Quand il s’agit de s’offrir de nouvelles lunettes, certains consommateurs optent pour l’achat en ligne. Quels sont les tenants et les aboutissants d’une telle démarche? On en discute avec le Dr Jean-Marie Hanssens, optométriste et professeur agrégé à l’École d’optométrie de l’Université de Montréal.
Quels sont les avantages d’acheter des lunettes en ligne?
Du point de vue du consommateur, le premier avantage est d’abord le prix. Il y a aussi la facilité: on peut faire ça de chez soi, sans se déplacer. Finalement, les consommateurs nous rapportent qu’ils sont moins limités au niveau du choix de montures. On est dans un inventaire beaucoup plus large, même si un magasin peut offrir le même inventaire en commandant les lunettes en essai.
Quels sont les inconvénients d’un tel achat?
Comme la majorité des sites sont situés à l’étranger, ils sont dérèglementés et peuvent vendre des lunettes sans ordonnance. Les lunettes ont un côté mode, mais ce sont d’abord et avant tout des orthèses visuelles. On corrige la vue des gens. C’est un vrai danger d’acheter en ligne parce que les personnes peuvent changer la force de leurs verres, ne plus faire d’examen et indiquer eux-mêmes des puissances approximatives, celles qu’ils avaient il y a six, sept ou huit ans. De plus, les consommateurs n’ont pas de recours en cas de pépin. Souvent, c’est un logiciel qui traite la commande et le site n’emploie qu’un technicien pour faire le taillage. Il n’y a pas de professionnel. Les optométristes et les opticiens du Québec n’ont pas le droit de vendre des lunettes en ligne parce qu’il n’y a pas encore d’outils efficaces pour prendre les mesures correctement. On n’arrive pas à reproduire ce qu’on parvient à faire en direct avec de vraies lunettes sur le visage des gens.
Quels sont les besoins particuliers auxquels les aînés doivent porter attention quand ils achètent des lunettes?
Tous les verres particuliers, comme les verres progressifs, les bifocaux et les verres de proximité, nécessitent un centrage très précis. Ce n’est pas le visage de la personne qu’on mesure, mais bien les lunettes placées sur le visage. On doit faire cette étape en personne. L’achat en ligne est aussi risqué pour les myopes, dont les lunettes nécessitent des centrages particuliers et des examens fréquents, de même que pour les consommateurs qui ont des prescriptions moyennes à fortes, qu’ils soient myopes, hypermétropes ou astigmates. Leur condition exige de prendre en considération plusieurs aspects au niveau du choix des verres, mais aussi de la monture.
Qu’en est-il de l’achat de verres de contact en ligne?
C’est encore plus risqué! On ne fait pas de prescription pour les verres de contact: on doit l’ajuster à partir de la prescription de lunettes. Le professionnel fait essayer les verres de contact au consommateur et vérifie que la puissance, le mouvement, le centrage et la rotation sont adéquats. Si on les magasine en ligne, on ne connaît pas leur provenance et on n’a pas la certitude d’avoir commandé les bonnes puissances, la bonne courbure et le bon matériau.
L’IMPORTANCE DE L’EXAMEN
Le Dr Hanssens est formel: il est essentiel de ne pas négliger les examens de la vue, même si
on choisit d’acheter ses lunettes ou ses lentilles cornéennes en ligne.
«Les gens doivent continuer à faire leurs examens. Pour les verres de contact, on recommande des examens annuels en raison des risques d’infection plus élevés», explique-t-il.
De plus, les glaucomes et autres maladies de l’œil risquent de passer sous le radar si on néglige
de consulter régulièrement un optométriste ou un ophtalmologiste. «C’est pour ça que la vente
de lunettes au Québec est légiférée avec une ordonnance: pour permettre d’avoir un examen
à fréquence régulière.»
Dernière mise à jour: août 2024
Pour les lunettes en ligne, je trouve que le docteur Hassens n’est pas trop au courant du marché des lunettes en ligne. Plusieurs compagnies américaines demandent nos ordonnances venant du Québec et nous donnent toutes les informations afin de prendre les mesures nécessaires pour l’ajustement de la monture. Je trouve que ce médecin parle pour sa paroisse et non pas pour le publique.