Deuxième plus grand État américain, le Texas est surtout connu pour sa capitale, Austin, et sa plus grande ville, Houston, où se trouve un centre spatial de la NASA. Mais si on veut retrouver l’authentique culture western qui a fait sa réputation, c’est dans l’Ouest texan qu’on se rend!
À partir de Houston, un vol d’un peu moins de deux heures mène à Lubbock, une ville de près de 300 000 habitants, dont le centre névralgique est la Texas Tech University, le deuxième plus vaste campus universitaire aux États-Unis. Bien que la gastronomie de la région soit souvent décrite comme très rustique, on y trouve également plusieurs bonnes tables plus raffinées.
Cela dit, on ne se mentira pas: au Texas, il est possible de ne manger que des plats riches en viande et en gras saturés… mais il est aussi très facile de commander un repas fin. On dégustera par exemple un ceviche de crevettes et une margarita aux saveurs maison au restaurant d’inspiration latine La Sirena (lasirenacocina.us). Ou, pour un repas pris sur le pouce, on essaiera ceux du «gastro truck» Farm to Fork, qui sert des menus cinq étoiles exclusivement composés de produits locaux frais du jour à même un camion installé dans un stationnement de centre commercial (f2fgastrokitchen.com).
Autre coup de cœur à la fois humain et culinaire: La Diosa Cellars, un resto de tapas et de pizzas fines d’inspiration espagnole, qui accueille ses clients dans un décor riche en couleurs saturées et en œuvres d’art (ladiosacellars.com). La propriétaire, Sylvia McPherson, était designer d’intérieur lorsqu’elle a rencontré son mari, Kim, un des plus importants producteurs vinicoles du Texas. Ils se sont rencontrés à Los Angeles, et Kim a convaincu Sylvia de venir vivre à Lubbock, où il a repris l’entreprise familiale. Créé en janvier 2004, son restaurant se situe juste en face de la société de son conjoint. Elle a transformé l’ancien espace industriel en un lieu extrêmement chaleureux où l’on peut déguster, entre autres, des escargots, divers houmous maison, des boulettes espagnoles et des sardines. On y sert le vin du voisin d’en face (évidemment!), mais aussi des vins d’importation ou une sangria maison dont Sylvia seule détient la recette et qu’on peut acheter en bouteille sur place.
Bien sûr, l’expérience texane ne serait pas complète sans un détour dans un des fameux BBQ locaux, qui proposent des viandes en grande quantité, cuites sur la broche et servies dans un carton sur un plateau. Il ne faut pas s’attendre à voir des légumes! Les BBQ texans, dont l’incontournable Evie Mae’s à Lubbock, se targuent d’être les spécialistes des viandes fondantes comme le brisket, cette pièce de bœuf couverte d’une généreuse croûte de gras. Un délice à réserver aux estomacs solides, surtout si on adopte ce menu plusieurs fois durant notre séjour! Il faut dire qu’en plus, les repas se concluent avec une vaste sélection de tartes couvertes de crème…
Sur les traces de Buddy Holly
Si les musiques folk et country imprègnent chaque parcelle de la vie texane, l’intérêt pour les autres styles musicaux y est aussi bien vivant. Une légende du rock’n’roll – Buddy Holly – est d’ailleurs originaire de Lubbock. Charles Holley, de son vrai nom, est né dans la région en 1936. Sa mémoire est non seulement honorée à Lubbock, mais elle demeure aussi présente dans la culture populaire. Son travail de compositeur a en effet posé les bases d’un répertoire riche, qui a inspiré plusieurs grandes figures de la musique, notamment les Beatles.
À l’extérieur même du bâtiment, le Buddy Holly Center nous accueille avec les fameuses lunettes de l’artiste en format géant pour les photos-souvenirs (mylubbock.us). À l’intérieur, on découvre la trop courte de vie de Buddy, décédé dans un accident aérien à l’âge de 22 ans, à travers un axe du temps parsemé d’objets originaux sous verre, dont les lunettes de l’artiste retrouvées après l’écrasement de son avion en 1959. On en apprend également davantage sur l’histoire de son groupe, The Crickets, de même que sur les événements entourant sa fin tragique. Pour la petite histoire, signalons que la femme qu’il venait d’épouser, Maria Helena (qui a hérité de presque tous ses biens à sa mort), ne faisait pas l’unanimité dans son entourage. Follement amoureux, Buddy s’était fiancé avec elle dès leur premier rendez-vous, s’éloignant ensuite de ses proches. Le musée qui rend hommage à l’artiste nous permet de voir ses guitares, mais aussi une reconstitution minutieuse de la maison où ses plus grands succès ont été composés, incluant plusieurs éléments originaux, dont le lit sur lequel il s’est assis pour écrire That’ll Be the Day et Peggy Sue.
