À quoi servent les prises de sang?
Le sang est une véritable mine de renseignements sur l’état de santé. L’analyse sanguine permet de découvrir des changements dans les éléments constitutifs du sang, de détecter précocement certaines pathologies, de mettre le médecin sur une piste d’investigation, d’établir un diagnostic et de suivre l’évolution de certains problèmes de santé. Diverses analyses sanguines sont également prescrites en prévention, selon les lignes directrices de la médecine familiale.
Que peuvent-elles révéler?
À travers les analyses, il est possible d’obtenir des données importantes, entre autres sur des gènes ou des marqueurs tumoraux révélant la présence de certains cancers, et aussi de dépister de nombreuses pathologies touchant plusieurs systèmes du corps humain. Cela dit, si certaines pathologies peuvent être diagnostiquées à partir d’un simple test sanguin, comme un diabète, un cancer du système sanguin (leucémie, lymphome) et un cancer de la prostate, d’autres exigent une investigation plus poussée. L’analyse sanguine sert alors d’indicateur.
Les résultats d’une prise de sang sont-ils représentatifs de la santé d’une personne?
Malheureusement, on ne peut évaluer l’état de santé d’une personne seulement à partir d’une analyse du sang. Bien sûr, il est rassurant de savoir que les résultats du bilan sanguin sont normaux. Mais si les prises de sang en disent beaucoup, elles ne révèlent pas tout.
D’abord, certaines maladies, comme le cancer du poumon, ne peuvent être diagnostiquées par une prise de sang. De plus, la prescription du médecin ne couvre pas tout. Le médecin sélectionne les tests sanguins en fonction de l’âge du patient, de son état de santé, de ses facteurs de risques et de ses symptômes, mais aussi de ses propres observations lors de l’examen physique. Ainsi, il ne prescrira pas de bilan thyroïdien si le patient ne présente aucun symptôme.
Voilà pourquoi le questionnaire médical et l’examen clinique sont indissociables de la prise de sang. Le questionnaire et l’examen conduisent à des hypothèses de diagnostic sur les problèmes formulés par le patient, et les tests sanguins aident à détecter la pathologie sous-jacente, s’il y a lieu. Bref, l’analyse de sang peut ne pas révéler un trouble de santé si elle ne porte pas sur les éléments propres à cette pathologie. D’où l’importance d’être honnête et précis à propos de ses symptômes afin de bien aiguiller le médecin sur les tests à prescrire.
Quelles sont les précautions à prendre avant une prise de sang?
En général, on suggère de ne pas consommer d’alcool dans les 48 heures précédant le prélèvement. L’alcool augmente certaines valeurs dans le sang. On recommande également d’être à jeun au moins 12 heures avant des prises de sang relatives, par exemple, au cholestérol, au bilan de fer et au glucose, parce que la concentration de certains paramètres change après le repas, et ce, en fonction des aliments consommés. Les résultats peuvent alors être faussés ou plus difficilement interprétables. Autre problème: le niveau sanguin risque de varier sensiblement d’une fois à l’autre, ce qui nuit à la comparaison des données. Enfin, si l’on souffre d’une infection (rhume, grippe, etc.) ou si l’on est fiévreux, il faut en aviser l’infirmière ou le médecin ou, mieux, reporter la prise de sang. Lors d’une infection, il est effectivement possible de faire un peu d’anémie ou de voir ses globules blancs augmenter.
Peut-on se fier aux valeurs normales?
Les laboratoires d’analyse utilisent des valeurs de référence pour décrire les résultats des tests. Même si ces valeurs peuvent varier légèrement d’un laboratoire à l’autre, les médecins s’y fient généralement pour établir un diagnostic. Cependant, il arrive que, chez certains individus, la normalité soit un peu différente. Les valeurs normales peuvent aussi changer selon l’âge, le sexe et l’état de santé d’une personne. Par exemple, une personne diabétique n’aura pas le même niveau de cholestérol qu’un individu non diabétique. Pour diverses raisons, les valeurs peuvent également fluctuer chez une même personne, d’où l’importance de reconfirmer un résultat anormal avec une deuxième prise de sang. En résumé, ce n’est pas parce qu’on dépasse un peu la norme, ou qu’on est plus bas, qu’on n’est pas en santé. Seul le médecin peut, à la lumière de ses observations, établir si une valeur différente de la moyenne doit être prise en compte.
Déchiffrer les grandes lignes d’une analyse de sang permet de mieux comprendre ce qu’elle révèle et de poser les bonnes questions. Voici donc la signification de quelques analyses fréquentes.
Acide urique.
C’est un déchet issu, notamment, de la dégradation des acides nucléiques. Un taux élevé peut indiquer, entre autres, des calculs rénaux ou la goutte.
- Valeur normale: 206 à 441 umol/L chez les hommes, et 167 à 409 umol/L chez les femmes.
Albumine.
Il s’agit de la principale protéine du sang. Elle est fabriquée par le foie, mais elle provient également de certains aliments. Une diminution de l’albumine peut notamment être le signe d’une carence alimentaire, d’une malnutrition, d’une maladie des reins ou d’une maladie du foie.
