Embarquement pour la Côte-du-Sud!

Embarquement pour la Côte-du-Sud!

Par Nathalie De Grandmont

Crédit photo: Courtoisie

Bien plus qu’un itinéraire touristique, la Route des Navigateurs est une invitation à découvrir le patrimoine maritime fascinant de la Côte-du-Sud du Québec. À l’abordage! 

Officiellement, la Route des Navigateurs longe la 132, de Baie-du-Febvre jusqu’à Sainte-Luce. Mais dans la région de Chaudière-Appalaches, elle suit le fleuve de Leclercville à Saint-Roch-des-Aulnaies, offrant aux visiteurs des panoramas et des anecdotes hors du commun. D’ailleurs, c’est à Berthier-sur-Mer que le fleuve devient estuaire. Les eaux et les défis y sont plus salés, ce qui a forgé le caractère de plusieurs familles d’insulaires et de capitaines depuis des générations.

À lui seul, le village de L’Islet-sur-Mer a vu naître près de 200 marins, capitaines, armateurs et charpentiers de marine, comme en témoigne encore la chapelle des marins, qui rend un vibrant hommage à tous ceux qui ont perdu la vie en mer. Tout près de là, le Musée maritime du Québec nous raconte leurs histoires et leurs exploits, en commençant par ceux du capitaine Joseph-Elzéar Bernier, devenu, à seulement 17 ans, le plus jeune capitaine du monde. Matelot à 14 ans, ce fils et petit-fils de marin ne s’est pas contenté de faire le tour du monde des dizaines de fois, il a aussi mené une douzaine d’expéditions dans l’Arctique entre 1906 et 1925. «Il a bien mérité d’apparaître en page 12 de notre passeport canadien, clame avec fierté la directrice du musée. S’il avait été Américain, son destin et ses exploits exceptionnels auraient depuis longtemps fait l’objet d’un film!»

Le musée nous invite à suivre ses traces en visitant le dernier brise-glace canadien à vapeur (le NGCC Ernest Lapointe) et le navire expérimental NCSM Bras d’or, qui avait la capacité de flotter et de voler à la surface des vagues. À l’intérieur du musée nous attendent aussi des dizaines de maquettes de bateaux et une sympathique collection de chaloupes, que les insulaires ont longtemps utilisées à des fins pratiques. De mars à octobre, l’endroit propose de nombreuses animations familiales: marches polaires sur le fleuve, ateliers de nœuds ou bricolages, contes maritimes, etc. Une belle façon de sauvegarder ce patrimoine et de le transmettre aux futurs moussaillons (mmq.qc.ca).

 

Cap sur les îles! 

Quelques encablures plus à l’ouest, à la marina de Berthier-sur-Mer, nous attend une autre famille de marins, celle des Lachance, qui naviguent dans l’archipel de l’Isle-aux-Grues depuis sept générations. Les enfants apprenaient très tôt à ramer, faisant du fleuve leur terrain de jeu malgré ses hauts-fonds, ses marées et sa météo très changeante.

Cette passion pour l’eau s’est transmise de père en fils, depuis Jos Lachance, dernier habitant de L’Île-au-Canot, minuscule archipel en face de L’Isle-aux-Grues, jusqu’à François Lachance, qui a fondé l’entreprise de croisières du même nom. Ses fils Dominique et Jean-François ont aujourd’hui repris la barre de Croisières Lachance (croisiereslachance.com). L’hiver, ils défendent encore les honneurs de la famille lors des courses de canot à glace au Carnaval de Québec. Vers la fin du printemps (de la mi-mai à la mi-juin), il est possible, à bord de leurs navires, d’admirer les milliers de petits pingouins venus nicher dans les îles pendant leur période de couvaison. Un spectacle unique!

Durant toute la saison estivale, les frères Lachance font aussi découvrir Grosse-Île et L’Isle-aux-Grues à bord du Lachance III et du Vent des Îles. Et comme ils sont aussi bons conteurs que capitaines, on se régale de leurs anecdotes pendant la traversée. Sans avoir vu le temps passer, on arrive à la première escale, Grosse-Île, un site historique de Parcs Canada qui raconte la quarantaine et le destin tragique de nombreux immigrants irlandais au milieu du XIXe siècle (grosseile.ca).

On rejoint par la suite L’Isle-aux-Grues, si chère aux Lachance depuis des générations. L’île et ses 150 habitants n’ont plus de secrets pour eux, comme en témoigne leur visite guidée à bord de l’écotrain, truffée d’anecdotes elle aussi! Cette escale laisse le temps de marcher ou de pédaler sur ses belles battures, qui ont tant inspiré le peintre Jean-Paul Riopelle. On flâne également au cœur du village, imprégné d’histoire maritime. Entre les hommages aux premières familles de capitaines affichés sur les flancs de l’église et les maisons aux couleurs vives, en passant par le Musée de l’île et la fromagerie juste en face, il y en a pour tous les goûts (isle-aux-grues.com). 


Au diapason du fleuve

Dans la région de Chaudière-Appalaches, on pourrait suivre la Route des Navigateurs jusqu’à Saint-Roch-des-Aulnaies, d’autant plus que le Musée maritime du Québec a produit un balado pour nous accompagner: Des promenades pas comme les autres. Si on y passe du 13 au 16 août, on s’arrête à la Fête des chants de marins, qui se déroule chaque année à Saint-Jean-Port-Joli. Les chants, les contes et l’enthousiasme des marins y entraînent tout le monde dans leur sillage. Une autre belle preuve que, par ici, toutes les occasions sont bonnes pour célébrer le fleuve, ses îles et ses capitaines!

 

En pratique

Où dormir À l’Hôtel L’Oiselière, à Montmagny, pour son jardin intérieur, sa piscine et ses chambres spacieuses (oiseliere.com).

Où manger À l’Auberge des Glacis, une des meilleures tables de la région, dédiée aux produits locaux. Excellents brunchs également (aubergedesglacis.com).

Plus d’info On consulte les sites chaudiereappalaches.com et routedesnavigateurs.ca. À noter que toutes les activités nommées sont sujettes à changement en raison de la pandémie de COVID-19.

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