Le diabète de type 2 est-il réversible?

Le diabète de type 2 est-il réversible?

Par Marie-Josée Roy

Crédit photo: iStock

«On m’a diagnostiqué un diabète de type 2 récemment. Bien qu’on m’ait expliqué plusieurs directives à suivre à propos de l’alimentation et de la médication, je me demandais s’il y avait une quelconque façon de guérir ce trouble de santé.»

– Nathalie Champagne, Shawinigan

La réponse du Dr Rémi Rabasa-Lhoret, endocrinologue à l’Institut de recherches cliniques
de Montréal et directeur conseil professionnel de Diabète Québec.

J’ai passé mes examens pour devenir spécialiste au début des années 1990: à l’époque, on m’aurait renvoyé étudier si j’avais affirmé qu’on pouvait guérir du diabète! Maintenant, on a des cohortes au long cours qui montrent que les patients, après une chirurgie bariatrique ou après une perte de poids importante obtenue par d’autres moyens, peuvent normaliser totalement leur taux de sucre pendant de longues années.

Renverser la vapeur

On a commencé à parler plus sérieusement de rémission au moment où la chirurgie bariatrique est devenue plus commune. On parle de rémission et non de guérison parce qu’il y a toujours un risque plus élevé de redévelopper le diabète avec l’âge. On a réalisé que la chirurgie provoquait non seulement une perte de poids, mais qu’elle avait aussi une influence sur certaines hormones permettant de normaliser le taux de sucre en quelques jours.

L’importance d’une saine hygiène de vie

Évidemment, certaines conditions doivent être réunies pour favoriser une rémission. Les chances de succès sont bien meilleures si le diabète n’est pas trop ancien, soit déclaré dans les cinq ou six premières années. Même si on ne subit pas de chirurgie bariatrique, le mode de vie a une influence considérable sur une éventuelle rémission du diabète de type 2. On peut gagner énormément avec des modifications alimentaires, une perte de poids modeste et une augmentation de l’activité physique. Pour vous donner une idée, chez un individu dont le poids frôle les 100 kg, une perte de 1 kg réduit d’un peu plus de 10% le risque – dans un horizon de 3 à 4 ans – de développer le diabète de type 2.

Plusieurs études réalisées auprès de gens d’ethnies et de niveaux socioculturels différents démontrent que le simple fait de manger un peu moins gras, d’augmenter sa consommation de fruits, de légumes et de fibres, de perdre un peu de poids (on donne comme objectif de perdre 5% à 6% de son poids sur une année) et de faire chaque semaine au moins 150 minutes d’activité physique modérée, comme de la marche entraînant une légère transpiration, contribuait grandement à réduire les risques de diabète.

Une approche multidisciplinaire

Cette démarche s’inscrit dans une perspective globale que notre système de santé engorgé peine à offrir. Médecin de famille, nutritionniste, kinésiologue et psychologue doivent travailler ensemble pour le bien-être du patient, mais trop peu de cliniques ont les ressources nécessaires. C’est parfois plus simple de prescrire un médicament que d’expliquer au patient qu’en marchant un peu plus et en modifiant son alimentation, son taux de sucre va s’améliorer et qu’il n’aura pas besoin de médicamentation par la suite.

Bon à savoir

Diabète Québec offrira bientôt une formation gratuite sur le mode de vie aux gens qui sont aux prises avec le diabète de type 2, mais qui n’ont pas de médecin de famille.

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