Dans son nouveau livre, la médecin et chercheuse s’en prend au mythe tenace voulant que les hormones féminines soient en cause dans le cancer du sein. Elle nous donne un aperçu de ses découvertes.
Dans votre livre, vous citez des études ayant démontré que les œstrogènes diminuaient le risque de cancer du sein. Pourquoi ceux-ci ont-ils encore mauvaise presse?
On attribue souvent les cancers du sein aux hormones féminines, alors qu’ils surviennent majoritairement chez les femmes de plus de 40 ans, période pendant laquelle leur taux de production d’œstrogènes et de progestérone est en déclin. Or, à cette période, les femmes ont environ 20 fois moins d’hormones féminines!
La vaste étude américaine WHI (Women’s Health Initiative), en cours dans les années 1990, avait pourtant montré une diminution de la mortalité chez les sujets ayant pris de l’hormonothérapie. Il y avait une diminution de 54% de la mortalité due au cancer du sein chez les femmes de 50 à 79 ans! Mais la peur des œstrogènes est un mythe persistant…
Les symptômes associés à une déficience prolongée en œstrogènes, comme celle qui survient à la ménopause, devraient-ils être mieux connus?
Les lignes directrices en hormonothérapie sont établies majoritairement par des gynécologues-obstétriciens, mais les femmes souffrant des symptômes de la ménopause vont d’abord consulter leur médecin de famille. Elles vont expérimenter des symptômes comme la fatigue, l’anxiété, l’ostéoporose, des douleurs musculaires, etc. Comme ces symptômes peuvent indiquer divers problèmes de santé, ces femmes ne seront pas nécessairement envoyées consulter en gynécologie.
Je n’ai jamais dit que les hormones étaient la réponse à tout, seulement, il faut en tenir compte parce que la préménopause et la ménopause touchent toutes les femmes.
Pourquoi les œstrogènes sont-ils bénéfiques dans la prévention du cancer du sein?
En analysant les preuves scientifiques, on constate que les œstrogènes ont un effet protecteur contre le cancer du sein principalement en exerçant un contrôle sur la croissance des cellules mammaires. La prolifération des cellules permet aux organes de se regénérer, mais elle doit être contrôlée par apoptose, c’est-à-dire par la mort programmée des cellules en trop. Les œstrogènes contribuent à réguler le tout.
Pourquoi préconisez-vous l’hormonothérapie bio-identique?
On appelle cette hormonothérapie «bio-identique» parce qu’elle est identique à ce que le corps produit, donc sécuritaire. Les femmes peuvent en prendre aussi longtemps que nécessaire. Cela dit, si les hormones bio-identiques n’existaient pas, je prendrais des hormones non bio-identiques sans problème. Tout comme les hormones bio-identiques, elles contribuent à prévenir l’ostéoporose, le cancer colorectal, la démence… Mais comme elles peuvent contenir des progestines, les risques de maladie cardiovasculaire et de formation de caillots sont légèrement plus élevés.
Quand tu mets tout dans la balance, il y a des risques, mais aussi des bénéfices. Ce que je veux, c’est que les femmes aient les bénéfices sans les risques. C’est pourquoi je préconise l’hormonothérapie bio-identique.
Bonjour,
Cela me surprend et me choque en même temps: l’oestrogène ne prévient pas le cancer du sein dans tous les cas. J’ai eu un cancer du sein hormonodépendant (à l’œstrogène). Je prends maintenant des bloqueurs d’œstrogènes. Le cancer du sein touche une femme sur 8. La majorité en haut de 50 ans. 80% des cancers du sein sont de type hormonal.
Ce n’est pas rien. Toutes ces femmes ne peuvent pas prendre aucune hormone, bio-identique ou non. Je trouve vraiment déplorable qu’on n’inclue jamais ce sujet ou qu’on ne spécifie jamais cela dans les articles reliés aux hormones bio-identiques. Merci de votre attention.
C’est précisément le sujet de cet article. Ayant eu un cancer du sein hormonodépendant moi aussi, j’ai choisi de ne pas prendre de bloqueur d’hormone. Et suivant les travaux de Dre Demers, je considère prendre de l’œstrogène bio identiques pour faire cesser l’évolution des dommages causés à mes os par la ménopause. Je le ferai suivi par un médecin bien entendu.
Quand je lis les témoignages de femmes qui prennent de l’hormonothérapie et qui souffrent, j’ai du mal à comprendre pourquoi on n’apprend pas à mieux écouter ce que notre corps nous dit.