René Legault, aucun lien de parenté avec notre premier ministre, soufflera bientôt ses 90 bougies. Et pourtant, rien ne l’arrête, pas même une pandémie.
«Je vous adore!», me dit-il d’emblée lors de notre conversation téléphonique. En fait, il faut le préciser, c’est à notre rédactrice en chef, Aline Pinxteren, que ce natif de Joliette lance des fleurs. Il connaît Bel Âge depuis que sa chère femme l’y a initié. Même après le départ de celle-ci, dont il ne s’est jamais remis, M. Legault continue de nous lire religieusement. «La chronique d’Aline, ça fait ma journée!»
On sort!
Ses journées, justement, sont bien remplies, depuis que notre homme s’est pris en main après la mort de sa belle Jocelyne, survenue en 2013. «Fallait que je me trouve une raison de vivre, une utilité quelconque.» L’idée lui est venue, il y a trois ans, de rendre visite à des gens qui, comme lui, sont isolés et souffrent de l’absence de l’autre. «Quand on vieillit et qu’on est seul, on a beau avoir des amis de longue date, ça ne remplace pas l’être cher qui est parti.» Il devient donc bénévole de visites d’amitié pour le Centre d’action bénévole de Chicoutimi, où il vit. Depuis, il fait sortir de chez eux des gens qui, autrement, ne mettraient jamais le nez dehors. «Mais pas de femme, sinon, j’aurais l’impression de trahir ma Jocelyne!» Il les emmène marcher, manger une crème glacée, visiter le zoo de Falardeau ou revoir la maison où ils ont grandi «Moi qui suis habituellement verbomoteur, j’ai appris à me la fermer (rires). J’écoute. Je leur laisse toute la place parce qu’eux n’ont pas souvent la chance de parler.»
Combler le vide
Ces jours-ci, M. Legault s’entretient au téléphone avec un architecte de 92 ans vivant en résidence, confiné à un fauteuil roulant. Ils parlent de livres, d’un article qu’ils viennent de lire… «Je lui pose mille questions sur son passé, sa vie, sa femme, ses enfants. D’évoquer de vieux souvenirs lui permet d’oublier sa solitude. «C’est déjà ça!» Pré-pandémie, les deux hommes allaient se promener, l’un poussant l’autre, le chien de M. Legault installé sur les genoux du nonagénaire. «Il fourmille encore d’idées et ne cesse de bâtir des projets dans sa tête. Ça lui fait du bien.»
Un sens à la vie
M. Legault se dit chanceux, ayant toujours joui d’une santé de fer – «Deux pneumonies seulement dans toute ma vie!». Lui qui a fait partie d’un escadron de transport de l’Aviation royale canadienne pendant la guerre de la Corée, puis a été cadre dans un établissement pour enfants malades, en a vu d’autres. Le décès de sa bien-aimée, après soixante ans de vie commune, a pourtant bien failli avoir raison de lui. «J’entends souvent les gens dire: « Je ne sers à rien, je suis bon à rien. » J’ai connu ça! Il faut avoir une raison de vivre. Mes activités de bénévole me permettent de me rendre utile. Ça me redonne une place dans la société. Une obligation. Ça prend ça pour que la vie devienne supportable.» Ça et sa promenade d’une à deux heures qu’il fait chaque jour avec son chien. Aujourd’hui, grâce à toutes ces actions, il se sent d’attaque, même face à la COVID-19. «La pandémie fait en sorte qu’on doit apprendre à se débrouiller beaucoup!» Et à se tourner vers les autres, ajoute-t-il. «Dorénavant, je salue mes voisins de loin, je leur demande si tout va bien. Dans mon cas, l’isolement m’aura amené à socialiser davantage! (rires)»
Ces portraits sont réalisés dans le cadre de notre action On jase-tu? qui vise à briser l’isolement social. Merci à nos partenaires de leur appui: Quebecor | Les Résidences Soleil – Groupe Savoie | Laflamme et Associés | L’Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic | McCafé
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