La revitalisation artistique fait d’ailleurs partie des priorités de la ville de Lubbock. Le Charles Adams Studio Project (CASP) a ainsi converti une ancienne zone industrielle en espace de création. On y a aménagé des appartements – que des artistes peuvent occuper en échange de certaines de leurs œuvres –, un vaste atelier de poterie, un entrepôt doté d’outils pour travailler le métal, des murales et des sculptures. Juste à côté, le Louise Hopkins Underwood Center for the Arts propose un parcours artistique intérieur et extérieur. Un vendredi par mois, plusieurs milliers de personnes s’y rassemblent pour des lectures publiques et des prestations théâtrales.
Un verre de vin avec ça?
Parmi les vins en provenance des États-Unis, on connaît surtout ceux de Californie, mais l’apport non négligeable du Texas mérite qu’on s’y attarde. Son climat chaud et sec donne effectivement lieu à une culture particulière qui permet de produire des vins dont le goût rappelle ceux du Portugal.
Les McPherson, déjà mentionnés dans cet article, ont été des pionniers dans l’industrie de la viticulture et de la vinification texane il y a une quarantaine d’années. Le vigneron Kim McPherson a magnifiquement restauré l’usine d’embouteillage historique de Coca-Cola, située dans le quartier du divertissement de Lubbock (mcphersoncellars.com). Lauréat de plus de 600 prix dans des compétitions nationales et internationales, il propose de déguster le vin tout en entrant en contact avec le système de production du nectar. Un vrai personnage! Aussi passionné que sa conjointe, Kim McPherson parle des vins comme on parle d’amis proches. Une dégustation en sa compagnie donne vite lieu à une conversation rocambolesque! Selon lui, ses vins ne sont pas faits pour être consommés dans 20 ans. Les raisins qu’il cultive, pressés moins de trois heures après leur cueillette, conservent leur fraîcheur une fois embouteillés. Ce sont des vins de consommation immédiate parce que, selon lui, «la vie est trop courte pour qu’on laisse un vin plusieurs années dans le fond d’une cave».
À 30 minutes du centre-ville, on peut aussi visiter un vignoble qui s’étend à perte de vue: Llano Estacado (llanowine.com). On y fabrique des vins de haute qualité reconnus mondialement. Il s’agit même de la plus grande production en activité au Texas! Pour les vignerons, la culture du raisin dans l’ouest du Texas demeure un défi, mais elle procure des fruits de meilleure qualité qu’ailleurs dans l’État, car ils conservent leur acidité naturelle.
Des éoliennes en héritage
Jusque dans les années 1950, dans cette région des États-Unis, pratiquement toutes les familles en milieu rural avaient une éolienne à la maison. Lorsqu’on pense aux moulins à vent, les Pays-Bas nous viennent aussitôt en tête. Pourtant, le plus grand musée du moulin à vent du monde se situe à Lubbock, au cœur du Texas! L’American Windmill Museum fait ainsi découvrir plus de 170 moulins aux visiteurs (windmill.com). Tous restaurés, présentés autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du musée, ils retracent l’évolution de l’énergie éolienne à travers les siècles. Plusieurs sont encore fonctionnels. L’un d’entre eux sert d’ailleurs à produire l’électricité requise pour la propulsion d’un train électrique circulant à travers un village miniature reconstituant l’histoire des moulins à vent au Texas.
On n’oublie pas non plus les cowboys! Le National Ranching Heritage Center retrace le parcours d’authentiques cowboys grâce à ses 49 bâtiments, dont 30 originaux, vieux de 100 à 180 ans (depts.ttu.edu/nrhc). L’histoire des familles ayant vécu dans les ranchs entre 1700 et 1950 y est relatée de façon chronologique, dans un parcours extérieur d’une durée d’environ une heure et demie. Une application mobile permet de découvrir les particularités de chaque bâtiment. L’ensemble s’avère extrêmement réaliste, puisque les pierres et le bois sont préservés naturellement. Par exemple, un des bâtiments porte encore les traces de balles de fusil tirées sur la porte. Impressionnant!
À travers ses menus, ses héros, ses paysages et ses musées, l’ouest du Texas permet de sauter à pieds joints dans notre culture cinématographique western. Avec un plus bien réel: il y fait soleil tous les jours!
En pratique
On y va! À partir de Montréal, un vol direct (4 heures) mène à Houston. Par la suite, un court vol (moins de 2 heures) nous transporte à Lubbock.
Quand? Comme partout au Texas, le climat peut se révéler assez aride en été, avec des températures au-dessus de 32 oC durant plus de trois mois. En hiver, il fait légèrement sous zéro. Le printemps ou l’automne sont donc parfaits pour jouir de conditions climatiques agréables.
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