- Valeur normale: 36 à 45 g/L.
Antigène prostatique spécifique (PSA).
C’est une protéine produite par la prostate. Un taux élevé peut signaler la présence d’un cancer de la prostate, d’une prostatite ou d’une hyperplasie bénigne.
- Valeur normale: inférieure à 4 ug/L.
Cholestérol.
Il s’agit d’un type de graisse produit par le foie. Une partie du cholestérol provient également de l’alimentation. Un taux élevé de cholestérol constitue un facteur de risque important de maladies cardiovasculaires. Il peut aussi être notamment le signe d’un apport alimentaire trop riche en graisses saturées, d’une hypothyroïdie ou d’un diabète.
- Valeur normale: 3,16 à 7 mmol/L chez les hommes, et 3,4 à 7,3 mmol/L chez les femmes.
Créatinine.
Cette substance provient de la dégradation de la créatine, un constituant du tissu musculaire. Un taux élevé traduit souvent une insuffisance rénale, un taux bas peut signaler une atrophie de la masse musculaire.
- Valeur normale: 53 à 112 umol/L chez les hommes, et 42 à 89 umol/L chez les femmes.
Glycémie.
C’est la concentration de glucose dans le sang. Une glycémie élevée indique un diabète. Une glycémie trop basse révèle habituellement une hypoglycémie.
- Valeur normale: au-dessous de 6 mmol/L.
La numération sanguine, aussi appelée hémogramme, représente la formule sanguine complète. Elle permet d’analyser les différents composants cellulaires du sang. Le sang est constitué d’un liquide, le plasma, dans lequel baignent des cellules: globules rouges (hématies), globules blancs (leucocytes) et plaquettes. Les globules rouges assurent le transport de l’oxygène à travers l’organisme, les globules blancs – des cellules du système immunitaire– protègent le corps contre les agents étrangers (virus, microbes, etc.), tandis que les plaquettes aident à la coagulation et à la cicatrisation des plaies. L’analyse de chacun de ces éléments permet donc d’obtenir de précieuses informations sur plusieurs pathologies.
Ainsi, une baisse du nombre de globules rouges indique généralement une anémie. L’anémie peut avoir plusieurs causes: hémorragies, carence alimentaire, maladie auto-immune, cancer, etc. Une hausse est souvent associée à une polyglobulie.
Un taux élevé de globules blancs révèle habituellement une infection bactérienne, virale ou autre, une réaction inflammatoire, comme des rhumatismes, ou plus rarement une leucémie. Une diminution peut évoquer certaines infections virales ou parasitaires et certains cancers.
Une baisse des plaquettes peut signaler un problème de coagulation et entraîner, par le fait même, un risque important de saignements, d’hémorragies et de bleus. Elle peut aussi être causée par certaines maladies immunologiques, une infection virale, une leucémie, etc. Une hausse des plaquettes peut, quant à elle, signaler une carence en fer, une maladie infectieuse ou inflammatoire ou une thrombocytémie. Elle augmente aussi le risque de formation de caillots sanguins dans les vaisseaux, donc de thrombose.
- Une numération normale des plaquettes chez une personne en bonne santé se situe entre 150 000 et 400 000/mm3.
Hémoglobine.
C’est une protéine qui se trouve à l’intérieur des globules rouges. Elle est souvent associée à une diminution des globules rouges. En général, les médecins parlent du taux d’hémoglobine plutôt que du nombre total de globules rouges. La baisse d’hémoglobine peut être la conséquence d’une anémie due, par exemple, à une carence en fer, en folates ou en vitamine B12.
- Valeur normale: 135 à 174 g/L chez les hommes, et 120 à 157 g/L chez les femmes.
Thyréostimuline (TSH).
La TSH est une hormone produite par l’hypophyse qui agit sur la thyroïde. Un taux bas est en général le signe d’une hyperthyroïdie et un taux élevé, d’une hypothyroïdie.
- Valeur normale: entre 0,35 et 5,50 mUI/L.
Triglycérides.
Ce sont des lipides provenant des graisses alimentaires et de la synthèse du foie. Un taux élevé est habituellement associé à une hypertriglycéridémie. Elle augmente le risque de problèmes pancréatiques, cardiovasculaires et de diabète. Parmi les causes: une consommation excessive d’alcool ou de sucre.
- Valeur normale: entre 0,49 et 2,82 mmol/L chez les hommes, et entre 0,43 et 2,69 mmol/L chez les femmes.
Vitesse de sédimentation.
Il s’agit d’une mesure. Elle correspond au temps nécessaire aux éléments sanguins pour se séparer du plasma et se déposer au fond d’un tube. Une augmentation de la vitesse de sédimentation est le plus souvent l’indice d’une maladie inflammatoire ou rhumatismale. Toutefois, ce test est de plus en plus remplacé par un dosage de la protéine C réactive.
- Valeur normale: inférieure à 6 mm/h chez les hommes, et à 10 mm/h chez les femmes.
Merci à la Dre Inès Chamakhi, hémato-oncologue et chef du Service de biologie médicale de l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, et à la Dre Isabelle Hébert, médecin de famille à l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, pour leur collaboration.
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