Face à l’augmentation du coût de la vie, on réalise plus que jamais l’importance d’épargner. Des experts partagent avec nous leurs stratégies gagnantes pour passer à l’action sans tarder.
Personne ne devient riche du jour au lendemain, à moins de gagner un gros lot à la loterie. En matière de finances personnelles, il faut plutôt faire preuve de discipline et de constance, un pas à la fois. Un réflexe qui s’impose si on veut atteindre un objectif financier. Avec l’habitude et le temps, la gestion du budget devient plus facile, et même s’il n’est pas toujours évident de maintenir l’équilibre entre revenus et dépenses, le fait de poser et de répéter certains gestes favorise généralement un plus grand enrichissement.
En voici quelques-uns, qu’on peut facilement adopter selon notre situation financière.
Revoir ses habitudes de consommation
Johanne Le Blanc, conseillère budgétaire à Option consommateurs, rappelle que les fournisseurs de services de télécommunications ne récompensent généralement pas la fidélité. Sa recommandation? «Réviser son forfait une fois par année pour qu’il soit en adéquation avec ses besoins actuels. C’est le moment de négocier avec son fournisseur ou de faire le saut auprès d’un concurrent, en s’assurant qu’il n’y aura pas de pénalité avant de procéder.»
La fidélité n’est pas forcément récompensée non plus dans l’industrie de l’assurance de dommages. Un coup de fil à la concurrence pourrait nous faire économiser beaucoup, ajoute l’experte. «L’idée, c’est de tenter d’obtenir un produit comparable en assurance habitation et en assurance auto à meilleur coût.» Une économie de quelques centaines de dollars par année dépend peut-être de cet appel téléphonique.
En matière de consommation, d’autres bonnes habitudes permettent de frapper en lieu sûr. Louis Morneau, directeur général de la firme Aisance Gestion de patrimoine, n’hésite jamais à utiliser un comparateur de prix pour réaliser un achat à son avantage. À titre d’exemple, le site ca.camelcamelcamel.com est un incontournable pour ceux et celles qui magasinent sur Amazon.
«L’historique des prix par produit et l’alerte par courriel lorsque l’article en question est offert au prix souhaité sont deux fonctionnalités que j’apprécie particulièrement.»
Ron Gagnon, associé chez BDO Canada et syndic autorisé en insolvabilité, suggère de procéder à un «nettoyage numérique» non seulement pour économiser quelques dizaines de dollars par mois, mais aussi pour récupérer des sommes qui dorment dans les placards. «D’abord, on limite le nombre d’abonnements aux services de diffusion en continu – Netflix, Disney, Crave, etc. – dont on dispose», dit-il. Et pour renflouer nos coffres? «Plusieurs plateformes – eBay, Kijiji, Les Pac, Marketplace – permettent de vendre les articles qui traînent dans la maison.» Une imposante vente-débarras est-elle requise pour se débarrasser de tous nos surplus ? C’est un signe que, dorénavant, moins consommer pourrait nous être profitable!
Choisir un modèle de voiture plus modeste
Une seule décision d’importance peut faire basculer notre situation financière vers le haut. À cet égard, Andréanne Brazeau, analyste politique en mobilité durable à Équiterre, propose de prendre les grands moyens: adapter notre mode de transport à nos besoins.
Plusieurs études le confirment: les gens achètent des véhicules de plus en plus gros. Or, «un véhicule de type VUS ou une camionnette coûte en moyenne 10 000$ de plus à l’achat qu’une voiture standard», explique l’experte. Ils sont aussi plus énergivores et plus dispendieux au quotidien. Comme l’habitacle d’un modèle plus compact offre parfois autant d’espace qu’un véhicule plus imposant, il serait avantageux pour les ménages de songer à rouler en plus petit. «Ils pourraient ainsi économiser entre 1000$ et 3000$ annuellement», fait valoir Andréanne Brazeau, qui ajoute que l’économie pourrait même grimper jusqu’à 4000 $ en choisissant le plus petit modèle offert sur le marché, peu importe la marque.
Quand on envisage d’acheter un véhicule, il faut se demander si le besoin est réel, surtout si la famille dispose déjà d’une voiture. Dans le cas où l’achat s’impose, mieux vaut opter pour un véhicule d’occasion plutôt qu’un neuf, dont la dépréciation est rapide. «Choisir le modèle le plus compact possible sera à la fois un bon coup pour le portefeuille et pour l’environnement!» résume la porte-parole d’Équiterre.
Épargner d’un seul coup
Un grand geste peut aussi aider à réaliser des économies. Trois experts de la Financière Banque Nationale proposent ici leurs idées pour obtenir des résultats immédiats.
Réduire les frais d’intérêt à payer
Annie-Pier Laplante, conseillère en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille, recommande en premier lieu de gérer les dettes personnelles de façon optimale: «Une grande proportion de consommateurs traînent un solde à payer sur leur carte de crédit. Ce genre d’endettement à taux d’intérêt élevé est le premier auquel il faut s’attaquer.»
On fait d’abord la démarche pour obtenir une marge de crédit personnelle à un taux de 11,50%. Puis, on rembourse le solde de la carte de crédit dont le taux est de 20,99%. «Cette différence de taux de 9,49%, applicable sur un solde de 10 537$, fait déjà économiser 1000$ par année en frais d’intérêt. » Et ceux qui possèdent une marge de crédit hypothécaire profitent d’un taux encore plus avantageux!
Accélérer le remboursement de l’hypothèque
Arrondir le paiement d’hypothèque au chiffre supérieur peut aussi permettre de réaliser d’importantes économies. Le gestionnaire de portefeuille et planificateur financier Ghislain Messier a sorti sa calculatrice pour le démontrer.
«Un propriétaire qui paie 1048$ mensuellement pour une hypothèque résiduelle de 100 000$ sur 10 ans à un taux de 4,79% aurait avantage à arrondir son versement à 1100$ par mois, estime l’expert. Il réaliserait ainsi une économie de 1625$ sur l’amortissement restant.»
Accélérer la fréquence des versements est une autre possibilité à évaluer. «Dans les mêmes conditions, un paiement toutes les deux semaines de 524$ arrondi à 550$ fait grimper à 4275$ l’économie totale réalisée.»
Déployer la MAPA
Selon Elizabeth Hardy, conseillère en gestion de patrimoine, la stratégie de la mise à part de l’argent (MAPA) peut faire économiser de l’impôt aux travailleurs autonomes non incorporés et aux propriétaires d’immeubles locatifs.
Cette technique permet de transformer des dettes personnelles dont les intérêts ne sont pas des dépenses déductibles d’impôt en dettes d’affaires (dont les intérêts, eux, sont des dépenses déductibles). «Une marge de crédit doit alors être utilisée pour payer les dépenses d’entreprise», précise Elizabeth Hardy.
La MAPA permet donc de rembourser des dettes personnelles plus rapidement grâce aux revenus d’affaires et d’éviter de payer des intérêts non déductibles d’impôt. Cette stratégie permet aussi de déduire du revenu les intérêts payés sur l’emprunt utilisé pour financer des dépenses d’affaires. Mais attention! Cette stratégie implique une planification en amont et des conditions précises doivent être respectées avant de l’implanter.
«Un entrepreneur qui réussit à convertir 38 000$ de dette personnelle en dette d’affaires, à un taux de marge de crédit de 6,60%, débourse ainsi 2500$ en intérêts déductibles, qui ne l’étaient pas avant d’avoir recours à la MAPA, mentionne Elizabeth Hardy. À un taux d’imposition de 40%, il économise donc 1000$ dans l’année.»
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