout après un effort important. Souvent éprouvée dans le pli de l’aine, elle irradie dans certains cas jusque dans la cuisse, devenant très invalidante. Environ 3 % des Québécois souffrent d’arthrose de la hanche, aussi appelée coxarthrose. Certaines personnes aux prises avec cette dernière ont beaucoup de difficulté à marcher plusieurs minutes d’affilée, boitent, ont du mal à croiser et à écarter les jambes ou à attacher leurs souliers.

Quand consulter?

Comme la progression de cette maladie s’étend sur 15 ans, voire davantage, on met parfois longtemps avant de voir un médecin… et c’est une erreur! Même quand on peut encore accomplir tout ce qu’on a l’habitude de faire, même lorsqu’on ressent seulement une petite douleur en sourdine et un peu de raideur le matin, on court consulter! Plus on traite l’arthrose rapidement, plus on a de chances de retarder sa progression.

Ce qu’on peut faire, tout de suite

Si possible, on sort marcher, ne serait-ce que quelques minutes, afin d’éviter l’ankylose. Et la piscine s’avérera sans doute notre meilleure amie. «Varier les mouvements dans l’eau rendra l’exercice plus efficace, avise Denis Fortier. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le vélo n’est pas interdit. À condition, bien sûr, de respecter nos limites. 

✓ En supplément: 1500 mg de sulfate de glucosamine.

✓ On veille à notre ligne, grâce à un menu équilibré.

✓ On choisit des chaussures confortables. 

✓ Ici aussi, la prise d’acétaminophène et d’anti-inflammatoire soulagera lors d’épisodes de douleur aiguë.

Des moyens plus costauds 

«Les injections sont possibles, mais plus compliquées pour la hanche, prévient le Dr Turcotte. Essentiellement parce que cette articulation est plus difficile d’accès.» Quand la maladie est à un stade plus avancé, une prothèse sera sans doute nécessaire. Il s’agit d’une chirurgie relativement importante, mais avec un taux de satisfaction très élevé auprès de la plupart des patients, qui affirment retrouver une assez bonne qualité de vie par la suite. La convalescence prend de trois à six mois, mais on pourra habituellement remarcher le surlendemain de l’opération et quitter l’hôpital. Des chirurgiens de l’hôpital Maisonneuve-Rosemère, à Montréal, ont même réalisé en 2016 l’installation d’une prothèse totale de la hanche en moins d’une heure, et le patient a eu son congé quelques heures plus tard! 

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