L’héritage d’Elena Faita

L’héritage d’Elena Faita

Par Carolyne Ann Boileau

Crédit photo: iStock

Figure de proue de la Quincaillerie Dante et fondatrice de l’école de cuisine Mezzaluna, Elena Vendittelli Faita a fait tout un cadeau à sa famille et aux Québécois: elle vient tout juste de publier son premier livre de recettes. Pas mal pour une dynamo de 77 ans!

Les premières pages de La cucina di Elena frappent fort: on y voit les portraits de femmes qui ont marqué sa vie. En admirant le mélange de photos d’époque et d’images récentes, le lecteur s’apprête à plonger au cœur d’une histoire familiale fascinante, celle où des immigrants ont choisi de quitter leur terre natale pour se construire une vie meilleure ailleurs. Au Québec, et à Montréal, de surcroît!

Les chapitres sont bâtis en fonction des jalons importants du parcours d’Elena. Des recettes de famille y sont greffées, avec anecdotes en prime. On y apprend que son fils Stefano craque pour les Suppli al telefono, ces croquettes de riz frites avec du fromage fondant qui s’étire… comme un fil de téléphone! On découvre également une recette de tomates séchées, comme les préparait sa cousine Rachela. Et puis, il y a la Salsa di Cristina, dont la photo nous met aussitôt en appétit. Au fil de la conversation, on apprend d’Elena que cette recette a été concoctée par sa fille (Cristina), très présente dans le quotidien de sa mère malgré la distance qui les sépare – elle habite en Italie.

Elle signe d’ailleurs la préface du livre, un hommage senti et authentique à la femme qui lui a donné la vie et dont la province est tombée sous le charme depuis sa toute première apparition à la télé avec Clémence Desrochers.

Le flair de Cristina

Habitués au visage de Stefano, les Québécois connaissent moins celui de Cristina. Pourtant, comme son célèbre frère, elle est la petite voix derrière sa mère. Elle est aussi l’instigatrice derrière la mise sur pied de l’école de cuisine Mezzaluna et celle qui a proposé une restructuration du commerce familial, tenu à bout de bras par Elena et son jeune frère Rudy.

Pour la rédaction, Elena a bénéficié d’un bon coup de pouce de ses enfants: «D’abord, Stefano m’a expliqué comment écrire un livre. J’ai été instruite en anglais, alors j’ai écrit mes textes dans cette langue, la nuit. C’est à ce moment-là que les mots s’enchaînaient. Ensuite, j’envoyais mes textes à ma fille qui, elle, les traduisait. Elle m’a beaucoup aidée. Je n’ai jamais voulu qu’elle travaille au magasin. Je lui ai toujours dit:  » Tu es allée à l’université. Fais ta carrière. » Cristina a toujours eu de bonnes idées et a su bien me guider dans ce projet.»

Un livre pour ses petits-enfants

Elena a refusé plusieurs offres d’éditeurs déjà. Il faut dire que passer 65 années à travailler dans le commerce familial tout en enseignant la cuisine italienne pendant 35 ans, ça occupe beaucoup! Jusqu’à tout récemment, écrire un livre de recettes n’était pas du tout dans ses plans. «À la dernière offre, j’ai pris le temps d’y penser. Je crois que j’étais enfin prête à l’écrire. Mais je ne tenais pas à ce que ce soit juste des recettes. Je voulais transmettre notre histoire familiale et que ce soit une forme de legs à mes petits-enfants. Notre vie a été difficile et nous ne sommes pas les seuls. Les immigrants comme nous avons travaillé très fort. Je voulais aussi leur montrer cet aspect-là de notre vie.»

Mission accomplie pour Elena, qui nous présente un portrait chaleureux et authentique de sa famille et, qui plus est, 75 recettes italiennes qui font saliver. Ce beau livre trouvera sa place dans plusieurs pièces de la maison, de la bibliothèque culinaire à la table basse du salon.

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